>>Les négociations post-Brexit dans l'impasse, Johnson et von der Leyen à la rescousse
>>L'UE et le Royaume-Uni entament leur "dernière semaine" de négociations
>>Londres et l'UE sont "loin d'un accord sur la pêche"
Le négociateur en chef européen Michel Barnier à son arrivée à Bruxelles le 5 décembre 2020. |
Ce "nouvel effort" a été décidé samedi soir 5 décembre au plus haut niveau par le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, après une suspension des négociations pendant 24 heures vendredi 4 décembre à l'issue d'une semaine infructueuse à Londres.
Les deux responsables feront un nouveau point lundi soir 7 décembre, sous la pression toujours plus intense du calendrier, puisqu'un éventuel accord commercial devra encore être ratifié par les parlements britannique et européen avant d'entrer en vigueur le 1er janvier.
L'Allemagne, qui occupe actuellement la présidence de l'UE, a salué la poursuite des discussions, rappelant qu'elle n'accepterait pas un accord "à n'importe quel prix".
Un engagement destiné à rassurer les Européens, au moment où des tensions sont apparues cette semaine entre les Vingt-Sept, certains craignant que l'UE n'accorde des concessions trop importants pour éviter un "no deal", selon des sources européennes.
Ces 48 heures s'annoncent à haut risque puisque Boris Johnson et Ursula von der Leyen n'ont pu que constater à nouveau samedi soir "les divergences importantes" sur les trois sujets qui bloquent les discussions depuis mars.
Il s'agit des garanties en matière de concurrence exigées par les Européens en échange d'un accès britannique sans quota ni tarif à leur grand marché, de la façon de régler les différends et de la pêche.
Malgré son faible poids économique, cette dernière question est hypersensible pour certains Etats européens, en particulier la France qui a brandi la menace d'un veto si l'accord devait léser ses pêcheurs, libres jusqu'à présent d'accéder aux eaux britanniques, alors que Londres entend en récupérer le contrôle.
"Les trois sujets sont liés entre eux par le fil rouge de la souveraineté côté britannique - le +take back control+ des Brexiteers - et celui de la protection des intérêts des Européens" qui refusent de voir surgir une économie dérégulée à leur porte, souligne une source européenne.
Sujet chaud au sommet
Le drapeau britannique devant le Parlement européen le 31 janvier 2020 à Bruxelles, quelques heures avant le départ du Royaume Uni de l'Union européenne. |
Le négociateur européen Michel Barnier s'est montré prudent sur la reprise des pourparlers. "Nous verrons si nous pouvons avancer", a-t-il dit dans un tweet.
Alors que les Européens disaient vouloir aboutir ce week-end, cette nouvelle séquence de 48 heures ne sera peut-être pas la dernière, tant la saga du Brexit a été riche en rebondissements.
Quel que le soit le résultat lundi soir, la future relation avec Londres devrait de toute façon être l'un des sujets chauds du sommet européen jeudi 10 et vendredi 11 décembre à Bruxelles.
Depuis le départ officiel du Royaume-Uni, le 31 janvier dernier, Londres continue d'appliquer les règles européennes. Ce n'est qu'à la fin de cette période de transition, le 31 décembre, qu'interviendront sa sortie du marché unique et de l'union douanière.
Faute d'accord, les échanges entre Londres et l'UE se feront dès le 1er janvier selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, faisant courir le risque d'un nouveau choc économique en plus de celui lié à la pandémie de coronavirus.
Ajoutant encore à la tension des négociations et à la méfiance des Européens envers Londres, un texte très controversé fait son retour lundi devant les députés britanniques: le projet de loi sur le marché intérieur.
Malgré la fureur de Bruxelles, le gouvernement Johnson va réintroduire ses dispositions jugées problématiques par l'UE - expurgées par la chambre haute du Parlement - qui lui réservent la possibilité de passer outre certaines dispositions du traité de divorce conclu il y a tout juste un an. Londres assure qu'il s'agit d'un "filet de sécurité", qui n'aurait plus lieu d'être en cas d'accord.
AFP/VNA/CVN