>>Theresa May tente de convaicre Bruxelles sur l'accord de divorce
>>Le Parlement britannique vote contre l'amendement de May à sa stratégie de négociation du Brexit
Les trois députées qui ont quitté le 20 février le Parti conservateur, sur une photo fournie par le parlement britannique. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Anna Soubry, Heidi Allen et Sarah Wollaston ont annoncé leur intention de se rallier au Groupe indépendant au parlement créé lundi 18 février par des travaillistes ayant eux-mêmes claqué la porte de leur parti et qui compte désormais onze députés unanimes dans leur opposition à la politique de la Première ministre sur la sortie de l'UE du Royaume-Uni.
Ces défections fragilisent encore un peu plus Theresa May au moment où elle tente d'obtenir des dirigeants européens des modifications dans l'accord sur le Brexit, rejeté par le Parlement britannique en janvier. Ce qu'ils ont pour l'instant fermement refusé. Elle doit s'entretenir à 17h30 GMT à Bruxelles avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, "pour faire le point".
"Le Brexit a redéfini le Parti conservateur - annulant tous les efforts déployés pour le moderniser", écrivent les trois députées dans leur lettre de démission, estimant que leur formation a "abandonné (ses) principes et (ses) valeurs". Toutes trois sont favorables à un nouveau référendum et s'étaient prononcées contre le Brexit à celui de 2016.
Elles dénoncent le "virage à droite" opéré selon elles par le parti, sous l'influence conjuguée de l'European Research Group, un groupe de députés eurosceptiques très influent considéré comme un "parti au cœur du parti", et du DUP, l'allié nord-irlandais archi-conservateur, avec lequel les Tories ont signé un accord d'alliance pour garantir au gouvernement la majorité absolue à la Chambre des Communes.
"Le coup de grâce a été la gestion désastreuse du Brexit par ce gouvernement", ajoutent-elles, regrettant l'absence d'efforts pour "bâtir un consensus" dépassant les contingences partisanes.
Au cours d'une conférence de presse, Heidi Allen a jugé que les partis britanniques "avaient été incapables de prendre la mesure du défi" lancé par le Brexit, de "proposer un plan, ou d'entendre les divisions qui déchirent nos villes, nos villages et nos foyers". "Nous avons besoin de repartir d'une feuille vierge".
La Première ministre britannique Theresa May et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le 7 février à Bruxelles. |
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Sur Twitter, Theresa May s'est dite "attristée" par la décision de ces trois élues, qu'elle a remerciées pour leur "dévouement au service du parti depuis de nombreuses années".
Elle a souligné que le Brexit avait été "une source de désaccords aussi bien au sein du parti que dans le pays", tout en rappelant sa détermination à mener à bien le divorce d'avec l'UE. Avant de conclure être convaincue que, sous sa direction, "le Parti conservateur offrira toujours la politique respectable, modérée et patriotique que mérite la population de ce pays".
"Changements radicaux"
Le Groupe indépendant a été créé lundi 18 février par sept députés travaillistes s'opposant à la politique suivie par leur leader, Jeremy Corbyn, sur le dossier du Brexit et à sa gestion des accusations d'antisémitisme qui touchent le Labour. Le groupe avait déjà été rejoint mercredi matin 20 février par une huitième députée travailliste, Joan Ryan.
Avec ses onze députés, c'est désormais la quatrième force politique au parlement britannique, à égalité avec le Parti libéral-démocrate, mais il pourrait engranger de nouveaux ralliements, tant les dissensions sont profondes au sein des Tories comme chez les Travaillistes.
"Il y clairement des changements radicaux qui se préparent, certains groupes militants ayant repris la main à l'intérieur du Parti conservateur et du Parti travailliste, chassant les députés les plus modérés", a analysé le chef du Parti libéral-démocrate, Vince Cable.
Symboliquement, les députés du groupe indépendant se sont réunis et ont pris place dans les rangs de l'opposition mercredi 20 février, pendant la séance hebdomadaire de questions au gouvernement.
Le rapport de force au Parlement, où la majorité ne dispose plus désormais que de huit voix d'avance sur l'opposition, en comptant l'apport des 10 députés du DUP, met davantage Mme May à la merci de revers parlementaires sur le Brexit. La semaine dernière, elle avait essuyé une énième défaite.
À moins de six semaines de l'échéance, le 29 mars, aucune majorité ne semble se dégager au parlement britannique en faveur d'une solution négociée, laissant le Royaume-Uni confronté au scénario d'une sortie sans accord, redouté par les milieux économiques.