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Un énième record avait été atteint fin octobre. L'opérateur public recensait alors 3,72 millions de chômeurs sans activité, dont 3,46 millions en métropole, après avoir connu la plus forte hausse depuis février.
La situation s'était dégradée dans toutes les classes d'âge (+0,6% chez les jeunes, +0,8% chez les seniors), et le chômage de longue durée avait continué de faire tache d'huile (+0,9% sur un mois, +9,4% sur un an).
Le Premier ministre Manuel Valls et le ministre du Travail, François Rebsamen, à Arras le 26 septembre. Photo : AFP/VNA/CVN
Depuis le début de l'année en métropole, 153.600 chômeurs supplémentaires s'étaient tournés vers le service public de l'emploi, dépassant avec deux mois d'avance les 150.000 prévus par l'Unédic pour l'ensemble de l'année.
Personne ne prévoit d'embellie à court terme.
Dernier oiseau de mauvais augure : l'Insee. Dans ses dernières prévisions publiées jeudi, l'institut national de la statistique prévoit une poursuite de la hausse du chômage d'ici à mi-2015, malgré un redémarrage de l'activité. Son taux devrait s'établir à 10,6% de la population active, 10,2% pour la seule métropole.
Dans l'Hexagone, la barre de 10% devrait être atteinte dès le quatrième trimestre 2014, contre 9,9% au précédent.
François Hollande a lui-même concédé jeudi que la croissance ne serait pas suffisante pour que le chômage baisse, même avec 1% de croissance prévu en 2015.
Ce constat est largement partagé. Il est communément admis par les économistes que le chômage ne peut pas baisser sous 1,5% de croissance annuelle. Conséquence : aucun organisme ne prévoit de reflux du chômage avant 2016.
Le léger rebond d'activité attendu début 2015 pourrait gagner le marché de l'emploi en fin d'année ou début 2016, les effets de la croissance se faisant généralement sentir avec deux ou trois trimestres de décalage.
Premiers effets du Pacte
L'Insee donne tout de même quelques motifs d'espoir. Outre la croissance, le Pacte de responsabilité commence à produire ses effets : pour 2015, l'Institut national de la statistique évalue son impact à 80.000 emplois.
D'abord grâce à la montée en régime du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), acte I du Pacte, qui doit entraîner "un surcroît de 10.000 emplois par trimestre".
L'Acte II du Pacte, composé d'exonérations de cotisations et de baisses d'impôts qui s'appliqueront à partir du 1er janvier, devrait, lui aussi, induire "10.000 emplois par trimestre en 2015".
Toujours dans le cadre du Pacte, les branches professionnelles commencent à prendre des engagements chiffrés, en termes d'embauches et d'accueil d'alternants. À ce jour, des accords ont été signés dans sept des 50 plus grandes branches.
En attendant que l'emploi privé reparte, le gouvernement continue aussi d'actionner le levier des emplois aidés, essentiellement dans le secteur non marchand. Il prévoit 445.000 nouveaux contrats pour 2015, après 430.000 prescrits en 2014.
Tout cela doit permettre un "retournement mi-2015", espère le ministre du Travail François Rebsamen, une prévision qui laisse sceptiques les économistes.
Selon eux, un retour de l'activité permettrait, dans un premier temps, de résorber les sureffectifs des entreprises, que l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) évalue à 230.000 emplois. Cet organisme repousse à 2016 l'horizon d'une baisse du chômage.
François Hollande, quant à lui, donne rendez-vous à la fin de sa présidence, en 2017. Le président l'affirme lui-même : si le nombre de chômeurs ne baisse pas d'ici là, il n'aura pas la légitimité pour briguer un second mandat.