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Megan Rapinoe et ses coéquipières dans les rues de New York, le 10 juillet. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Debout sur plusieurs remorques, les championnes du monde ont fendu la foule au son des fanfares et d'une escouade de motardes qui leur ont ouvert la route le long de Broadway, où chefs d'État, militaires et sportifs défilent depuis plus de 130 ans.
Parties de l'extrême Sud de Manhattan, elles ont salué leurs fans -parmi lesquels de nombreuses jeunes filles portant le maillot blanc des Stars and Stripes- le long d'un parcours d'environ un kilomètre jusqu'à l'hôtel de ville, où le maire Bill de Blasio devait leur remettre symboliquement les clés de la ville.
"J'adore leur personnalité et l'impression qu'elles dégagent ensemble sur le terrain", s'est enthousiasmée Gracie Taylor, une petite fille venue avec son père.
Très détendues, proches du public, beaucoup des joueuses avaient signé maillots ou coques de portables avant le départ du cortège, dans une ambiance bon enfant.
"Pour ces filles, avoir un modèle, voir ces joueuses à la télé faire de grandes choses ou être ici, c'est énorme", a dit Scott Neverett, ancien joueur de football à l'université, venu avec sa fille Olivia, âgée de 10 ans.
Bien que ne disposant pas d'un championnat national majeur ou d'infrastructures équivalentes à ce que proposent les grands clubs féminins européens, les Américaines continuent de régner sur le football mondial.
"C'est dû à un certain niveau de détermination", estime Bianca Scherr, passionnée de football. "Il y a cette suffisance américaine qui veut que si on se met à quelque chose, on va être les meilleurs", glisse-t-elle dans un sourire.
Après les célébrations du titre, le voyage du retour lundi 8 juillet depuis la France et la tournée des interviews mardi 9 juillet, les "19ers" (Nineteeners), comme les a appelées l'attaquante Alex Morgan en référence au millésime de leur victoire (2019), ont poursuivi leur marathon dans la liesse populaire.
À l'applaudimètre, c'est l'attaquante aux cheveux mauves Megan Rapinoe qui l'a emporté haut la main. "Megan for President", disait le panneau brandi par Jeff Strong, fan de la trentenaire charismatique.
Des spectateurs avaient même réalisé un modèle en carton grandeur nature de la numéro 15 de l'USWNT, l'équipe nationale américaine.
"Equal pay!"
Au passage des championnes du monde de football à New York, le 10 juillet. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
En quelques heures, l'attaquante star a dit avoir pu se rendre compte que l'intérêt pour la formation de l'entraîneuse Jill Ellis était sans précédent. "2015 était incroyable, mais ça a l'air d'être tellement plus gros, tellement plus", a-t-elle expliqué lors d'un entretien sur la chaîne ESPN.
"Ça va tellement au-delà du sport", avait déjà estimé mardi 9 juillet Megan Rapinoe.
"Voir toutes ces petites filles chanter +equal pay+ (égalité de salaires), c'est vraiment cool", s'émerveillait Bianca Sherr, spectatrice portant le fameux maillot blanc.
La foule a en effet repris le slogan devenu emblématique de cette équipe, qui milite pour l'égalité de traitement avec les hommes et a même attaqué en justice sa propre fédération en mars pour obtenir gain de cause.
Plus qu'aucune autre équipe féminine, celle des États-Unis symbolise l'émergence du sport féminin, mais aussi le combat pour la parité hommes-femmes, dont la force s'est démultipliée dans l'ère #MeToo.
"Cette équipe est un peu plus extravertie" que ses devancières, a estimé Bill Taylor. "Elle se bat pour un peu plus."
Pour Bianca Sherr, la génération 2019 n'est pas si différente de cela que celle des "99ers" ("ninety-niners), les championnes du monde de 1999.
"Je pense qu'il y a plus de gens qui prêtent attention aujourd'hui", dit-elle. "Elles ont une plateforme qui leur permet de provoquer le changement. (...) Cette équipe est en train de changer le cours de l'histoire."
Après New York et Broadway, l'équipe américaine portera-t-elle son message à la Maison Blanche?
Avant même le début de la compétition, Megan Rapinoe, très critique envers le président Donald Trump, avait assuré qu'elle n'y mettrait pas les pieds. M. Trump lui avait répondu qu'il inviterait l'équipe, qu'elle gagne ou non le tournoi, en lui reprochant de manquer de patriotisme.
"Nous n'y avons pas encore réfléchi", a dit le président dimanche 7 juillet après le sacre des Américaines.
Megan Rapinoe a réitéré sa position mardi 9 juillet, déclarant que ses coéquipières n'accepteraient probablement pas non plus une invitation à la Maison Blanche.