>>Rentrée parlementaire sous tension après la défaite judiciaire de Boris Johnson
>>Brexit : malgré une défaite judiciaire historique, Johnson veut "aller de l'avant"
Photo diffusée par le Parlement britannique : le Premier ministre Boris Johnson à la Chambre des Communes le 25 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Le Parlement doit soit se tenir à l'écart, et laisser le gouvernement mettre en œuvre le Brexit, soit présenter une motion de défiance", a déclaré le Premier ministre conservateur, au lendemain de l'arrêt historique de la Cour suprême qui a annulé sa décision de suspendre le Parlement.
Les députés de l'opposition ont "d'ici la fin de la séance (mercredi soir 25 septembre) pour présenter une motion de défiance envers le gouvernement. Allez-y! Et nous pourrions la voter demain", a poursuivi Boris Johnson au cours d'un débat qui a duré plus de trois heures.
"Auront-ils le courage de le faire? Ou refuseront-ils d'en prendre la responsabilité? De quoi ont-ils peur ?", a-t-il lancé, haussant la voix pour couvrir les huées des bancs de l'opposition.
Si l'opposition ne dépose pas de motion - comme il est probable-, "ce sera pris comme une (preuve de) confiance envers le gouvernement et le gouvernement pourra, espérons-le, être en mesure de poursuivre la mise en œuvre de sa stratégie afin de parvenir au Brexit le 31 octobre", a argumenté un porte-parole de Downing Street.
Le Premier ministre a critiqué un "parlement paralysé" qui veut "saboter les négociations" sur le Brexit avec l'Union européenne, et a réitéré ses appels à des élections législatives anticipées.
"Il doit partir"
Les parlementaires réunis après la reprise des travaux de la Chambre le 25 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cela lui permettrait de sortir du bourbier et d'avoir les coudées plus franches pour déployer sa stratégie sur le Brexit, jusqu'ici systématiquement mise en échec au Parlement depuis son arrivée au pouvoir fin juillet.
Mais le chef de l'opposition Jeremy Corbyn a répété qu'il ne soutiendrait pas la tenue d'élections tant que ne serait pas écartée la menace d'un Brexit sans accord, option ouvertement envisagée par Boris Johnson.
Le leader travailliste veut d'abord obtenir un report du Brexit avant tout scrutin. "Personne ne peut faire confiance au Premier ministre. Pour le bien de ce pays, il doit partir", a-t-il dit, réclamant une nouvelle fois la démission de Boris Johnson.
Ian Blackford, chef des députés du parti indépendantiste écossais SNP au Parlement britannique, a déclaré que si Boris Johnson ne démissionnait pas, les députés finiraient par s'unir pour le faire partir.
"Nous ne pouvons pas faire confiance à ce Premier ministre, son temps doit prendre fin", a affirmé M. Blackford, accusant le Premier ministre "de mentir, de tricher et d'affaiblir l'État de droit".
Une source conservatrice a précisé que le gouvernement présenterait jeudi 26 septembre une motion pour une brève suspension des séances parlementaires "afin de permettre la tenue du congrès annuel du Parti conservateur" la semaine prochaine, comme le veut l'usage.
Suspendu depuis le 10 septembre, le Parlement devait le rester jusqu'au 14 octobre, à seulement deux semaines de la date prévue du Brexit. Mais cet ajournement a été jugé "illégal" par la plus haute juridiction du pays, qui a estimé qu'il entravait le bon fonctionnement du Parlement et a permis son retour mercredi 25 septembre.
"La Cour s'est trompée"
Si cet arrêt a été salué comme une bonne nouvelle pour la démocratie par les adversaires de Boris Johnson, la décision des juges a fâché les Brexiteers.
"Il n'est absolument pas irrespectueux de ma part de dire que je pense que la Cour s'est trompée", a réaffirmé Boris Johnson sous les acclamations des députés conservateurs et les rugissements de protestation de ceux de l'opposition.
Lors d'échanges acrimonieux, les adversaires de Boris Johnson l'ont accusé de faire preuve d'arrogance vis-à-vis de ses opposants et de "manquer d'humilité".
"Ce Parlement est mort! Il ne devrait plus siéger!", avait fustigé plus tôt dans la journée l'attorney général (conseiller juridique du gouvernement) Geoffrey Cox, qui avait assuré le gouvernement de la légalité de la suspension avant qu'elle soit annoncée fin août.
M. Cox a aussi annoncé que l'exécutif, désormais minoritaire, déposerait "bientôt" une motion pour la tenue d'élections législatives anticipées, pour la troisième fois après deux précédentes tentatives mises en échec par les députés, trop "lâches" selon lui.
Selon plusieurs sondages d'opinion, le Parti conservateur arriverait en tête en cas de scrutin anticipé.
"Je pense que le peuple de ce pays peut parfaitement voir ce qui se passe. Ils savent que le Parlement ne veut pas honorer la promesse du référendum" de juin 2016, qui a décidé du départ du Royaume-Uni de l'UE, a accusé Boris Johnson.
Avant d'être ajourné, le Parlement avait voté une loi obligeant le Premier ministre à demander un délai en cas de "no deal" avant l'échéance du Brexit, dans 36 jours. Sans expliquer comment, le conseiller juridique de l'exécutif a assuré que le gouvernement respecterait la loi - et cela bien que Boris Johnson répète qu'il ne demandera pas de report à l'UE.
Sur le terrain diplomatique, Boris Johnson affirme avoir bon espoir de pouvoir conclure un accord de divorce avec Bruxelles, même si les dirigeants européens sont loin de partager son optimisme. Il a notamment fait état mercredi 25 septembre de progrès sur la frontière irlandaise, principale pomme de discorde entre Londres et Bruxelles.