Brexit : Theresa May reconnait les "dures réalités"

La Première ministre britannique Theresa May a reconnu vendredi 2 mars que son pays n'obtiendrait pas tout ce qu'il veut dans les négociations sur sa sortie de l'Union européenne, tout en plaidant pour un accord de libre-échange "le plus large possible".

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La Première ministre britannique Theresa May et le président du Conseil européen Donald Tusk,
La Première ministre britannique Theresa May et le président du Conseil européen Donald Tusk, le 1er mars à Londres.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous devons reconnaître que c'est une négociation et qu'aucun d'entre nous n'aura exactement ce qu'il veut", a dit Mme May dans un discours prononcé à Londres dans lequel elle a pour la première fois évoqué les conséquences économiques concrètes du départ de l'UE et quelques "dures réalités".

La dirigeante a dit vouloir un "accord le plus large possible", "couvrant plus de secteurs et avec davantage de coopération que n'importe quel accord de libre-échange dans le monde aujourd'hui". Mais elle a reconnu qu'après avoir quitté le marché unique "la vie va être différente".
"Elle a admis que son approche réduirait l'accès que nous avons aux marchés européens",
a réagi le leader de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn.

De son côté, le négociateur en chef de la Commission européenne Michel Barnier a salué la "clarté" de son discours, y voyant "la reconnaissance de compromis" qui "éclaireront les lignes directrices" de négociations préparées de leur côté par les 27.

Mais le chef de file des eurodéputés conservateurs du PPE au Parlement européen, Manfred Weber, s'est dit "encore plus inquiet". "Je ne vois pas comment on pourrait conclure un accord sur le Brexit si le gouvernement britannique continue de faire l'autruche comme cela", a commenté sur Twitter M. Weber, qui fait partie de la même famille politique que les présidents de la Commission et du Conseil européen, Jean-Claude Juncker et Donald Tusk.

La cheffe du gouvernement britannique défend la sortie du marché unique et de l'union douanière et veut un accord de libre-échange différent de ceux existant entre l'UE et le Canada, ou avec la Norvège, membre du marché unique sans faire partie des 27.

Elle a par ailleurs assuré que "les normes britanniques resteront au moins aussi élevées que celles de l'UE". Le pays continuera à se plier à l'autorité de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pendant une période de transition "limitée" mais ensuite Londres veut un "arbitrage indépendant", a-t-elle dit, tout en reconnaissant que la justice britannique pourrait continuer à prendre en considération les décisions de la CJUE à l'avenir.

Pas de frontière "dure"

Graphique montrant les difficultés des négociations du Brexit entre l'UE et le Royaume Uni.
Graphique montrant les difficultés des négociations du Brexit entre l'UE et le Royaume Uni.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mme May a précisé qu'elle ne cherchait pas à conserver le "passeport financier" qui permet aux banques britanniques de proposer leurs services partout dans l'UE. Son ministre des Finances doit livrer davantage de détails la semaine prochaine.

Elle assure ne pas vouloir "l'introduction de droits de douanes" sur les biens et souhaite parvenir à un accord de libre-échange le plus large possible, qui engloberait aussi les services.

Sur la question sensible de l'Irlande, Theresa May a redit son opposition à une frontière "dure" entre la république d'Irlande, membre de l'UE, et l'Irlande du nord, province britannique qui quittera l'UE après le Brexit, et a reconnu que le Royaume-Uni devait "aider à trouver une solution", tout en soulignant : "nous ne pouvons pas le faire seuls".

Theresa May veut préserver l'accord du Vendredi saint, en 1998, qui a mis fin à trois décennies d'affrontements sanglants entre nationalistes et unionistes nord-irlandais en renforçant les liens entre les deux territoires, un engagement salué par le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar.

Toutefois, Leo Varadkar reste "préoccupé par le fait que certaines des contraintes liées à la sortie de l'Union douanière et du marché unique ne sont toujours pas pleinement reconnues". "Plus de détails mais pas de progrès" a, elle, commenté sur Twitter la Première ministre écossaise (SNP).

Theresa May, qui prononçait son troisième grand discours sur le Brexit depuis son accession au pouvoir en juillet 2016, est en permanence sous pression en raison des divisions de son parti conservateur sur le Brexit, un sujet qui clive également le pays.

AFP/VNA/CVN

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