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Michel Barnier est chargé des négociations avec Londres en vue du Brexit. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le ministre du Brexit, David Davis, et le négociateur en chef de la Commission européenne Michel Barnier "ont convenu ce jour (jeudi 15 juin) de lancer les négociations lundi 19 juin", selon un communiqué commun de Londres et de la Commission.
Cette date avait été convenue avant les législatives anticipées du 8 juin au Royaume-Uni. Mais le revers essuyé par la Première ministre conservatrice, qui a perdu sa majorité absolue et est toujours en négociation pour former une majorité gouvernementale, a fait craindre une remise en cause de ce calendrier.
Alors que des responsables européens montraient des signes d'impatience, Mme May avait affirmé mardi 13 juin que le calendrier serait "maintenu" et que les discussions commenceraient bien "la semaine prochaine", soit presque un an après le référendum historique du 23 juin 2016.
Londres est supposé quitter l'Union européenne fin mars 2019, soit deux ans après le lancement officiel de la procédure de sortie par Mme May, le 29 mars.
Reste que Theresa May se lancera dans ces discussions difficiles dans une position précaire : pour espérer retrouver une majorité absolue au parlement, la dirigeante conservatrice est dans l'obligation de faire alliance avec le parti nord-irlandais DUP, dont les dix élus lui permettraient d'atteindre les 326 sièges requis pour avoir une majorité la chambre des Communes.
Si l'accord n'est pas encore finalisé, les deux parties ont trouvé un "large terrain d'entente" sur plusieurs questions clefs, a affirmé jeudi 15 juin un haut responsable tory, qui envisage désormais sereinement le vote de confiance du Parlement.
Celui-ci peut intervenir plusieurs jours après le discours de la reine Elizabeth, lors duquel la souveraine présente le programme législatif du gouvernement, et dont la date a été fixée au jeudi au 21 juin, soit deux jours plus tard que prévu.
Tensions sur l'Irlande du Nord
Mais la perspective d'un accord avec le DUP, un parti ultra-conservateur opposé au mariage homosexuel et à l'avortement, inquiète au Royaume-Uni comme en Irlande.
Michelle O'Neill, la dirigeante du Sinn Fein, formation historique des nationalistes catholiques, a mis en garde contre une alliance qui "saperait l'accord du Vendredi saint", qui avait mis fin en 1998 à 30 ans de violences dans la province britannique.
Une alliance entre le DUP et le gouvernement poserait en effet la question de la neutralité de l'exécutif britannique en Irlande du Nord.
"Le risque, c'est que l'Irlande du Nord continue sur la mauvaise pente et que le processus de paix en pâtisse", a souligné Simon Usherwood, de l'université du Surrey.
Lors d'une rencontre jeudi 15 juin à Downing Street avec les cinq principaux partis nord-irlandais, Theresa May a tenté de "rassurer" sur la "neutralité" du gouvernement, a indiqué Naomi Long, leader du parti de l'Alliance (modérés), tout en confiant son inquiétude sur la réalité de cet engagement.
Mme May et la chef du DUP Arlene Foster pourraient également devoir accorder leurs points de vue sur le Brexit.
La Première ministre a en effet prôné jusqu'ici un Brexit "dur", impliquant notamment une sortie du marché unique, tandis que le DUP veut éviter le retour d'une frontière physique avec l'Irlande, membre de l'UE.
Sans entrer dans le détail, le responsable tory a assuré que la sortie de l'UE faisait partie des sujets inclus dans le "terrain d'entente".