>>Dernières négociations avant un sommet crucial pour l'Union européenne
Photo de famille du Sommet européen, le 18 février à Bruxelles. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"On a besoin d'un accord qui soit assez fort pour persuader les Britanniques de soutenir l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne", a expliqué le Premier ministre britannique devant les autres dirigeants européens, auxquels il espère arracher un compromis afin d'organiser un référendum sur la question dès juin.
Un accord, a-t-il plaidé, qui permette de régler le problème des relations entre Londres et le continent "pour une génération".
"La nuit pourrait être longue", a indiqué une source de Downing Street en milieu de soirée. En tout état de cause, un accord n'est pas attendu avant la dernière session de travail prévue vendredi matin.
Même si les électeurs britanniques restent partagés, la perspective d'un "Brexit" - une sortie du Royaume-Uni de l'UE - fait trembler l'Union, déjà ébranlée par une crise migratoire sans précédent depuis 1945.
"C'est l'heure de vérité", a lancé le Premier ministre belge Charles Michel, dont le pays est un des plus réticents à accorder des concessions à Londres.
"Nous voulons un bon accord mais pas à n'importe quel prix", a renchéri la Première ministre polonaise Beata Szydlo.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui chapeaute depuis des mois les négociations, a dramatisé l'enjeu, jugeant "réel" le risque d'un éclatement de l'UE. "Nous sommes au milieu de négociations encore très difficiles et sensibles", a-t-il avoué le 18 février, "mais une chose est claire à mes yeux: à ce sommet, ça passe ou ça casse".
Préjugés
Le président de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker, s'est néanmoins dit "assez confiant", même s'il reste des contentieux épineux à trancher.
David Cameron souhaite en particulier limiter l'immigration de travail intra-européenne et demande des garanties visant à préserver les intérêts économiques et financiers de son pays qui n'appartient pas à la zone euro.
"Sur certains points, il faut encore aller dans les détails", a précisé Martin Schulz, le président du Parlement européen qui sera amené à voter certaines modifications législatives si un accord est trouvé. Toutefois, "le risque existe que les Britanniques ne votent pas sur le résultat de ce sommet mais sur des préjugés", s'est-il inquiété, en référence au puissant courant eurosceptique outre-Manche.
Le Premier ministre britannique, David Cameron (droite), et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le 18 février à Bruxelles. |
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S'ils sont disposés à reconnaître la "spécificité britannique", les Européens veulent éviter toute "contagion" à d'autres États membres des concessions accordées à M. Cameron, comme la possibilité de restreindre les prestations sociales aux ressortissants européens travaillant en Grande-Bretagne.
Cette mesure controversée, jugée "discriminatoire" au regard du principe "fondateur" de libre circulation, inquiète les pays d'Europe centrale et de l'est dont elle vise les travailleurs.
M. Tusk a donc proposé un "mécanisme de sauvegarde" autorisant Londres à limiter temporairement les allocations sociales aux migrants européens, mais la question de sa durée d'application "reste grande ouverte", selon un diplomate d'Europe centrale.
Inacceptable
La chancelière allemande Angela Merkel s'est montrée ouverte aux revendications de son homologue britannique - à ses yeux "justifiées et compréhensibles" -, même si la France assure avoir son soutien en ce qui concerne la gouvernance économique et la réglementation des services financiers.
Pour la France, pas question "d'ouvrir la possibilité d'un veto" de Londres, qui n'est pas membre de la monnaie unique, sur le renforcement de la zone euro.
"Un accord est possible (...) mais on ne peut pas empêcher l'Europe d'avancer", a averti le président François Hollande.
"Qu'un pays en dehors de la zone euro puisse avoir une stratégie qui va à l'encontre de celle de la zone euro, ça c'est inacceptable", a insisté le Premier ministre belge Charles Michel.
"Il faut que les mêmes règles de concurrence s'appliquent à tout le monde", a abondé une source diplomatique française.
Sur l'autre question brûlante, la crise migratoire, qui déchire les 28 et auquel ceux-ci ont consacré toute la soirée, les Européens vont exiger de la Turquie des "efforts supplémentaires, résolus" pour combattre les passeurs et endiguer les flux, selon le projet de conclusions du sommet. À défaut de résultats, l'UE devra faire des "choix" lors de son prochain sommet en mars, préviennent-ils.
Les appels de Mme Merkel à une réponse européenne "commune" sont de plus en plus ignorés, à commencer par l'Autriche qui va instaurer un quota journalier de demandeurs d'asile autorisés à entrer sur son territoire.
AFP/VNA/CVN