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Un pompier entraîne son chien à détecter une éventuelle odeur du coronavirus, le 30 avril 2020 à Ajaccio, en Corse. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Baptisée Nosais, la recherche développée par le professeur Dominique Grandjean de l'École nationale vétérinaire d'Alfort, en région parisienne, prévoit d’expérimenter des compétences cynotechniques afin de repérer des odeurs particulières qui pourraient être émises par des patients positifs au coronavirus.
"Si on arrive à valider cette expérimentation, le but est d'apporter une solution complémentaire aux tests qui existent déjà" pour dépister la maladie, explique à l'AFP Aymeric Bernard, vétérinaire chef et conseiller cynotechnique du Service d'incendie et de secours de la Corse-du-Sud (SIS 2A), qui prend part au projet.
"L’hôpital a besoin de moyens de dépistage nombreux et fiables. Aujourd’hui, le test PCR a une fiabilité de 70%. Nous avons donc besoin de croiser ce test avec d’autres types de dépistage", indique pour sa part le directeur de l'Hôpital d'Ajaccio, Jean-Luc Pesce, insistant sur l'intérêt de cette expérimentation pour son établissement.
La Corse a été une des régions les plus touchées par l'épidémie de coronavirus.
Forts du soutien de la préfecture de Corse-du-Sud, de l’Agence régionale de santé de Corse, et des hôpitaux ajacciens de la Miséricorde et Eugénie, six bergers malinois et une chienne de race Cursinu des pompiers de Corse-du-Sud sont donc testés sur le site d'une future clinique vétérinaire.
"Ces chiens sont habituellement utilisés pour chercher des personnes disparues ou ensevelies sous un effondrement", précise Aymeric Benard.
Un berger malinois de la gendarmerie, "utilisé dans le cadre de recherches de produits spécifiques" et donc déjà éduqué à "l'odorologie", a rejoint l'équipe, précise-t-il.
Chiens détecteurs d'autres maladies
Des chiens entraînés par des pompiers à détecter une éventuelle odeur du coronavirus, le 30 avril 2020 à Ajaccio, en Corse. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les hôpitaux ajacciens fourniront une cinquantaine de compresses placées quelques minutes sous l'aisselle de patients testés positifs au virus. "L’intérêt, c’est qu’au niveau de la sueur il n’y a pas aujourd'hui d’expression virale qui a été notée et donc a priori pas de risque de contamination, ce qui fait que le chien va pouvoir intervenir de façon sécurisée", précise le vétérinaire du SIS.
Insérées dans des bocaux stériles, elles seront placées dans une petite trappe, près du jouet préféré du chien.
Aux côtés de son maître, l’animal viendra alors respirer cette odeur avant de récupérer son jouet, et l’associera donc au jeu. Puis, le bocal sera installé dans l’un des supports de la salle de détection. Le but pour le chien sera alors de "marquer" par la position assise ou couchée le support contenant la compresse positive, avant de se voir récompensé avec son jouet. Un processus qui pourra être répété une cinquantaine de fois par jour durant les prochaines semaines.
Dans la seconde phase, les chiens seront mis à l’épreuve.
Dans le même temps, l’Université de Corte (Haute-Corse), associée au projet, travaillera à la validation scientifique du protocole pour savoir au niveau cynotechnique si les chiens peuvent déceler l’odeur du COVID-19.
"En complément, on souhaite vérifier si, par le biais des techniques de laboratoire de chromatographie gazeuse et de spectrométrie de masse, on arrive à identifier un ou des composés qu’on ne retrouve que sur les positifs Covid", dévoile Aymeric Benard.
Le chien est déjà utilisé sur la détection de plusieurs maladies chroniques, de certains cancers, du paludisme, ou encore de la maladie de Parkinson.
"Dernièrement, les Américains ont également utilisé le chien au sein de troupeaux de bovins pour la détection d’une maladie virale et cela a donné de très bons résultats", indique encore Aymeric Benard.
Les premiers résultats de cet essai Nosais seront connus mi-mai. Après la Corse, d’autres territoires devraient rejoindre l'expérience dans les prochaines semaines, comme le service d'incendie et de secours de Seine-et-Marne ou le bataillon des marins-pompiers de Marseille.
Le même essai Nosais est lancé au Liban sous l'égide de l'Université franco-libanaise et des projets similaires existent en Allemagne, au Canada, Norvège, Royaume-Uni et aux Émirats Arabes Unis, selon les initiateurs de l'expérience.
AFP/VNA/CVN