>>Brexit: Theresa May prête à accorder un nouveau référendum pour sortir de l'impasse
La Première ministre britannique Theresa May. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
À la veille des élections européennes en Grande-Bretagne, qui s'annoncent difficile pour les conservateurs, la ministre chargée des relations avec le Parlement, Andrea Leadsom, a annoncé mercredi soir 22 mai sa démission estimant "ne plus croire" que le gouvernement puisse mettre en œuvre le résultat du référendum de juin 2016 en faveur du Brexit.
Le départ de cette eurosceptique de 56 ans, entrée en 2016 au gouvernement et restée jusqu'alors loyale à sa cheffe est un coup dur de plus pour Theresa May, qui s'accroche désespérément à son poste.
Il intervient au lendemain de la présentation par Mme May d'un plan de la "dernière chance" pour le Brexit. Il prévoit une série de compromis, dont la possibilité de voter sur un second référendum et le maintien dans une union douanière temporaire avec l'UE, pour tenter de rallier la majorité des députés.
Mais en lâchant du lest, Theresa May a hérissé les eurosceptiques de son camp, dont Andrea Leadsom.
Un second référendum "divisif"
Mme Leadsom explique dans sa lettre de démission publiée sur Twitter qu'elle ne pense pas qu'avec le projet de Brexit de Theresa May, le Royaume-Uni serait "pleinement souverain", l'un des objectifs des pro-Brexit. Elle pense aussi qu'un second référendum "diviserait dangereusement" le pays.
Selon un sondage YouGov publié mercredi 22 mai par le Times, les élections européennes de jeudi placeraient les Tories à une humiliante cinquième place (7%), 30 points derrière le Parti du Brexit de Nigel Farage, en tête.
Ce départ érode l'autorité déjà bien fragile de Theresa May, qui a vu partir au fil des mois une trentaine de membres de son gouvernement.
Le "comité 1922", responsable de l'organisation des Tories, s'est réuni dans l'après-midi pour discuter d'un éventuel changement de règles pour évincer Theresa May, déjà sommée la semaine dernière par cette instance de préparer son départ. Les discussions devaient se poursuivre dans la soirée.
Graham Brady, le président de ce comité, a déclaré à des journalistes qu'il rencontrerait la Première ministre vendredi 24 mai, une réunion qui pourrait bien sceller le sort de Theresa May.
Élections sanction
Jeudi, en votant pour les élections européennes, les Britanniques risquent bien de faire payer au Parti conservateur ses divisions et son incapacité à mettre en œuvre la sortie de l'UE, près de trois ans après le référendum.
L'accord négocié par la Première ministre avec Bruxelles a été rejeté à trois reprises par les députés, ce qui a contraint l'exécutif à repousser au 31 octobre au plus tard le Brexit, et à organiser le scrutin européen en catastrophe.
Face aux députés, Theresa May a présenté mercredi 22 mai son plan comme le seul moyen de respecter la volonté des Britanniques.
En l'adoptant, "nous pouvons mettre fin à des mois - des années - de disputes et de divisions de plus en plus amères qui ont à la fois polarisé et paralysé notre politique", a-t-elle déclaré.
Ces arguments n'ont pas convaincu le chef des travaillistes, Jeremy Corbyn, pour qui ce plan n'est "à peine plus qu'une version réchauffée" du Traité de retrait de l'UE que Theresa May avait conclu avec Bruxelles.
Appuyant là où cela fait mal, M. Corbyn a dépeint un gouvernement "trop faible, trop divisé pour sortir ce pays du pétrin qu'il a lui-même créé".
"Il est temps que la Première ministre s'en aille", a aussi déclaré Ian Blackford, député du parti nationaliste SNP, pro-UE.
La Première ministre britannique Theresa May s'exprime devant la presse à Londres, le 21 mai. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Dans le cas improbable où les députés approuveraient le projet de loi, Mme May entend les faire voter sur la tenue d'un second référendum sur le Brexit.
Ce second référendum porterait sur l'accord de sortie négocié par Theresa May, mais la presse britannique soulignait que les députés pourraient inclure la possibilité d'un maintien dans l'UE.
Le Parlement a rejeté à la mi-mars cette idée d'un second référendum, défendue par plusieurs partis mais rejetée par les pro-Brexit et redoutée par d'autres, qui craignent que les divisions du pays s'aggravent.
Si la Chambre des communes adopte le projet de loi et refuse encore la tenue de cette consultation, le Royaume-Uni pourra quitter l'UE fin juillet.
AFP/VNA/CVN