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Des flacon de la firme allemande Schott destinés à contenir un vaccin contre le COVID-19, le 20 novembre à Mayence. |
L'entreprise allemande, référence du secteur médical, ce groupe qui affiche 130 ans d'existence et porte encore le nom de son fondateur, Otto Schott, n'a pas attendu les annonces spectaculaires des dernières semaines pour satisfaire une demande inédite.
Pour les essais cliniques lancés depuis le printemps, Schott a déjà livré des millions de flacons aux laboratoires engagés dans la course au vaccin. Chez plusieurs développeurs, les fioles sont déjà remplies et n'attendent plus que le feu vert des autorités pour être commercialisées.
Le verre "borosilicate", dont Schott a fait sa spécialité, est très recherché pour sa capacité à résister aux températures extrêmes.
Si le secret professionnel empêche Christina Rettig, directrice de la communication, de nommer les laboratoires clients de l'entreprise, "ceux dont parlent les médias" en font partie.
Au total, trois quarts de la centaine d'essais cliniques en cours utilisent des flacons Schott, selon Mme Rettig.
Parmi les projets de vaccins les plus avancés : ceux du groupe américain Moderna et de l'alliance américano-allemande Pfizer/BioNTech. L'efficacité de ces produits est de près de 95% et les premières injections pourraient avoir être mises sur le marché dès la mi-décembre, selon les autorités européennes et américaines.
Schott et ses principaux concurrents, l'allemand Gerresheimer et la firme italienne Stevanato, sont prêts à relever le défi : les trois géants du secteur ont indiqué en juillet, dans un communiqué commun, travailler en lien étroit avec les laboratoires pour répondre à la demande.
À lui seul, le groupe Schott, dont le siège est situé à Mayence (ouest), comme BioNTech, compte produire assez de flacons pour deux milliards de doses de vaccins COVID-19 d'ici fin 2021, selon Mme Rettig.
Usines protégées
Déjà boosté par la demande chinoise, Schott avait lancé en 2019 un programme d'investissement d'un milliard d'USD (840 millions d'euros) pour développer les capacités de sa branche pharmaceutique. À l'arrivée des commandes liées à la pandémie, les machines supplémentaires étaient déjà prêtes.
"Cela nous a mis dans une bonne position pour accroître rapidement la production", explique Mme Rettig.
Les usines Schott tournent 24 heures sur 24 - comme c'est la norme dans le secteur - et aucune personne extérieure à l'entreprise n'est admise sur les chaînes de fabrication pour minimiser les risques d'infection.
Christina Rettig, directrice de la communication du fabricant allemand Schott, le 20 novembre à Mayence. |
Un important site de production du groupe en Bavière, situé à Mitterteich, s'est retrouvé au cœur de la pandémie très tôt, quand cette localité est devenue en mars l'un des premiers foyers allemands du nouveau coronavirus après une fête de la bière.
Conséquence de la fermeture des frontières, plusieurs travailleurs originaires de République Tchèque "n'ont pas vu leurs amis ou familles pendant des semaines".
"Référence absolue"
Le verre borosilicate a été inventé vers 1890 par Otto Schott, chimiste allemand issu d'une famille de verriers. Il peut supporter des températures allant de -80 à 500 degrés, propriété indispensable au vaccin BioNTech/Pfizer, qui nécessite d'être conservé à -70 dégrés.
Le matériau est également chimiquement inerte, empêchant des réactions potentiellement nocives entre le contenant et le contenu.
Associés aux scientifiques et industriels allemands Ernst Abbe et Carl Zeiss, Otto Schott a fondé un laboratoire qui a établi les bases technologiques du verre moderne.
Le verre borosilicate est ainsi devenu "la référence absolue" pour le condionnement de médicaments, explique Mme Rettig.
L'entreprise autrefois familiale, détenue intégralement par la fondation Carl Zeiss, emploie aujourd'hui quelque 16.000 employés dans plus de 30 pays pour un chiffre d'affaires de 2,2 milliards d'euros en 2018/2019.
Le groupe vend également des produits d'éclairage spécialisés, notamment pour l'endoscopie.
Contrairement aux laboratoires, les flacons ne font pas les gros titres de la presse, mais, assure Mme Rettig, les employés de Schott "sont fiers de contribuer à lutter contre le coronavirus."
AFP/VNA/CVN