Changements climatiques,
le spectre El Niño, attention danger !

Elle s’est fait désirer, elle a fait une entrée fracassante sur tout le Nord du pays. Qui ? La canicule, bien sûr. De plus, El Niño pourrait faire son retour dès la fin de l’été, avec tous les maux que ce phénomène entraîne. Le Vietnam doit se prémunir dès maintenant face au pire.

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La sécheresse sévit déjà dans le Nord du pays.
Photo : Duong Giang/VNA/CVN

Hanoï, dimanche 4 juin à midi. Les rues sont désertes, à l’exception des touristes qui rasent les murs à la recherche d’une hypothétique ombre qui, soleil au zénith, n’existe pas… La plupart des boutiques sont fermées ; et seuls quelques véhicules s’aventurent sur la chaussée brûlante. Cette vague de chaleur, qui a débuté le 31 mai, touche la majorité de la partie septentrionale du pays, et affecte le quotidien des habitants. Les relevés météorologiques font état depuis ce jour de températures maximales allant de 37 à 42°C à plusieurs endroits de la capitale.

Une canicule historique

«La température a culminé jusqu’à 45°C le 3 juin à certains points précis de grandes villes, notamment en raison des émissions de gaz à effet de serre», a informé Vo Van Hòa, directeur du Centre de météorologie et d’hydrologie du delta du fleuve Rouge. L’arrondissement de Hà Dông notamment contient de nombreux «îlots de chaleur» en raison de la densité du bâti et du manque d’espaces verts. Ici comme ailleurs, les températures ont atteint un niveau inédit depuis 46 ans.

«Cette épisode caniculaire, avec 42°C relevés sous abri, est sans précédent. Le record précédent, établi en 1971, était de 40,4°C», a précisé Lê Thanh Hai, directeur général adjoint du Centre national de météorologie et d’hydrologie, lors de la réunion exceptionnelle du 2 juin.

Les femmes cachées sous de grands masques et tenues de protection dans la province de Yên Bai (Nord).
Photo : Thê Duyêt/VNA/CVN

Et d’annoncer qu’avec les changements climatiques, «les pluies hors saison vont se prolonger, et les pluies saisonnières s’atténuer. De plus, les typhons, sécheresses, inondations et la salinisation des sols seront de plus en plus difficiles à prévoir».

Le dérèglement du climat est un phénomène mondial, imputable pour 90% à l’activité anthropique. Dans le rapport de l’Organisation internationale de l’humanitaire DARA, ce phénomène engendre chaque année des pertes de l’ordre de 1.200 milliards de dollars, soit 1,6% du PIB mondial. L’ONU estime que ces pertes se chiffreront à environ 2.000 milliards de dollars en 2030.

Par ailleurs, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a classé en 2015 le Vietnam à la 5e place des pays les plus touchés par les changements climatiques. Surtout, le rapport de l’Institut national d’administration, rédigé en collaboration avec l’Institut des études pour le développement et l’Université de Copenhague en 2012, prévoit que dans une cinquantaine d’années, les changements environnementaux entraîneront la perte de près de 10% du PIB du Vietnam.

Outre les problèmes écono-miques, la hausse des températures cause également des risques sur la santé. Le Dr. Luong Quôc Chinh, du département des Urgences A9 de l’hôpital Bach Mai, à Hanoï, alerte : «La canicule peut s’avérer extrêmement dangereuse pour la santé lorsqu’elle se prolonge. Les effets peuvent être désastreux sur les organes du corps, voire le cerveau. Dans les grandes villes, l’effet de serre et la pollution sont des facteurs aggravants». Le rapport daté de 2015 du Comité national sur les changements climatiques a précisé qu’ils étaient la cause principale de plusieurs maladies et épidémies au Vietnam depuis une vingtaine d’années.

Le Vietnam est-il prêt à faire face ?

La sécheresse a déjà touché la grande partie du pays. Ici, dans la commune de Nich Ich, district de Ninh Hòa, province de Khanh Hòa (Centre).
Photo : Nguyên Ly/VNA/CVN

C’est une évidence, ce bouleversement trouble la vie quotidienne des habitants. La canicule historique au Nord du Vietnam la semaine dernière a obligé les autorités à tenter de trouver des solutions immédiates face aux désagréments que cela entraîne, comme les coupures d’électricité et d’eau dues aux pics de consommation d’énergie. Dinh Anh Khang, domicilié dans la rue Phùng Khoang, témoigne : «Il y a des coupures de courant au moins trois fois par soir. Je dois donc emmener mes enfants à l’épicerie d’à côté. Beaucoup d’autres personnes font comme moi et sont là, sans rien acheter», s’amuse-t-il.

Pourtant, la capitale est une pionnière dans la recherche des solutions de résilience aux changements climatiques. La réunion du 24 avril, sous la direction du président du Comité populaire Nguyên Duc Chung et avec la participation du secrétaire du Comité du Parti communiste du Vietnam (PCV) pour la ville de Hanoï, Hoàng Trung Hai, a cherché à établir un programme à long terme en sollicitant les conseils des experts étrangers. Un bilan d’activités a été proposé par des scientifiques norvégiens en collaboration avec la Banque asiatique du développement (BAD), qui sera ensuite envoyé aux autorités municipales afin d’être concrétisé dans un avenir proche.

Plusieurs décrets et décisions du gouvernement, depuis 2004, ont cherché à rédiger des plans convenables face à la nouvelle donne climatique. Quatre principaux axes directeurs ont été définis par les autorités : réaliser les recherches scientifiques ; faire des analyses poussées afin de choisir les secteurs économiques à privilégier en fonction des années et des saisons ; développer le modèle d’économie verte ; et tirer profit de toutes les idées des citoyens dans la lutte contre les changements environnementaux. Et au regard de la situation qui, d’année en année, se dégrade, il est grand temps de passer des mots à l’action. Le Vietnam n’a de toute façon pas d’autre alternative.

Dang Duong/CVN

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