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Christian Le Squer, 3 étoiles : "Donner de l'émotion avec des petits repas"

Comme "un grand couturier chez H&M" : le chef triplement étoilé Christian Le Squer s'offre une cure de jouvence dans sa Bretagne natale où il multiplie les projets pour budget modeste dans l'attente de la réouverture de son restaurant de palace parisien.

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Le chef français triplement étoilé Christian Le Squer à Pont-Aven, en Bretagne, dans l'Ouest de la France.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans son établissement Ar Iniz, au bord de l'océan à Saint-Malo, on déjeune pour 34 euros, entrée-plat-dessert avec poissons et fruits de mer au centre du menu et des touches de "terre" bien bretonnes, comme le crispy de sarrasin qui enveloppe le thon cru ou la poitrine de cochon confite et caramélisée.

"Ici, il y a une ambiance de bord de mer. Je fais une cuisine de plage que je ne pouvais pas pratiquer à Paris. Cela me rappelle ma jeunesse, je suis né au bord de la mer, j'aime ce côté iodé le matin quand tu ouvres la fenêtre", raconte Christian Le Squer.

"Sans prétention"

Il a signé la carte de cet hôtel-restaurant doté d'une vingtaine de petites chambres spartiates décorées comme des cabines de bateau. Chose rare pour la Bretagne connue pour sa météo capricieuse, les repas se dégustent en terrasse. Christian Le Squer supervise aussi la carte du Rosmadec Le Moulin à Pont-Aven (en Bretagne également), mené par son ancien sous-chef Sébastien Martinez. Le restaurant a reçu une étoile Michelin quelques mois après son ouverture en 2020.

Pour Saint-Malo, Christian Le Squer ne brigue pas d'étoiles. Le lieu suggère "une cuisine sans prétention, mais élégante au niveau des saveurs", dit-il. Il s'apprête à retravailler dans le même esprit la carte du restaurant La Vallée à Dinard (toujours en Bretagne) qui sert actuellement des plateaux de fruits de mer et le parmentier au tourteau, et à Ar Duen, au coeur de la forêt bretonne. L'idée? "Une guinguette de mer" pour le premier, la création d'un grand potager et le travail des herbes de la forêt pour le deuxième.

"J'ai vécu sur un nuage"

"Pendant des années, j'ai vécu sur un nuage qui est le luxe. Le confinement m'a permis de penser" autrement, souligne le chef. La crise sanitaire et la fermeture depuis 17 mois du Cinq, son restaurant triplement étoilé au palace George V, l'a rendu disponible pour des projets "à dimension humaine". "Avant j'avais toujours refusé, parce que je n'avais pas le temps, j'aimais beaucoup travailler à l'international et j'avais un peu oublié la France".

Or, "un grand chef qui fait des repas pour un ticket élevé doit être capable de donner de l'émotion avec des petits repas". "À un moment donné, il y a eu une cassure sociale, il n'y avait plus d'intermédiaire". "Côté palais, les gens sont toujours exigeants", dit Christian Le Squer qui veille à ce que le pain et le beurre soient de qualité égale dans tous ses restaurants, étoilés ou pas. Les vins pour les restaurants bretons sont choisis par Eric Beaumard, son complice et sommelier du Cinq.

"Instagrammable" ou "plus là"

Le Cinq va rouvrir en septembre, mais Christian Le Squer prépare en parallèle une gamme de produits qui seront en vente chez Monoprix cet automne. Il réfléchit aussi à un glacier à l'instar d'un autre poids-lourd, le chef le plus étoilé au monde Alain Ducasse, qui vient d'en inaugurer un à Paris après s'être diversifié dans le café et le chocolat. "Alain est extrêmement intelligent, il a toujours eu beaucoup d'avance", estime Christian Le Squer qui juge "regrettable" son départ d'un autre palace parisien, Plaza Athénée où il a été remplacé par le jeune chef - sans étoiles - Jean Imbert.

"On retourne en arrière parce que la clientèle française n'était peut-être pas au rendez-vous" au Plaza, analyse-t-il. Jean Imbert est le gagnant de la populaire émission Top Chef et est très actif sur les réseaux sociaux. "Aujourd'hui, un chef qui n'est pas instagrammable n'est plus dans la course. Alain Ducasse n'a peut-être pas trouvé son public sur Instagram", avance Christian Le Squer.


AFP/VNA/CVN

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