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Devant l'entrée de l'immeuble où se déroulent les enchères pour le déploiement de la 5G au Brésil, le 4 novembre à Brasilia. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La montant final sera communiqué vendredi 5 novembre à l'issue de l'appel d'offres, mais le ministre des Communications, Fabio Faria, a déclaré jeudi 4 novembre que la somme avait déjà atteint 6,8 milliards d'euros. "Le premier jour de l'appel d'offres a été un succès, toutes les espérances sont dépassées", a-t-il tweeté.
Au premier jour de l'ouverture des enveloppes et de l'analyse des propositions des 15 entreprises candidates, l'Agence nationale des télécommunications (Anatel) a attribué les fréquences les plus lucratives aux principaux acteurs du secteur : Claro, Telefonica Brazil et Tim.
Le gouvernement table au total sur 50 milliards de réais d'investissements (7,7 milliards d'euros), dont 10 milliards pour la rémunération des fréquences et le reste pour les sommes investies dans l'installation du réseau, notamment d'émetteurs.
Les principaux opérateurs de téléphonie au Brésil, TIM, filiale brésilienne de Telecom Italia, Telefonica Brasil, filiale du groupe espagnol Telefonica, avec la marque Vivo, et Claro, du groupe mexicain America Movil, se sont répartis les lots les plus convoités, pour la fréquence 3,5 GHz.
"C'est l'un des plus grands appels d'offres pour la 5G au niveau international. Le potentiel est gigantesque", a expliqué Christian Perrone, de l'Institut de technologie et société (ITS) de Rio de Janeiro.
L'enjeu est de taille pour cet immense pays de 213 millions d'habitants, 40 millions d'entre eux étant encore privés d'internet, selon les dernières données officielles datant de 2019.
"J'ai visité des communautés autochtones que m'a-t-on demandé ? Internet !", a déclaré le président Bolsonaro lors de la cérémonie d'ouverture.
Dans la salle des enchères pour le déploiement de la 5G au Brésil, le 4 novembre à Brasilia. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Et ce n'est pas seulement pour les autochtones, plus de 10.000 localités pourront avoir internet, pour favoriser l'intégration de ces personnes avec tout le Brésil et le monde entier", a ajouté le chef de l'État.
"Nouvelle réalité"
Deux réseaux sont concernés par cet appel d'offres historique : le réseau principal et un réseau spécifique qui, pour des raisons de sécurité, sera à usage exclusif de l'État. Pour ce dernier, le géant privé chinois Huawei, au centre d'une rivalité sino-américaine, a été exclu.
Des blocs régionaux et nationaux de différentes fréquences ont été mis en jeu. Les licences d'exploitation auront une durée de vingt ans.
Les entreprises qui remporteront les appels d'offres devront fournir le service dans le district fédéral de Brasilia et les capitales des 26 États brésiliens avant le 31 juillet 2022. Pour les autres villes de plus de 30.000 habitants, le service devra être disponible entre 2025 et 2028.
"Le consommateur ne va pas voir la différence, au-delà d'une vitesse améliorée pour voir des films et vidéos. Mais du point de vue industriel, c'est une nouvelle réalité pour les usines, le secteur productif, l'agronégoce", souligne Marcos Ferrari, président exécutif de Conexis Brasil Digital, association qui représente cinq entreprises candidates.
Tracteurs connectés, drones pour surveiller les cultures, voitures autonomes, télémédecine : la 5G va ouvrir de nouveaux champs d'utilisation d'internet.
Retard
Mais le Brésil devra également rattraper son retard dans les zones du pays les moins développées.
Les entreprises qui remporteront l'appel d'offres s'engageront notamment à apporter le réseau jusqu’aux localités qui en sont dépourvues, à étendre la couverture sur les autoroutes, dans les écoles publiques et dans la région amazonienne.
Prévu initialement au premier semestre 2021, l'appel d'offres a été retardé en raison de la situation de l'entreprise Huawei, au centre d'une guerre commerciale et technologique entre Chine et États-Unis.
Le Brésil est un des premiers pays d'Amérique latine à lancer un tel appel d'offres pour le déploiement de la 5G. Mais le pays a "deux à trois" ans de retard sur les pays pionniers dans le monde, souligne M. Perrone.
Une situation qui l'empêchera de passer du statut de simple consommateur à celui de créateur de nouvelles technologies. "Lorsque le réseau 6G progressera à l'échelle internationale, nous serons encore en train d'installer le réseau 5G au Brésil", regrette le spécialiste.
AFP/VNA/CVN