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L’œuvre +Doi sông gia dinh+ du peintre Lê Phô. |
Doi sông gia dinh représente un moment de famille intime, l’image d’une mère et d’un enfant sur un fond animé de personnes en mouvement. Cette œuvre, une gouache et encre sur toile de jute de 82 cm x 66 cm, a été réalisée entre 1937 et 1939. Elle combine des thèmes «orientaux» et des formes «occidentales», une caractéristique de la peinture de Lê Phô.
Des chiffres impressionnants
Avant Doi sông gia dinh, trois autres de ses œuvres sont parties à des prix élevés ces dernières années : Nhin tu dinh dôi (Vue de la colline), une huile de 1937, a été adjugée à 844.697 dollars ; Thiêu nu và cành na (La jeune fille et la branche de pommier cannelle), une peinture sur soie de 1938, à 567.178 dollars chez Christie’s Hong Kong ; et Tinh mâu tu (Maternité), une peinture sur soie de 1940, à 629.276 dollars chez Sotheby’s Hong Kong.
«C’est une étape cruciale, car cela prouve que, quelque part dans un coin de l’Asie, un peintre vietnamien a réussi à se faire connaître dans le monde», a déclaré Ngô Kim Khôi, un expert en évaluation d’œuvres d’art de Paris. «La vente apporte également l’espoir que des tableaux vietnamiens seront vendus à des prix plus élevés à l’avenir, ce qui est généralement le fonctionnement du marché».
Les œuvres de Lê Phô ont toujours été mises aux enchères par deux des salles de vente aux enchères les plus prestigieuses au monde, Christie’s et Sotheby’s, durant ce dernier demi-siècle, et «il ne sera pas surprenant que l’une de ses œuvres dépasse finalement le million de dollars», selon Vu Tuân Anh et Trân Quôc Hùng qui gèrent la maison de vente aux enchères Chon, à Hanoï. «Ce qui est surprenant, c’est qu’il a fallu beaucoup de temps pour que les œuvres de Lê Phô atteignent ce stade».
+Nhin tu dinh dôi+, une huile de 1937, a été adjugée 844.697 dollars chez Christie’s Hong Kong en 2014. |
Selon le peintre Lê Kinh Tài, les œuvres de Lê Phô sont assez connues dans les enchères internationales depuis des années, ce qui est rare même pour des peintres vietnamiens modernes plus acclamés. «Dans le passé, les collectionneurs internationaux ont acheté des peintures vietnamiennes par curiosité ou intérêt personnel, plutôt que par investissement», a-t-il constaté.
À Paris, Ngô Kim Khôi considère que cette prédiction se réalisera si les contrefaçons sont évacuées du marché, car de nombreux exemples de fausses œuvres ont amené les collectionneurs internationaux à aborder prudemment les œuvres vietnamiennes. «L’art vietnamien ne sera reconnu que si les collectionneurs, les experts et les personnes impliquées conjuguent leurs efforts pour écarter les faux en circulation», a-t-il souligné.
Thuy Hà/CVN