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Des malades atteints du COVID-19 respirent avec l'aide d'oxygène fourni par un temple sikh au bord d'une route, à Ghaziabad, en Inde, le 6 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les chiffres du ministère de la Santé font état de 3.980 décès et de 412.262 cas quotidiens, portant à 230.168 morts et 21,1 millions de contaminations les chiffres recensés au total en Inde depuis le début de la pandémie. Certains experts les estiment largement sous-évalués. Ce nouveau record fait suite à plusieurs jours de baisse du nombre de cas qui avait encouragé l'espoir de voir s'atténuer la flambée enregistrée depuis fin mars.
Après un sommet de 402.000 contaminations quotidiennes vendredi dernier, il a légèrement reculé à 357.000 avant de repartir mardi 4 mai à la hausse. Selon les spécialistes, le pire serait encore à venir pour ce pays de 1,3 milliard d'habitants, avec un pic épidémique qui pourrait n'être atteint que d'ici plusieurs semaines.
Un "troisième épisode inévitable"
K. Vijay Raghavan, principal conseiller scientifique du gouvernement indien, a averti mercredi 5 mai soir qu'un "3e épisode était inévitable étant donné les niveaux élevés" de contaminations actuels. "Mais on ne sait pas exactement à quel moment ce troisième épisode se produira. Nous devons nous préparer à de nouvelles vagues", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Pourtant, le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi se refuse à ordonner un confinement généralisé. Plusieurs régions, dont la capitale New Delhi ainsi que les États du Bihar et du Maharashtra, se sont d'elles-mêmes confinées. Sa gestion de la crise sanitaire vaut au gouvernement de plus en plus de critiques, y compris devant les tribunaux, au regard de la situation dramatique à laquelle le secteur de la santé, vétuste et sous-financé, est confronté avec des malades en détresse respiratoire agonisant aux portes d'hôpitaux saturés, à court d'oxygène et de denrées médicales essentielles.
Une famille pleure l'un des siens décédé du coronavirus, à Chennai, en Inde, le 5 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans la nuit du 5 au 6 mai, onze personnes ont perdu la vie dans un hôpital près de la ville de Chennai (l'ancienne Madras), dans le Sud du pays, en raison d'une chute de pression dans les canalisations d'oxygène, a rapporté jeudi 6 mai le quotidien Times of India. "Les admissions sont suspendues pour une durée indéterminée", faute d'approvisionnement en oxygène, a déclaré sur Twitter Devlina Chakravarty, directrice générale de l'hôpital Artemis à Gurgaon, près de New Delhi.
Politiciens dans des "tours d'ivoire"
Le gouvernement de Delhi a déclaré avoir besoin de 700 tonnes d'oxygène par jour pour ses hôpitaux, mais la Cour suprême a appris mercredi qu'à peine 585 tonnes seraient déployées. Confrontés à la menace d'une procédure d'outrage au tribunal, les avocats du gouvernement central ont argué que Delhi n'avait besoin que de 415 tonnes.
La Cour a donné au gouvernement jusqu'à ce jeudi matin pour présenter un plan d'envoi d'approvisionnement supplémentaire. La Haute Cour de Delhi a accusé les hommes politiques et les fonctionnaires du gouvernement de "vivre dans des tours d'ivoire". La Haute Cour d'Allahabad dans l'État d'Uttar Pradesh a pour sa part estimé que laisser mourir tant de monde était "un acte criminel et non moins qu'un génocide". Des hôpitaux de Calcutta, Bangalore et d'autres grandes villes indiennes font aussi état de graves pénuries.
Devant la colère qui gronde, la Banque centrale a annoncé mercredi 6,7 milliards d’USD de prêts bonifiés destinés aux fabricants d'oxygène, de vaccins et de médicaments, ainsi qu'aux hôpitaux. Des cargaisons d'aide médicale d'urgence étrangère, comprenant des générateurs d'oxygène et des respirateurs, ont afflué ces dix derniers jours notamment des États-Unis, de Grande-Bretagne et d'Europe.
Mais l'Inde aura besoin encore davantage d'oxygène face à l'afflux de malades attendu jusqu'à ce que la situation se stabilise, a déclaré lundi 3 mai un autre responsable du gouvernement, appelant la communauté internationale à continuer d'aider le pays. "Nous n'avions pas et n'avons toujours pas assez d'oxygène", a admis ce haut fonctionnaire, sous couvert de l'anonymat, "si nous avions plus d'oxygène, plus de vies seraient sauvées".
La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a appelé à une action internationale "urgente" pour empêcher "une catastrophe humanitaire qui s'aggrave" dans toute l'Asie du Sud.
AFP/VNA/CVN