Le delta du Mékong recense plus de mille demeures centenaires, dont 320 dans la province de Tiên Giang, 87 à Vinh Long, 79 à Dông Thap, 72 à Cân Tho, 69 dans la province de Long An, 50 à Trà Vinh... En ce qui concerne la taille et l’architecture, chacune se démarque selon les conditions géographiques et l’époque de construction. On observe globalement deux styles principaux : un premier proprement vietnamien et un autre constituant un mélange franco-vietnamien. La majorité de ces demeures appartiennent à la première catégorie. Elles comportent deux ou trois rangées d’arcades et deux dépendances. Chaque maison était divisée en quatre parties ; l’une consacrée au culte des ancêtres, la seconde à la réception des visiteurs, puis venaient les chambres et enfin, la cuisine se situait dans la dernière partie.
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| L'ancienne maison Binh Thuy, construite en 1870 dans la ville de Cân Tho. |
| Photo : CTV/CVN |
Critères d’une demeure idéale
Pour qu’une demeure respectable soit considérée comme telle, il faut, selon Nguyên Xuân Hoành, directeur adjoint du musée de la province de Vinh Long, qu’elle réponde à un certain nombre de critères. À sa gauche, elle doit disposer d’un cours d’eau, et à sa droite, d’une voie de communication. Des arbres ou plantes offrant des ombres généreuses doivent occuper la devanture alors qu’un jardin fruitier serait préférable à l’arrière. Pour l’architecte Truong Ngoc Tuong, ces anciennes bâtisses sont le fruit du talent et de la créativité de plusieurs générations d’hommes d’esprit. Pour les Vietnamiens, la maison est le lieu où se conservent et se transmettent les valeurs traditionnelles fondamentales.
Face aux ravages du temps et aux nouveaux besoins de notre époque, les belles demeures du delta du Mékong sont en danger. Dans certaines provinces, les autorités locales n’ont pas encore pris conscience de leur valeur et de leur état de décrépitude. Dans la province de Vinh Long, les anciennes maisons, temples ou pagodes sont pourtant classés parmi les patrimoines nationaux et provinciaux. Mais cela ne parvient pas à attirer l’attention des autorités. Pour l’instant, il n’existe pas encore de données précises, scientifiques, sur la conservation de ces ouvrages architecturaux.
Par ailleurs, les sociétés capables de réaliser des travaux de restauration dans les règles de l’art font défaut. On manque aujourd’hui de professionnels expérimentés, capables de remettre en état ces trésors tout en respectant leur originalité. Les demeures centenaires du delta du Mékong réclament d’urgence des travaux de restauration efficaces.
Xuân Lôc/CVN