À Amsterdam, les canaux ont désormais leur musée

Sillonnés chaque année par trois millions de touristes venus du monde entier, les canaux d'Amsterdam, inscrits depuis 2010 sur la liste du Patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO, ont désormais leur musée.

"L'histoire des canaux n'avait jamais été racontée" , explique Piet van Winden, directeur du musée privé "Grachtenhuis", qui vient d'ouvrir ses portes au public. "Or il s'agit probablement du projet d'extension urbaine le plus réussi au monde" , jubile-t-il.

Au début du XVIIe siècle, le Siècle d'Or, Amsterdam connaît un essor sans précédent qui attire des milliers de nouveaux arrivants. Coincée entre sa digue maritime et un ancien canal semi-circulaire formant sa ligne de défense, le "Singel", la ville portuaire bâtie sur pilotis est à l'étroit.

Les autorités décident alors le creusement de trois nouveaux canaux parallèles au "Singel" afin de drainer une centaine d'hectares de marécages destinés à accueillir maisons, échoppes et entrepôts. Quelque 14 kilomètres de canaux, profonds de 2,40 mètres et reliés par 80 ponts, sont creusés à partir de 1613.

Au numéro 386 du Herengracht (le "Canal des bourgeois"), le musée des canaux, installé dans l'ancienne demeure d'un banquier ayant participé au financement de la guerre d'indépendance des États-Unis, rend hommage à ce chef-d'œuvre de planification hydraulique et urbaine.

"Ici, nous plantons le décor, nous expliquons le comment et le pourquoi" , souligne M. van Winden. "Notre ambition est d'être une porte d'accès vers les splendeurs de la ceinture de canaux, à chacun ensuite de les découvrir à pied, en vélo ou en bateau" .

Le musée se visite en une demi-heure, guide audio en main, au fil de présentations multimédia. "L'histoire est racontée comme on le ferait au café, pas comme dans un cours" , rassure M. van Winden.

Le visiteur peut ainsi entendre les protagonistes de l'époque (maire, ingénieur ou architecte) discuter tandis qu'ils amendent et raturent des plans projetés sur une table jusqu'à obtention du dessin final : quatre canaux symétriques encerclant le bourg médiéval en demi-lune.

"Ils ont pensé à tout" , s'enthousiasme M. van Winden en citant "la défense de la ville, son approvisionnement, les transports, l'hygiène, l'esthétique et les coûts". "Voyez les ormes. Ils ont été plantés pour appâter les clients. On s'est arraché les lots et le projet s'est autofinancé" .

Dans une autre salle du musée, les moments forts de la vie amstellodamoise associés aux canaux, comme la "Gay Pride", défilent sur des écrans panoramiques, tout comme le va-et-vient incessant des bateaux-mouches ou le repêchage, par la police, de dizaines de vélos volés. "La ceinture de canaux n'est pas une cité-dortoir" , note Paul Spies, auteur d'un livre sur le sujet. "On y vit, on y travaille, il y a des nuisances mais chacun en prend son parti car on est fier d'y habiter".

Plus de 6.000 maisons bordant les canaux sont classées monuments historiques. Construites en briques, elles dressent leurs façades étroites sur trois à quatre étages. Elles arborent chacune fièrement un pignon différent qui "trahit" leur âge.

"Il y a une unité de structure et de beauté mais chaque maison est différente" , commente M. Spies, qui insiste sur la "remarquable qualité d'exécution" de la ceinture de canaux et de son habitat.

"C'est du solide. On n'a pas lésiné sur les moyens" , dit-il : "l'ensemble est unique car il a été exceptionnellement bien conservé" . Les canaux d'Amsterdam fêteront leur 400e anniversaire en 2013.

AFP/VNA/CVN

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