>>Washington ne considère plus que la Chine manipule sa monnaie
>>L'accord commercial sino-américain, succès mitigé pour Trump
Des conteneurs dans le port de Qingdao dans la province du Shandong, le 14 janvier en Chine. |
L'annonce intervient juste avant la signature prévue mercredi à Washington d'un accord préliminaire très attendu entre les deux puissances, qui se livrent bataille depuis près de deux ans à coups de droits de douane punitifs.
Donald Trump avait déclenché les hostilités en 2018 avec notamment pour objectif de rééquilibrer le commerce bilatéral, provoquant des représailles de Pékin et l'inquiétude des marchés mondiaux.
En 2019, des marchandises chinoises d'un montant de 418,5 milliards d'USD ont traversé la frontière américaine, contre 122,7 milliards dans l'autre sens, selon l'Administration chinoise des douanes.
L'excédent commercial de la Chine vis-à-vis des États-Unis s'est ainsi établi à 295,8 milliards d'USD, contre 323 milliards l'année précédente.
Sur le seul mois de décembre, il se monte à 23,2 milliards d'USD, une baisse par rapport à novembre (24,6 milliards) et octobre (26,4).
Selon Washington, la Chine s'est engagée dans l'accord commercial préliminaire à acheter pour 200 milliards d'USD de biens américains - dont des produits agricoles représentant 40 à 50 milliards.
Des dollars et des billets de 100 yuan dans une banque de Nantong en août 2019, en Chine. |
L'administration Trump doit continuer toutefois d'imposer des droits de douane punitifs de 25% sur des produits chinois représentant 250 milliards de dollars d'importations annuelles.
Signe de désescalade cependant : Washington a retiré lundi 13 janvier l'étiquette de "manipulateur de devises" qu'il avait collé à Pékin l'an passé.
''Pression''
Un haut responsable de l'Administration des douanes, Zou Zhiwu, a indiqué mardi lors d'une conférence de presse que les importations chinoises de produits américains avaient grimpé fin 2019.
Les achats chinois de soja et de porc américains ont notamment "augmenté de façon significative" en décembre, a-t-il souligné.
Evoquant l'impact des tensions commerciales, il a convenu qu'elles avaient "mis une certaine pression sur le commerce extérieur chinois et sur les entreprises qui commercent beaucoup avec les États-Unis".
La signature de l'accord préliminaire, estime M. Zou, aura une "portée importante et positive" pour l'économie mondiale, assurant qu'une hausse des importations "made in USA" n'aurait pas d'impact pour les pays tiers.
Au total, le volume des biens échangés par la Chine en 2019 a légèrement baissé sur un an. L'excédent commercial du géant asiatique avec le reste du monde, stable, s'est lui établi à 421,5 milliards de dollars.
Sur le seul mois de décembre, les exportations totales de la Chine ont grimpé de 7,6% sur un an. C'est bien plus que l'estimation d'analystes sondés par l'agence d'information financière Bloomberg (+2,9%).
Dans l'autre sens, les importations du géant asiatique ont connu le mois dernier un bond spectaculaire de +16,3%, là aussi bien au-delà des prévisions des experts.
Porc et boeuf
Un chiffre qui "est davantage le résultat de prix d'importations plus élevés que d'un volume d'importations en hausse", note cependant Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics.
"Il serait donc prématuré de conclure qu'il y a eu une nette reprise de la demande intérieure", souligne-t-il.
Sur l'ensemble de 2019, les importations totales de la Chine ont reculé (-2,8% sur un an), tandis que les exportations ont légèrement progressé (+0,5%).
Dans un contexte de fièvre porcine, une maladie qui a décimé le cheptel du pays, les importations de viande du géant asiatique ont par ailleurs atteint des sommets l'année passée.
La Chine a importé au total pour 2,11 millions de tonnes de porc (+75% sur un an). Les livraisons de boeuf ont également bondi (+60%).
Mais malgré les chiffres encourageants pour le commerce extérieur chinois en décembre, des experts appellent à la prudence.
Nick Marro, du cabinet britannique The Economist Intelligence Unit, pointe la faible base de comparaison, notamment en matière d'exportations.
"C'est environ à la même époque l'an dernier que nous avons commencé à voir l'impact de la guerre commerciale", souligne-t-il.
Et si les entreprises chinoises ont pu en partie se diversifier en écoulant leurs biens en Europe et en Asie du sud-est, il juge que ces marchés ne pourront pas totalement compenser les pertes enregistrées aux États-Unis.