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Manifestation pour demander un référendum sur l'accord final du Brexit, le 20 octobre 2018 à Londres. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"Il y a une dynamique croissante derrière la campagne pour un deuxième référendum, et cela deviendra une option sérieuse si, et plus probablement quand, l'accord de Theresa May est rejeté à la chambre des Communes", estime Constantine Fraser, spécialiste en politique européenne au cabinet TS Lombard.
"Je ne dirais pas que c'est probable mais plutôt qu'il s'agit plutôt d'une possibilité qui gagne du terrain", ajoute-t-il.
Theresa May est engagée dans une course contre-la-montre, pour convaincre des députés britanniques très sceptiques que l'accord de divorce négocié avec les 27 autres pays de l'Union européenne est "le meilleur" et "le seul possible".
À ce stade, elle semble très loin de rassembler le nombre de voix nécessaires à l'adoption du texte le 11 décembre, confrontée à l'hostilité tant des Brexiters craignant un amarrage illimité du Royaume-Uni avec l'UE que des europhiles, qui voient peu d'intérêt à sortir du club européen.
Dernier en date à claquer la porte du gouvernement en désaccord avec l'accord de divorce avec l'UE, le secrétaire d'État chargé de la Science, Sam Gyimah, a prévenu samedi 1er décembre qu'il voterait contre le texte. Ce député conservateur qui avait défendu le maintien dans l'UE a enjoint la cheffe du gouvernement de ne pas exclure la tenue d'un second référendum en cas de défaite au parlement.
Manifestation pour demander un nouveau référendum sur le Brexit, le 23 juin 2018 à Londres. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"Inévitable"
Si elle essuie un échec, la dirigeante conservatrice pourrait jouer la carte de la peur et obtenir in fine le soutien des députés lors d'un nouveau vote, en brandissant la menace de chaos pour le Royaume-Uni en cas de départ sans accord le 29 mars 2019, analyse pour l'AFP Nick Wright, de l'University College de Londres.
Mme May exclut catégoriquement la tenue d'un second référendum, y voyant "une trahison" du choix exprimé par 52% des Britanniques en faveur d'une sortie de l'UE, en juin 2016.
Il n'empêche, l'idée gagne du terrain. Elle avait mobilisé près de 700.000 manifestants à Londres en octobre. Et un sondage publié cette semaine par le tabloïd Daily Mail montre que 48% des Britanniques réclament un nouveau vote (contre 34% qui n'en veulent pas).
Les propos du président du Conseil européen, Donald Tusk, sont également venus renforcer ces espoirs. S'exprimant vendredi 30 novembre en marge du G20 à Buenos Aires, il a dit qu'un rejet de l'accord ne laisserait que deux options: "un no deal ou pas de Brexit du tout".
Le second référendum a reçu cette semaine le soutien d'un haut responsable du Parti travailliste, John McDonnell, laissant suggérer un glissement de position de la principale formation d'opposition, qui s'y était jusqu'ici officiellement opposée. Il a estimé "inévitable" ce soutien, réclamé par une large base du parti, si le Labour échoue à provoquer de nouvelles élections.
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"Compliqué"
Reste qu'outre les divergences sur la formulation de la question d'un nouveau référendum et l'absence de soutien du gouvernement – qui pourrait toutefois être contraint de céder sous la pression – c'est aussi le calendrier qui pose problème.
Le Royaume-Uni a activé le 29 mars 2017 l'article 50 du traité de Lisbonne, enclenchant un processus de sortie devant être bouclé au bout de deux ans. À la demande d'un groupe d'élus écossais pro-européens, la Cour de justice de l'UE devra dire si ce processus peut être stoppé.
Le Royaume-Uni pourrait aussi plaider pour une extension de ce délai, le temps de sonder ses électeurs. Mais avec les élections européennes fixées à fin mai, Londres pourrait ne gagner que quelques semaines supplémentaires. Insuffisant.
"Le plus gros obstacle à un second référendum est le timing", souligne Constantine Fraser, relevant qu'il faut "quatre à cinq mois" au Royaume-Uni pour organiser un référendum. Et "quoi qu'il arrive, le Royaume-Uni restera très divisé".
"Si jamais on aboutit à ça, les Européens ne prolongeront l'article 50 que jusqu'aux élections européennes", affirme une source diplomatique.
Nick Wright estime pour sa part que Bruxelles pourrait faire preuve de flexibilité face à un référendum qui pourrait complètement changer la donne. "Ce serait compliqué (...) mais je ne pense pas que l'UE dirait non".
AFP/VNA/CVN