Selon les recherches de la Banque mondiale et du Comité intergouvernemental sur le changement climatique de l'Organisation des Nations unies, le Vietnam se trouve au 2e rang parmi 5 pays les plus touchés par le changement climatique et la montée des océans. Les régions littorales, celles des deltas du Mékong et du fleuve Rouge, où vivent plus de 20 millions d'habitants, sont particulièrement vulnérables.
Si le niveau de la mer augmente de 1 m, une "crise environnementale" se produira, affectant 12% de la superficie du territoire national et 11% de la population vietnamienne.
Selon l'Institut international de la recherche sur le riz, une augmentation moyenne de 1°C de la température fera chuter la production nationale de riz et de maïs respectivement de 10% et 20%. Dans son rapport, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural avertit que les calamités naturelles se produiront plus fréquemment et plus intensément. D'où des risques accrus de pertes humaines et matérielles.
Depuis 5 ans, les provinces du delta du fleuve Rouge sont touchées par une sécheresse chronique, causée par la baisse du niveau de ce fleuve en saison sèche. Selon les prévisions, aux alentours de 2070, le débit du Mékong augmenterait de 41% en amont et de 19% dans le delta pendant la saison des pluies par rapport aux observations actuelles. En revanche, il baisserait de 24% en amont et de 29% en plaine pendant la saison sèche. Dans le Nord, le débit du fleuve Rouge diminuerait de 19% à la même période. La sécheresse, conjuguée aux inondations et à la salinisation du sol, conduira à terme à la disparition de terres arables, entraînant une diminution de la production agricole nationale estimée à 6 millions de tonnes, soit 13% du volume total. L'aquaculture et la riziculture seront touchées à cause des pluies, qui deviennent de plus en plus acides. Les ressources en eau potable baisseront en raison de l'envahissement progressif de l'eau salée. Le Vietnam témoignerait d'une hausse de 20% des crues au niveau national.
Les effets du changement climatique sur le Vietnam sont déjà visibles. Depuis un siècle, la température et le niveau de la mer ont augmenté respectivement de 0,1°C et de 2,5-3 cm par décennie. Dans l'avenir, les conséquences porteront sur la multiplication des phénomènes inhabituels avec une pluviosité irrégulière, des crues, des inondations, des périodes de sécheresse plus fréquentes et plus marquées, la perte d'une partie des terres fertiles des 2 greniers à riz (deltas du fleuve Rouge et du Mékong). Sans compter les incendies de forêt, la résurgence des épidémies... en raison de la hausse de la température.
Le secteur agricole particulièrement affecté
Au Vietnam, l'agriculture joue un rôle très important dans le développement socio-économique national, représentant 20% du Produit intérieur brut (PIB) national. Dans le secteur agricole, le changement climatique nuit à la fois l'élevage, à la culture, à la sylviculture, à l'aquaculture...
Dans un scénario sur le changement climatique au Vietnam élaboré par le ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement, le climat dans l'ensemble du pays connaîtra des changements importants. À la fin du 21e siècle, la température moyenne du pays augmenterait de 2,3°C. La pluviosité augmentera fortement en saison des pluies et inversement en saison sèche.
La canicule, accompagnée d'une importante invasion de l'eau salée, sera quotidienne dans le delta du Mékong où les habitants devront subir les très graves problèmes liés à une vie sans eau propre. Aujourd'hui, entre 20% et 30% des terres sont touchées par l'intrusion du sel. Ce phénomène s'aggravera au fil des ans.
"Le Vietnam sera l'une des principales victimes du réchauffement planétaire, avec 73% de la population qui vit de l'agriculture. Si les inondations touchent 5.000 km² de terres dans le delta du fleuve Rouge et 20.000 km² dans celui du Mékong, la production agricole nationale sera inférieure de 12%, soit 5 millions de tonnes en moins chaque année. De plus, l'invasion de l'eau salée dans le sol rendra une partie des terres arables totalement incultivable", estime Cao Duc Phat, ministre de l'Agriculture et du Développement rural.
Ngân Huong/CVN