Conseils aux confinés, par des mineurs chiliens et des survivants des Andes

"Mettez en place des routines" et "obéissez à ceux qui savent", conseillent aux confinés de l'épidémie de coronavirus des mineurs chiliens, restés 69 jours sous terre en 2010, et des survivants uruguayens de la tragédie aérienne des Andes en 1972.

>>Nouvelle évacuation de patients, l'épidémie s'aggrave

>>L'Afrique du Sud annonce ses deux premiers morts du coronavirus et entre en confinement

Omar Reygadas et Luis Urzua, deux des anciens mineurs chiliens restés bloqués sous terre pendant 69 jours en 2010, ici le 4 août 2011.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Ne baissez pas les bras; le sens de l'humour est très important. Mettez de l'ordre chez vous. Mettez en place une routine pour ne pas vous ennuyer. Il y a beaucoup de choses à faire !", recommande dans un entretien Mario Sepulveda, un des 33 mineurs, célèbres pour leur sauvetage épique à 600 mètres sous terre, dans une vieille mine de cuivre du désert d'Atacama, le plus aride de la planète.

Le plus charismatique des mineurs, incarné à l'écran par Antonio Banderas dans le film Les 33, appelle les personnes confinées chez elles à profiter de cette période pour "faire des choses".

"Soyons obéissants, c'est super important. Il ne s'agit pas d'un problème politique, mais d'un problème de santé", ajoute cet homme dont le sauvetage avait été suivi en direct par les télévisions du monde entier.

"Nous étions dans une situation assez critique et grave. Nous n'avions aucune issue; il n'y avait pas de manière de nous sortir de là", se souvient un de ses camarades, Luis Urzua. C'était le chef d'équipe ce 5 août 2010, lorsqu'un éboulement les a bloqués, lui et les autres travailleurs, au fond de la mine. Il fut le dernier à être sauvé, le 13 octobre 2010.

"Nous avons fait preuve de beaucoup de camaraderie, nous avons beaucoup discuté. Nous avons découvert le travail et les tâches des autres camarades. Prier est une autre chose qui nous a beaucoup aidés", poursuit-il.

"Demander à Dieu non pas qu'il nous vienne en aide, mais qu'il aide les gens (à l'extérieur) pour qu'ils trouvent la force et la volonté d'essayer de nous trouver", raconte M. Urzua.

Mario Sepulveda (centre), l'un des 33 mineurs chiliens restés bloqués 69 jours sous terre avant d'être récupérés par les secours en 2010, photographié ici le 13 octobre 2010 à sa sortie.

"Un ennemi invisible"

L'Uruguayen Carlos Paez, est un des 16 survivants de l'avion qui, le 13 octobre 1972, s'est écrasé dans les Andes, aux confins de l'Argentine et du Chili, avec 45 personnes à bord.

L'histoire des "survivants des Andes", qui ont passé 72 jours dans la neige et ont eu recours à l'anthropophagie pour rester en vie, a été racontée des milliers de fois, donnant lieu à des livres, documentaires et un long métrage.

"Il y a une grande différence entre ces deux quarantaines, pour les appeler ainsi. Celle que j'ai vécue, ce furent (plus de) 70 jours dans la cordillère des Andes mais sans aucune ressource : moins 25 degrés, pas de nourriture, avec neuf morts autour de nous, en altitude, sans radio, ni moyen de communication. Et j'avais 18 ans", confie cet ancien membre de l'équipe universitaire de rugby des Old Christians de Montevideo, qui se trouvait avec ses équipiers dans l'avion.

Comme une grande partie de l'humanité, il vit ces jours-ci une nouvelle forme d'isolement à cause de la pandémie en cours.

"La seule chose à faire c'est ne rien faire. On te dit de rester chez toi et de te laver les mains. Et tu as toutes les commodités : la télévision, internet et à manger. Il n'y a pas de quoi se plaindre", juge M. Paez, 66 ans.

Au total, 12 personnes sont mortes lors du crash ou des suites de leurs blessures et 17 autres au fil des jours.

"Dans la cordillère, nous nous battions contre un ennemi tangible, la montagne, la neige, le froid et à présent, nous nous battons contre un ennemi invisible, ce qui génère une certaine incertitude".

"Mais moi je me bats contre l'arrogance, j'essaye d'être humble et d'obéir. Le message est clair : reste chez toi et lave-toi les mains. C'est simple", fait valoir M. Paez, qui "essaye d'être obéissant, car j'ai envie de vivre".

Roberto Canessa, 67 ans, un autre de ces survivants, conseille de trouver "quelque chose à faire, un projet".

"C'est ce que j'ai fait dans les Andes. Je travaillais toute la journée pour ne pas penser et ne pas ressentir d'anxiété", dit-il.

Ce cardiologue participe actuellement à un projet en Uruguay qui vise à transformer des insufflateurs de réanimation manuels en respirateurs artificiels mécaniques pour répondre à une éventuelle pénurie de ces appareils en cas d'explosion du nombre de malades de COVID-19, dans ce petit pays de 3,5 millions d'habitants.

Jeudi soir 26 mars, 238 cas étaient officiellement confirmés.


AFP/VNA/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top