Comment la fonte des glaciers impacte déjà nos vies ?

À l’occasion de la première Journée mondiale des glaciers, vendredi 21 mars, l'Organisation météorologique mondiale et l'UNESCO ont publié une série de statistiques sur les glaciers. Leur fonte affecte nos vies à travers le monde.

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Le glacier Perito Moreno se dresse dans le parc national Los Glaciares près d'El Calafate, en Argentine, le mardi 2 novembre 2021. 
Photo : AP/VNA/CVN

Agriculture et ressources en eau en péril, villes côtières menacées par les inondations, centrales nucléaires à l'arrêt... La fonte des glaciers est la conséquence directe du réchauffement climatique et elle impacte nos vies, parfois plus que ce qu’on pourrait penser.

L'Organisation météorologique mondiale (OMM) et l'Unesco publient, vendredi 21 mars, une série de nouvelles statistiques sur les "châteaux d'eau" de la planète, à l’occasion de la première Journée mondiale des glaciers.

Toutes les régions glaciaires ont enregistré une perte de masse nette en 2024, pour la troisième année consécutive, a indiqué vendredi 21 mars l'ONU, qui estime que les préserver est une question de "survie".

Plus de 275.000 glaciers dans le monde couvrent environ 700.000 km², sans prendre en compte les calottes glaciaires continentales du Groenland et de l'Antarctique, rappelle l'OMM dans un communiqué.

La face du glacier Mendenhall, le dimanche 21 avril 2024, à Juneau, en Alaska. 
Photo : AP/VNA/CVN

Des catastrophes naturelles en nombre croissant

En fondant, les glaciers libèrent de grandes quantités d'eau, favorisant les catastrophes naturelles comme les inondations, les glissements de terrain et les avalanches.

Les lacs qui se forment risquent de déborder, menaçant les villes ou villages situés en aval. Le dégel du pergélisol augmente aussi les risques de désastres, tels que les coulées de boue.

Face à ces bouleversements, la justice est parfois saisie. En Allemagne, un paysan péruvien a demandé, cette semaine, au géant de l'énergie RWE de participer symboliquement aux travaux pour réduire le niveau d'eau d'un lac. Sa maison est menacée par la fonte des glaciers des Andes.

Luciano Lliuya, agriculteur péruvien, s'adresse aux médias devant des photos de glaciers prises par des activistes au tribunal régional supérieur de Hamm, en Allemagne. 
Photo : AP/VNA/CVN

Une biodiversité chamboulée

La ligne de neige s'élève, bouleversant la biodiversité. La végétation va gagner du terrain en altitude dans les montagnes.

"Pour certains végétaux, ce sera trop sec ou trop humide. Nous allons assister à un énorme changement", explique Michael Zemp, directeur du Service mondial de surveillance des glaciers (WGMS).

Des ressources en eau menacée

L'eau libérée par la fonte des glaciers va alimenter rivières et lacs mais cette source finira par se tarir.

"La majorité des bassins versants de la planète atteindront ce pic d'eau au cours du siècle" et "environ 30% ou plus l'ont déjà dépassé", selon M. Zemp.

La fonte des glaces impacte l'approvisionnement en eau douce, en particulier en Asie centrale et dans les Andes centrales "où les glaciers sont souvent la seule ressource en eau pendant les mois les plus chauds et les plus secs", relève-t-il.

Les montagnes fournissent jusqu'à 60% des flux mondiaux annuels d'eau douce, indique un rapport de l’UNESCO publié vendredi 21 mars. Plus de deux milliards de personnes dans le monde dépendent directement de l'eau provenant des montagnes, pour leur eau potable, leurs installations sanitaires et leurs moyens de subsistance.

La moitié de l'eau du fleuve Amazone vient des Andes, souligne Abou Amani, secrétaire du Programme hydrologique intergouvernemental de l'Unesco.

Un enjeu, aussi en montagne

L'eau joue un rôle essentiel pour de nombreux secteurs économiques, tels que le pastoralisme, la sylviculture, le tourisme et la production d'énergie.

"Dans les pays andins, 85% de l'énergie hydroélectrique provient des zones montagneuses", cite en exemple le rapport de l'Unesco.

Le glacier Herbert est vu au milieu de rochers et d'un terrain vallonné, lundi 17 février 2025, à Juneau, en Alaska. 
Photo : AP/VNA/CVN

Pour certaines communautés de haute montagne, le recul des glaciers va modifier des pratiques pastorales. La minorité amérindienne des Aymaras est très impactée : beaucoup doivent quitter leurs villages pour s'exiler en ville, explique le rapport.

Une hausse du niveau des mers

Les glaciers sont le deuxième contributeur à la hausse du niveau des océans, après l'expansion de l'eau de mer sous l'effet du réchauffement. Ils devraient néanmoins devenir le premier facteur "au cours des prochaines décennies", selon M. Zemp.

Le niveau moyen des mers s'est élevé de 10 cm dans les trois dernières décennies, selon les observations satellitaires de la Nasa.

"Chaque millimètre supplémentaire d'élévation du niveau de la mer expose 200.000 à 300.000 personnes de plus aux inondations", détaille M. Zemp.

Avec des répercussions parfois mondiales. En 2011, à Bangkok, "des inondations majeures ont perturbé l'approvisionnement en disques durs des fabricants d'ordinateurs du monde entier", avec des effets négatifs sur le prix des ordinateurs et le marché de l'automobile, indique Stefan Uhlenbrook, directeur du département Eau et Cryosphere à l'OMM.

Des choix difficiles à venir

Le recul des glaciers menace aussi la production hydroélectrique et la sécurité alimentaire. À l'échelle mondiale, le recul des glaciers et la diminution des chutes de neige dans les montagnes vont impacter deux tiers de l'agriculture irriguée dans le monde, selon l'Unesco.

D'autres secteurs qui dépendent de l'eau sont touchés. En France, depuis quelques années, la hausse des températures des fleuves pendant les vagues de chaleur ou leur faible débit en cas de sécheresse peut ralentir des centrales nucléaires.

Autre exemple : ces dernières années, le bas niveau du Rhin menace le transport fluvial. "Cela risque de se produire de plus en plus souvent, car les périodes chaudes et sèches augmenteront", selon le glaciologue suisse Matthias Huss.

AFP/VNA/CVN

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