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La directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, arrive à la Cour suprême de Colombie-Britannique, à Vancouver, le 26 octobre. |
L'agent Winston Yep, de la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale), témoignait au premier jour d'une nouvelle série d'audiences dans le cadre de la demande d'extradition de Meng Wanzhou, en présence de l'intéressée. Directrice financière du groupe chinois des télécoms, Meng Wanzhou avait été arrêtée à la demande des États-Unis, qui l'accusent d'avoir contourné les sanctions américaines contre l'Iran.
M. Yep témoignait à la demande des avocats de Mme Meng, qui accusent les autorités canadiennes d'avoir violé ses droits lors de son arrestation, notamment en l'interrogeant pendant trois heures sans qu'elle sache pourquoi, avant de l'arrêter. Les avocats de Mme Meng affirment que les autorités canadiennes et américaines "ont conspiré pour retarder l'arrestation de Mme Meng et ont tenté d'obtenir des informations qui aideraient les autorités américaines à la poursuivre pour fraude", notamment en confisquant ses appareils électroniques.
Selon M. Yep, les autorités américaines avaient demandé à la police et aux douaniers canadiens de saisir immédiatement les appareils électroniques de Mme Meng et de les placer dans un "sac de Faraday", un dispositif "qui empêche d'effacer les données à distance". L'agent a expliqué qu'il ne connaissait pas Mme Meng avant d'être appelé à l'arrêter.
"On m'a envoyé une requête, un résumé des faits, concernant la personne qui faisait l'objet d'une demande d'extradition", a-t-il raconté. "Tout ce que je savais, c'est que Huawei était la plus grande société de télécommunications du monde. Mais je ne savais pas jusqu'à ce moment qui était Mme Meng". D'autres témoignages de policiers et de douaniers canadiens sont prévus lors de cette nouvelle semaine d'audiences.
Principaux développements depuis l'arrestation au Canada en décembre 2018 de la No2 du géant des télécoms chinois Huawei. |
Mme Meng est accusée de fraude pour avoir menti à la banque HSBC sur la relation entre Huawei et Skycom, une filiale qui vendait des équipements de télécoms à l'Iran, lors d'une présentation faite en 2013, exposant la banque à des sanctions américaines.
Représailles
La défense de Mme Meng va une nouvelle fois tenter de convaincre la juge que les droits de sa cliente ont été violés, après qu'elle a été interrogée pendant trois heures par les agents des douanes canadiennes sans savoir ce qui lui était reproché avant d'être officiellement arrêtée.
Les avocats dénoncent également la saisie de ses appareils électroniques, notamment son téléphone et son ordinateur portable, qui ont été transmis au FBI américain, ce qui constitue selon eux une violation de la Charte canadienne des droits et libertés. Les avocats de la ressortissante chinoise ont précédemment défendu des allégations en ce sens pour demander l'accès à des documents secrets qui selon eux prouvent l'existence d'un complot entre le FBI et les autorités canadiennes. Un tel complot, s'il était démontré, pourrait entraîner l'annulation de la procédure d'extradition.
La justice avait déjà remis des piles de documents à la défense, dont la plupart étaient caviardés. Les avocats ont également demandé lors de précédentes audiences l'accès à des rapports, courriels et notes rédigés par des agents des services de renseignements canadiens. Cette requête présentée devant la Cour fédérale d'Ottawa leur a été refusée en août. L'arrestation de Meng Wanzhou, qui vit depuis en résidence surveillée à Vancouver, a déclenché une crise diplomatique sans précédent entre Ottawa et Pékin.
Quelques jours après son interpellation, l'ex-diplomate canadien Michael Kovrig et son compatriote, le consultant Michael Spavor, avaient été arrêtés en Chine, avant d'être inculpés d'espionnage mi-juin. Leur détention est largement considérée en Occident comme une mesure de représailles.
AFP/VNA/CVN