Ces vêtements, considérés comme un trésor, se sont transmis de génération en génération au sein des Hà Lang de la commune de Daklong, district de Daklei, province de Kon Tum (hauts plateaux du Centre).
Les Hà Lang racontent qu'"autrefois, lors des guerres, nos ancêtres utilisaient fréquemment ces vêtements comme une cuirasse contre les coups d'épée et les flèches. C'est pourquoi, ils ont souvent été victorieux".
Quand des visiteurs arrivent, le chef du hameau, A Xen, appelle les jeunes cultivateurs à regagner leurs pénates et à revêtir leurs beaux vêtements d'écorce.
De jeunes filles, vêtues de leurs plus beaux atours végétaux, entament une danse traditionnelle aux sons des gongs. "La plupart des Hà Lang, jeunes et vieux, ont conscience de la nécessité de préserver et de transmettre ces vêtements originaux, confie Y Som. Actuellement, non seulement nous les admirons mais en plus nous les portons !".
"Sur les hauts plateaux du Centre, seul mon village en possède, explique non sans fierté le patriarche A Dôi. À l'occasion des fêtes traditionnelles, les gens de villages voisins empruntent fréquemment nos vêtements et certains d'entre eux souhaitent les conserver. Beaucoup de personnes nous ont proposé de les acheter, mais nous refusons car ce serait commettre un péché envers nos ancêtres et nos divinités".
Les Hà Lang vont chercher à plus de 20km du village, près de la frontière, l'arbre Ong Ka Poong, une espèce très rare. "Il faut d'abord séparer au couteau l'écorce moelleuse puis battre les fibres avec un pilon denté, et enfin laisser sécher au soleil. Après, on immerge l'écorce dans l'eau pendant une journée, et ont la bat jusqu'à ce que ses fibres soient bien tendres, informe M. A Xen. Les autres ethnies aiment tellement nos vêtements qu'ils sont prêts à troquer contre eux un porc de 60 à 70kg. Mais nous n'acceptons pas".
Le fil qui sert à coudre l'ensemble est tiré d'une autre essence, l'arbre La Phâh. Chaque vêtement, qui pèse environ 2 kg, protège bien contre le froid hivernal et aussi contre les épines des plantes sauvages.
À côté de ses tuniques végétales, le village de Dak Ôn conserve aussi précieusement 8 gongs séculaires.
Minh Tâm/CVN