>>Bœing : l'UE va adopter des sanctions douanières contre les États-Unis
>>Washington maintient ses taxes punitives contre l'UE en dépit d'une concession d'Airbus
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L'UE a annoncé la mise en place dès mardi 10 novembre de "droits de douane sur 4 milliards d'USD d'exportations américaines", dans un communiqué. Ces sanctions avaient été autorisées en octobre par l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Les produits visés incluent tous les modèles d'avions de Boeing (taxés à 15%). Mais surtout des produits agricoles américains (tabac, patates douces, blé, huiles végétales, fruits et jus...) ou agroalimentaires (alcools forts, chocolat...) ainsi que des biens manufacturés (tracteurs, pelleteuses, équipements de casino, pièces de vélo...) taxés à 25%, selon une liste officielle.
Ces sanctions "sont en miroir des mesures américaines. Nous ne voulons pas d'escalade du conflit", a expliqué le commissaire européen à l'Économie, Valdis Dombrovskis à l'issue d'une visioconférence des ministres européens du Commerce.
Washington s'est dit "déçue" par la décision européenne, qui "montre que l'UE ne se préoccupe des règles de l'OMC que quand ça l'arrange", a fustigé Robert Lighthizer, le représentant au commerce, dans un communiqué.
L'UE et les États-Unis négocient toutefois en coulisse actuellement pour essayer de résoudre le long bras de fer les opposant autour de Boeing et Airbus, a indiqué une source américaine.
Les États-Unis infligent déjà, depuis plus d'un an, des droits de douane punitifs sur des importations européennes comme le vin, le fromage et l'huile d'olive (à hauteur de 25%), ainsi que des taxes de 15% sur les avions Airbus. Washington y avait été autorisée par l'OMC, jusqu'à 7,5 milliards d'USD.
L'avionneur européen Airbus et son concurrent américain Boeing, et à travers eux l'UE et les États-Unis, s'affrontent depuis octobre 2004 devant l'OMC, arbitre du commerce mondial, sur les aides publiques versées aux deux groupes, jugées illégales de part et d'autre.
Les pays européens avaient espéré pouvoir éviter d'imposer à leur tour des taxes douanières aux États-Unis, en tentant de négocier un accord global sur les aides à l'aéronautique et l'abandon réciproque des sanctions.
"Malheureusement, malgré nos meilleurs efforts, en raison du manque de progrès du côté américain, l'UE va exercer ses droits", a déclaré M. Dombrovskis.
Mais il a aussi tendu la main. "Nous appelons les États-Unis à accepter que les deux parties abandonnent leurs contremesures existantes afin que nous puissions tourner la page. Retirer les taxes serait gagnant-gagnant", a affirmé le commissaire européen.
"Rétablir des relations apaisées"
Dans l'usine de Boeing, à Seattle, aux États-Unis. |
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En coulisse, des États membres avaient exprimé leurs doutes sur le timing des sanctions européennes, alors que le président américain élu Joe Biden doit remplacer Donald Trump en janvier. C'était notamment le cas de l'Allemagne, puissance exportatrice, qui assure la présidence tournante de l'UE.
"Nous aurions été très heureux si une solution amicale avait été trouvée avant l'élection américaine et nous restons prêts à initier à tout moment une solution négociée", a déclaré lundi 9 novembre le ministre allemand de l'Économie, Peter Altmaier.
En France, la fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) a fait part lundi soir de son "incompréhension" face à l'annonce de taxes européennes immédiates, craignant de nouvelles mesures de rétorsion américaines.
Sous Donald Trump, les États-Unis ont mené une politique de confrontation avec l'Europe. Après avoir taxé l'acier et l'aluminium européen, le président sortant a menacé à plusieurs reprises de s'en prendre aussi aux automobiles allemandes.
"Il y a de grandes attentes après la victoire électorale de Joe Biden et l'espoir que les États-Unis vont revenir à une approche multilatérale, y compris dans le commerce", a affirmé M. Altmaier.
Du côté français, on plaidait pour une attitude de fermeté, condition nécessaire pour promouvoir un dialogue avec Washington sur un pied d'égalité.
"La relation commerciale transatlantique est essentielle pour notre économie, et nous souhaitons (...) rétablir des relations commerciales équilibrées et apaisées entre l'Union européenne et les États-Unis", ont déclaré le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, et le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Franck Riester, dans un communiqué commun.
Airbus a également salué la décision de Bruxelles mais a ajouté "soutenir l'engagement de l'UE pour trouver un règlement négocié à cette longue dispute afin d'éviter des taxes perdant-perdant", a réagi l'avionneur européen.
AFP/VNA/CVN