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Le remdesivir est un médicament expérimental produit par le Laboratoire américain Gilead Sciences. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Je suis heureux d'annoncer que Gilead a obtenu de la FDA l'autorisation d'utilisation en urgence pour le remdesivir", a annoncé le président Donald Trump depuis la Maison Blanche. L'autorisation permet au remdesivir d'être utilisé par les hôpitaux pour les malades graves du COVID-19 qui ont besoin d'oxygène, par exemple sous respirateurs artificiels, sans avoir besoin de participer à un essai clinique.
"Il est raisonnable de penser que le remdesivir puisse être efficace contre le COVID-19 et que, étant donné qu'il n'existe pas de traitements alternatifs adéquats, approuvés ou disponibles, les avantages connus et potentiels pour traiter ce virus sévère et mortel sont supérieurs aux risques connus et potentiels posés par l'utilisation du médicament", a déclaré la FDA. Le remdesivir sera distribué en priorité aux hôpitaux des villes les plus touchées par la pandémie aux États-Unis, une distribution qui sera coordonnée par le gouvernement américain, a annoncé Gilead dans un communiqué.
Le laboratoire américain, dont le patron était dans le Bureau ovale pour l'annonce, fera don de 1,5 million de doses, soit de quoi traiter 140.000 patients au moins. Le médicament est donné par voie intraveineuse pendant 10 jours, mais l'autorisation d'urgence couvre un traitement en cinq jours, car une étude de Gilead a montré que l'effet était similaire.
L'hydroxychloroquine, un médicament contre le paludisme, avait été autorisée en urgence par la FDA le 28 mars, mais depuis, la FDA et un panel gouvernemental ont publié des mises en garde en raison d'effets secondaires graves sur le cœur.
Une piste parmi d'autres
De multiples traitements contre le COVID-19, la maladie causée par le nouveau coronavirus SARS-Cov-2, sont en cours d'évaluation en Asie, en Europe et aux États-Unis, mais ce sont les résultats des grands essais cliniques avec placebo qui sont les plus attendus, notamment en Europe (essai Discovery).
Daniel O'Day (gauche), le patron de Gillead Sciences, et le président américain Donald Trump dans le Bureau ovale à la Maison Blanche, le 1er mai |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Médicament expérimental initialement développé pour soigner les malades de la fièvre hémorragique Ebola, mais jamais approuvé contre aucune maladie, le remdesivir est la première thérapie à avoir démontré une certaine efficacité dans un essai aussi grand, plus d'un millier de patients, même si l'effet est considéré comme modeste.
Les patients hospitalisés traités par remdesivir ont vu leur temps de rétablissement écourté de quatre jours (en durée médiane), de 15 à 11 jours, selon des résultats rendus publics mercredi 29 avril par les Instituts de santé américains, qui ont coordonné l'essai. "Bien que les résultats soient clairement positifs du point de vue de leur sens statistique, ils sont modestes", a dit jeudi 30 avril le directeur de l'Institut national des maladies infectieuses (NIAID), Anthony Fauci.
Mais c'est cependant la "démonstration" que le mode d'action du remdesivir est efficace, et il pourrait donc ouvrir la voie à de meilleurs traitements, selon l'éminent chercheur. Les résultats suggèrent que le remdesivir réduit aussi le risque de mort, mais ce résultat est en dessous du seuil de fiabilité statistique. 8% des patients traités, contre 11,6% dans le groupe témoin, sont décédés lors de l'essai.
Mais les résultats complets de l'étude n'ont pas été publiés, ce qui a suscité des critiques de la part de la communauté scientifique qui attend que l'étude soit évaluée et publiée par une revue médicale. Et un plus petit essai mené à Wuhan en Chine, qui a lui été publié dans une revue médicale (The Lancet), n'a trouvé aucune efficacité au remdesivir.
Parmi les autres pistes thérapeutiques figurent la conjonction de l'hydroxychloroquine et d'un antibiotique, pour laquelle les études sont de qualité inférieure et discordantes. Idem pour la piste des médicaments visant à prévenir la flambée inflammatoire apparemment causée par le coronavirus. Le tocilizumab est efficace, selon une étude française, mais une molécule similaire utilisée contre l'arthrite (sarilumab, marque Kevzara) a échoué à aider les malades dans un autre essai avec placebo.
AFP/VNA/CVN