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Le président de l'IAAF Sebastian Coe (gauche) et le Norvégien Rune Andersen. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'IAAF doit dire si le pays a effectué les efforts nécessaires pour mériter un retour dans le concert des nations de l'athlétisme après avoir été privé des JO-2016 et des Mondiaux-2017. Sa décision sera particulièrement scrutée et pèsera forcément dans les futurs débats de la commission exécutive du Comité international olympique (CIO), qui se penchera le 5 décembre sur la présence de la Russie en Corée du Sud.
La Task Force indépendante mise en place pour juger des progrès russes dans la lutte antidopage remet dimanche 26 novembre un nouveau rapport et c'est sur la base de ses conclusions que trancheront les membres du Conseil mondial de l'IAAF. Mais la tendance n'est clairement pas favorable aux Russes.
Juste avant l'ouverture des Championnats du monde début août à Londres, la Task Force présidée par le Norvégien Rune Andersen avait estimé que toutes les conditions n'étaient pas encore réunies pour une réadmission mais que le pays était sur la bonne voie. Les excuses publiques du président de la Fédération russe Dmitry Shlyakhtin à la tribune du Congrès de l'IAAF avaient ensuite donné le sentiment d'une prise de conscience et pouvaient laisser présager une prochaine réintégration.
La donne a changé
"Il y a des choses qui m'ont redonné confiance au cours des derniers mois", avait même déclaré le président de l'IAAF Sebastian Coe dans un entretien à l'AFP en octobre. "Il y a eu une honnête évaluation par le président de la Fédération russe des défis que la Russie doit relever et de la feuille de route pour y arriver. Des progrès ont certainement été accomplis afin de remplir les critères".
Mais la donne a singulièrement évolué ces derniers jours, fragilisant de nouveau la position de la Russie. Le maintien par l'Agence mondiale antidopage (AMA) de la suspension de l'Agence nationale antidopage russe (Rusada), le 16 novembre, est une très mauvaise nouvelle et pourrait desservir le pays, aussi bien dans l'optique des JO-2018 que d'une réintégration par l'IAAF.
Rune Andersen a toujours répété que la fin de la disgrâce de la Russie ne pourrait intervenir sans la remise en conformité de la Rusada avec le Code mondial antidopage.
"La décision de l'AMA de ne pas agréer la Rusada ne va pas servir la cause russe", estime Bernard Amsalem, membre du Conseil mondial de l'IAAF et ex-président de la Fédération française d'athlétisme (2001-2016), interrogé par l'AFP. "Je pense que l'on ne pourra pas lever la suspension car l'une des conditions importantes réclamées n'a pas été satisfaite. Si les instances de régulation et de surveillance du dopage ne sont pas agréées par l'AMA, je ne vois pas comment l'IAAF pourrait aller au-delà".
Le président de la Fédération russe d'athlétisme, Dmitry Shlyakhtin, lors d'une conférence de presse, le 21 février 2017 à Moscou |
"Conditions pas réunies"
"On n'a pas été suivi au début par le CIO, mais il a progressé et il a pris enfin la mesure de la manipulation et de l'instrumentalisation du sport russe par le pouvoir", ajoute le Français, évoquant la décision de l'instance olympique de ne pas imposer de sanction globale à la Russie avant les Jeux de Rio.
"On ne peut pas aller à l'inverse de la tendance actuelle. Les conditions ne sont donc pas réunies pour lever la suspension des Russes. Je ne vois pas comment on pourrait lever le pied alors que les instances mondiales sont aujourd'hui très réservées sur l'évolution du système", poursuit-il.
Pour justifier le maintien de la suspension de la Rusada, l'AMA a notamment pointé du doigt la non-reconnaissance claire par Moscou des conclusions accablantes du rapport McLaren et de la dimension institutionnelle du dopage dans le pays. Exactement l'un des critères exigés par l'IAAF pour réintégrer la Russie.
"L'État russe reste dans le déni total", note Bernard Amsalem, faisant référence aux dernières déclarations du président Vladimir Poutine, qui voit derrière les accusations de dopage une manipulation orchestrée par les États-Unis, à quatre mois de l'élection présidentielle dans le pays.
Pas de quoi redorer le blason russe auprès du mouvement sportif mondial.
AFP/VNA/CVN