Le commissaire européen chargé de l'Environnement, Janez Potocnik, a notamment plaidé le 3 mai pour la mise en place d'aides directes accordées à la condition que le bénéficiaire prenne des mesures de respect de l'environnement, qui soient "obligatoires pour tous les agriculteurs, et non pas optionnelles" , à la faveur de la prochaine réforme de la Politique agricole commune (PAC).
Il a présenté une série d'objectifs en vue d'enrayer la perte de biodiversité d'ici à 2020, reconnaissant que les objectifs précédents fixés pour 2010 n'avaient pas été atteints.
D'ici à 2020, il s'agit notamment d'appliquer "pleinement" les législations existantes en matière de protection de la nature, d'améliorer les écosystèmes et de rétablir au moins 15% des écosystèmes dégradés, de rendre les activités agricoles et forestières plus durables, d'exploiter de façon plus durable les stocks halieutiques et de lutter contre les espèces envahissantes.
En matière de pêche, M. Potocnik propose en particulier de ne pêcher que des quantités de poisson, qui ne mettent pas en danger les capacités des stocks à se renouveler, en se référant au point d'équilibre que constitue le niveau de "rendement maximum durable", d'ici à 2015.
Il y a urgence à agir, a souligné le commissaire, car seuls 17% des biotopes et des espèces protégées par la loi européenne sont dans un état de conservation favorable. Et quelque 25% des espèces animales européennes -mammifères, amphibiens, reptiles, oiseaux et papillons- sont menacées d'extinction, selon la Commission. Environ 88% des stocks de poisson commercialisé sont surexploités. Protéger la biodiversité représente également des enjeux économiques, a fait valoir M. Potocnik, rappelant que la pollinisation par les insectes, qui décline fortement en Europe et dans le monde, a une valeur économique évaluée à 15 milliards d'euros par an dans l'UE.
Cette stratégie a été saluée par le WWF comme "un pas dans la bonne direction" , mais, a souligné l'organisation, tout "dépendra de la volonté politique" et des législations qui seront adoptées. "Les solutions fondamentales ne figurent pas dans cette stratégie, mais dans les réformes législatives qui seront décidées prochainement" , notamment en ce qui concerne l'agriculture et la pêche, a jugé Alberto Arroyo, du WWF.
Pour le Bureau environnemental européen (EEB), la nouvelle stratégie européenne "manque de mordant" et il y a lieu de "redouter qu'elle n'inspire pas les actions requises" pour endiguer la perte de biodiversité.
En 2001 déjà, l'UE s'était fixée des objectifs ambitieux en termes de biodiversité et s'était dotée en 2006 d'un "plan d'action", mais c'est un échec, a reconnu la Commission européenne.
La mauvaise application de la législation environnementale, des subventions pas assez élevées, et une insuffisante intégration des problèmes de biodiversité dans les autres domaines de législation sont les explications avancées par Bruxelles.
AFP/VNA/CVN