>>Grammy Awards : Jay-Z, Kendrick Lamar et Bruno Mars en pole position
Jay-Z reçoit un prix lors d'un gala organisé à New York par le producteur Clive Davis à la veille des 60e Grammy Awards, le 28 janvier |
L'héritier du funk Bruno Mars a reçu trois récompenses dans la catégorie R & B, assorties d'un prix technique pour le mixage de son album 24K Magic, et le rappeur Kendrick Lamar a obtenu deux récompenses dans celle du rap, avec en sus le prix de la vidéo de l'année pour Humble.
Le suspense restait néanmoins entier dans les catégories principales, où ces deux artistes étaient surtout en concurrence avec le rappeur Jay-Z.
Déjà vainqueur à 21 reprises mais jamais dans une des quatre catégories principales des Grammys, Jay-Z - Shawn Carter de son vrai nom - se présente fort de huit nominations, le record de cette promotion 2018, pour son album 4:44, succès critique et commercial.
Mais le rappeur de 48 ans, mari de Beyoncé, n'a pas la faveur des parieurs pour la catégorie reine Album de l'année, devancé par Kendrick Lamar et son album DAMN., qui arrive en tête chez une demi-douzaine de bookmakers britanniques.
La presse américaine, elle, table sur une victoire de Bruno Mars : beaucoup pronostiquent une dilution des votes des amateurs de hip-hop, principalement entre Jay-Z et Kendrick Lamar, même si Childish Gambino devrait aussi glaner quelques voix.
Un tel scénario serait un nouveau camouflet pour ce genre dominant de l'industrie musicale : le hip-hop n'a emporté que deux fois l'album de l'année, en 1999 avec Lauryn Hill et 2004 avec Outkast.
En 2017, alors que tout le monde annonçait le triomphe du Lemonade de Beyoncé, c'est finalement la Britannique Adele qui avait été couronnée avec son album 25.
Le rappeur Kendrick Lamar sur scène au Centennial Olympic Park le 8 janvier à Atlanta, lors d'un championnat de football universitaire. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
De nombreuses critiques avaient alors dénoncé un manque d'ouverture des Grammys, voire un racisme latent, déjà illustré par le succès de Taylor Swift devant Kendrick Lamar en 2016, de Beck devant Beyoncé en 2015, ou de Taylor Swift face à Beyoncé déjà en 2010.
C'est justement pour protester contre la non nomination d'un autre rappeur, DMX, que Jay-Z avait boycotté l'édition 1999, a-t-il raconté samedi 27 janvier lors d'une soirée d'avant-gala à Manhattan.
Mais il était finalement revenu en 2004 pour accompagner Beyoncé. "Et je me suis dit, +Mec, l'art est vraiment subjectif et tout le monde fait de son mieux, et l'Académie, ce sont aussi des humains comme nous+", a-t-il raconté devant un parterre de stars, dont son épouse.
Les résultats du scrutin, auquel participent 13.000 professionnels de la musique, pourraient cette fois être influencés par l'instauration, très tardive, du vote électronique, susceptible d'accorder plus d'importance aux jeunes.
Rose blanche contre le harcèlement
Si l'avènement du hip-hop n'est pas certain, une chose est sûre : il ne sera pas supplanté par le rock cette année.
Le genre historique est totalement absent des quatre catégories majeures, où sont représentés hip-hop, funk, R&B, indie pop ou encore reggaeton, avec le mégahit Despacito, archifavori comme Disque de l'année.
Exceptionnellement, les Grammy Awards se déroulent cette année au Madison Square Garden de New York, un retour dans la Grosse pomme pour la première fois depuis 2003, avant de retourner l'an prochain à Los Angeles.
Les nominations dans les catégories principales des Grammy Awards 2018 |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La retransmission télévisée s'étire sur près de quatre heures, avec près de vingt numéros musicaux attendus, parmi lesquels Kendrick Lamar, Elton John - qui vient d'annoncer une dernière tournée monstre -, Rihanna, Bruno Mars et Cardi B, la rappeuse sensation de l'année.
Totalement boudée pour les catégories principales, la facétieuse rappeuse du Bronx n'a décroché aucun Grammy dimanche 28 janvier, voyant les deux prix de meilleure performance rap et de meilleur titre rap lui échapper, au profit de Kendrick Lamar.
Les victoires de dizaines d'artistes femmes dans les catégories majeures dans les années passées pouvaient laisser penser que le sujet de la représentation des femmes dans l'industrie musicale était moins prégnant qu'à Hollywood.
Mais une étude publiée jeudi 25 janvier par l'Annenberg Inclusion Initiative, un projet porté par l'université de Californie du Sud (USC), a montré que dans la production musicale, le rapport entre hommes et femmes est de 49 à 1.
Quant à la question du harcèlement sexuel, le monde de la musique est jusqu'ici resté très en retrait par rapport à l'industrie du cinéma, en pleine remise en cause avec l'affaire Weinstein.
En début de semaine, le monde de la musique s'est réveillé comme en sursaut et un groupe de musiciennes a proposé d'arborer une rose blanche aux Grammys en signe de solidarité.
Dimanche 28 janvier, sur le tapis rouge, quasiment tous les artistes avaient respecté la consigne, de Lady Gaga à Sam Smith, en passant par Cindy Lauper ou Cardi B.