>>Le Vietnam regorge de fruits inconnus en Occident
Arbre à pain, carambolier, goyavier, sapotillier… Autant de noms qui invitent déjà au voyage dans ce pays tropical. Rien qu’à les prononcer, on a comme un goût d’inconnu, d’exploration à venir, de saveurs à repérer. Pas toujours facile de reconnaître et donner un nom à des arbres qui nous sont totalement inconnus. Prenez votre carnet et partons à la découverte de quelques-uns qui font partie du quotidien vietnamien!
Aréquier
Palmier au tronc frêle terminé par une houppe de palmes. La noix d’arec est utilisée pour la chique de bétel. À chaque fois que j’en vois un, je pense à l’histoire que l’on m’a racontée: une jeune femme aimée par deux frères, qui se sont tous transformés en arbre, pierre et liane. C’est un empereur qui a exigé qu’à chaque invitation, on offre aux invités une noix d’arec, avec une feuille de bétel et un peu de chaux pour se rappeler l’amour conjugal et l’amour filial. Belle histoire! Mais, mon palais a bien du mal à accepter le goût de cette noix d’arec.
Carambolier
La carambole est le fruit exotique du carambolier. Le fruit est mangé avec du sel ou comme légume. Il est particulièrement riche en acide ascorbique. En France, je l’avais déjà beaucoup vu dans les assiettes que certains restaurateurs décorent avec plus ou moins de bonheur, en découpant les fruits en tranches étoilées.
Gingembre
Utilisé en cuisine, surtout râpé ou coupé en fines lamelles, il est réputé pour son effet tonique. Je me souviens d’un couple d’amis venu plusieurs fois au Vietnam. Très souvent, ils prenaient le temps d’aller dans la rue Thuôc Bac, dans le Vieux quartier de Hanoï, pour se rendre chez un apothicaire qui leur confectionnait des boîtes de petites lamelles de gingembre. Ils en prenaient chaque jour, en matinée, pour renforcer leur santé. Comme tant d’autres l’utilisent depuis près de 5.000 ans.
Mangoustan
Le plus cher des fruits exotiques avec le durion. Sa chair est délicieuse. Derrière une coque épaisse et pourpre, le mangoustan est un petit fruit sucré qui cache une chair fondante d’une blancheur nacrée aux arômes de pêche, d’ananas et de framboise. Disponible tout au long de l’année, il est encore peu utilisé dans la cuisine occidentale, mais régale depuis des millénaires les adeptes de médecine ancestrale.
Appelé "le fruit des Dieux", il possède une valeur nutritionnelle exceptionnelle en calcium, en potassium et en fer. Riche aussi en fibres, il est blindé en vitamines A, C et de toutes les formes de vitamines B1, B3, et B9. Mais, attention! Une surconsommation de mangoustan peut être source de constipations et d’aggravations de certaines maladies intestinales.
Sapotillier
Chair douce et pulpeuse. L’écorce exsude un latex utilisé pour fabriquer le chewing-gum. La sapotille est le fruit du sapotillier ou sapotier, arbre tropical à feuilles persistantes, à croissance lente pouvant atteindre 15 m de hauteur et portant des fruits toute l’année. Sa chair est légèrement granuleuse comme celle de la poire, avec des pépins ovales et aplatis en leur centre. La couleur varie du jaune roux au marron foncé. Elle est juteuse, sucrée et très parfumée. Sa saveur est comparée au miel ou à l’abricot. La sapotille doit être consommée bien mûre, sinon sa teneur élevée en tanin rend sa saveur déplaisante. C’est une riche source de fibres, de cellulose, de sucre et de vitamines.
Tamarinier
La gousse est consommée verte ou mûre. Feuille, écorce, ou bois ont également un usage médicinal. Ce fruit tropical est utilisé en cuisine pour sa saveur acide. Il est vendu séché ou en pâte. Faites-le tremper cinq minutes à l’eau tiède avant de l’utiliser. Pressez ensuite le tamarin pour en extraire la pulpe, et passez la pulpe et l’eau de trempage qui vous serviront pour la cuisson. Le tamarin a un parfum extrêmement fort, c’est pourquoi, un morceau gros comme une noix suffit largement. Plus vous le laissez tremper, plus son parfum est fort. Les Thaïlandais ont l’habitude d’ajouter des graines de tamarinier moulu dans leur café pour l’aromatiser et faire des économies, comme on le fait en Occident avec la chicorée.
Noix de cajou
La grande saga de la noix de cajou commence vers 1558 mais les premières traces écrites apparaissent en 1578. Ce sont les Portugais qui ont apporté l’anacardier de son Brésil natal en Inde, en Afrique et jusqu’en Asie. Pendant 400 ans, la noix de cajou a été cultivée pour son goût, sa haute teneur en vitamine C et ses propriétés médicinales. Le jus de cette "pomme" peut être consommé. Il est légèrement acidulé et très parfumé. Lorsqu’il n’est pas consommé frais, il évolue et se charge en alcool. Au centre de la noix, se trouve une seule amande en forme de demi-lune d’environ trois centimètres de longueur entourée d’une pellicule blanche. Elle deviendra, après avoir été grillée et salée, la "noix de cajou" que l’on connaît.
Je pourrai encore citer un grand nombre d’autres arbres comme manguier, papayer, bananier, oranger, fruits du dragon… Mais, nous allons garder ceci pour une autre fois. Dans l’immédiat, je vous laisse parcourir routes et chemins pour découvrir, toucher et goûter les fruits de ces arbres qui se glissent le long des chaussées, en fond de vallée, sur des pitons ou à l’orée de certaines forêts.
Et pour terminer cette petite promenade arboricole, je vais vous indiquer quel est l’arbre qui me surprend le plus au Vietnam: c’est le kapokier (arbre à coton). Il donne des fruits avec une fibre végétale soyeuse et légère, constituant le feutre, et que l’on utilise pour son élasticité et son imperméabilité à la chaleur. Un arbre avec lequel on peut rembourrer des coussins, c’est quand même unique.
Gérard Bonnafont/CVN