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Ita O'Brien, "coach d'intimité" britannique sur les plateaux de cinéma, chez elle à Cranbrook, Sud-Est de l'Angleterre, le 28 juillet. |
Cette femme de 56 ans, qui se définit comme une "praticienne" de l'intimité, est la figure cachée derrière toutes les dernières séries acclamées pour la façon dont elles parlent de sexe, de I May Destroy You à Sex Education, en passant par Normal People.
Préserver l'intimité d'un artiste tournant un viol, mettre en place une scène de sexe avec un acteur vierge, identifier les limites de chacun sont autant d'enjeux auxquels est régulièrement confrontée Ita O'Brien.
Son rôle ? Assurer "une communication ouverte" entre le réalisateur et les acteurs sur toutes les scènes intimes (baisers, nudité, sexe), afin d'y apporter "une structure professionnelle" qui permettra aux artistes de "donner le meilleur d'eux-même" et mieux exprimer leur "créativité", une fois rassurés sur leur sécurité.
"On se met d'accord sur (ce que l'autre) peut toucher et nous chorégraphions clairement le déroulement du contact intime, exactement comme une danse", explique la Britannique, originaire du Sud de l'Angleterre.
Concrètement, chaque scène va être discutée, puis répétée en amont, loin des dizaines de personnes habituellement présentes sur un plateau : "Lorsque la caméra se met à tourner, les acteurs savent exactement comment va se dérouler le contact".
Au centre de sa pratique, la notion de consentement. Sa devise, qu'elle répète souvent aux acteurs : "Ton +Non+ est un cadeau. Dis moi clairement quel est ton +Non+, que je puisse croire ton +Oui+".
"Espace sûr"
Danseuse au théâtre pendant dix ans puis actrice pendant huit, Ita O'Brien est devenue coordinatrice d'intimité en 2014, pionnière à une époque où on ne parlait pas encore du consentement des acteurs.
Avant #MeToo, "quand un acteur disait +Non+, il était soit considéré comme un fauteur de trouble, soit comme une diva", explique Ita O'Brien, rappelant que les artistes avaient "peur de perdre leur emploi s'ils exprimaient un refus, car c'était absolument le cas".
Ses débuts dans l'industrie ont parfois été "incroyablement difficiles". "J'ai été embauchée sur des productions où le réalisateur ne voulait même pas me parler, parce que c'était un vieil homme de 74 ans qui refusait d'admettre mon existence", raconte-elle. Ou d'autres où elle n'était "pas autorisée sur le plateau" car les acteurs ne voulaient pas de son aide.
Depuis, les mentalités ont beaucoup évolué. Le métier se popularise, et Ita O'Brien est sollicitée de toutes parts, surtout après le vibrant éloge que lui a rendu Michaela Coel, réalisatrice de "I May Destroy You", lors de son discours à la cérémonie des récompenses britanniques Bafta.
"Merci Ita d'avoir fait de notre industrie un espace sûr, d'avoir créé des frontières physiques, émotionnelles et professionnelles pour que nous puissions faire des œuvres sur l'exploitation et les abus sans être nous-mêmes abusés dans le processus", a saluée l'actrice-réalisatrice.