Bière amère pour les brasseurs allemands frappés par l'inflation

La brasserie Veltins, en Allemagne, était déjà aux prises avec la hausse des coûts du malt et du transport dans le sillage de la pandémie de coronavirus, mais la flambée des prix de l'énergie, accentuée par la tension en Ukraine, crée un nouveau casse-tête.

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Le logo de la brasserie Veltins sur une façade de l'usine de Grevenstein, dans l'Ouest de l'Allemagne, le 26 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Il n'y a pratiquement pas un domaine où nos fournisseurs n'augmentent pas les prix ou ne luttent pas contre la hausse des coûts", constate Ulrich Biene, responsable de la communication de l'entreprise implantée à Grevenstein, à l'Ouest du pays.

Pour la brasserie familiale, dont les origines remontent en 1824, la décision récente d'augmenter d'un euro la caisse de 24 bières n'a pas été prise de gaieté de cœur.

"Nous avons assisté à une explosion des coûts au cours des 15 derniers mois", comme on n'en avait pas vu depuis des décennies, explique M. Biene. C'est la première hausse chez Veltins depuis trois ans mais d'autres devraient suivre. Car le nouveau tarif des bières est basé sur "les prix de l'automne de l'année dernière". Traduire : l'effet inflationniste de la tension en Ukraine n'a pas encore été pris en compte.

De nombreux brasseurs, dont Radeberger, Krombacher et Bitburger, ont aussi été contraints de répercuter la hausse des coûts sur leurs prix de vente. Cette augmentation d'un produit phare du panier des ménages allemands est hautement symbolique dans un pays où l'inflation s'impose en tête des préoccupations du moment. En mars, les prix à la consommation ont augmenté de 7,3% sur un an, un record depuis la réunification du pays en 1990. Les chiffres pour le mois d'avril seront publiés jeudi 28 avril, et une nouvelle accélération est attendue.

Cinquième élément

Pour les brasseurs allemands, les effets de la tension en Ukraine et du choc d'offre consécutif à la pandémie de COVID-19 ont créé "la tempête parfaite". Le coût du malt acheté par Veltins - l'un des quatre ingrédients légalement autorisés en Allemagne, avec l'eau, le houblon et la levure - a augmenté d'environ 70%.

Les entreprises ont du mal à recruter des chauffeurs pour les livraisons de bière et même les palettes pour emballer les produits sont devenues un produit rare, car les clous qui entrent dans leur fabrication étaient souvent fournis par l'Ukraine. Mais c'est surtout l'énergie, "le cinquième ingrédient", qui pèse sur les charges. "L'énergie est le facteur le plus important pour l'industrie allemande de la bière et le gaz joue un rôle significatif", explique M. Biene. Il faut chauffer les cuves de brassage et faire tourner les machines de remplissage des bouteilles.

En mars, les prix à la consommation ont augmenté en Allemagne de 7,3% sur un an, un record depuis la réunification du pays en 1990
Photo : AFP/VNA/CVN

Environ 20.000 hectolitres de bière sont brassés, mis en bouteille et expédiés chaque jour depuis l'usine Veltins, imposant bâtiment dans un village verdoyant de moins de mille habitants. Le brasseur doit faire face à une augmentation de plus de 400% du coût du gaz depuis le début de l'année 2021, la reprise de la demande après l'épidémie et les tensions avec la Russie ayant fait grimper les prix.

Un arrêt des livraisons de gaz russe, dont l'Allemagne dépend pour couvrir une grande partie de ses besoins énergétiques, signifierait probablement "des limites importantes à la production", affirme Ulrich Biene.

Chauffage et transports

L'augmentation du prix de la bière est "compréhensible" juge Bernhard Jung, 57 ans, un habitant de Krombach, autre fief de l'industrie brassicole situé à 36 kilomètres de Grevenstein. "Je suis surpris que les brasseries n'aient pas augmenté leurs tarifs plus tôt, étant donné les énormes coûts énergétiques", dit-il devant un supermarché de boissons.

Karin Müller, 81 ans, qui vient de terminer ses courses hebdomadaires avec son mari Willibald, 83 ans, constate que c'est "le coût de chaque article qui est un peu plus élevé". Le couple remarque surtout l'augmentation du prix du fioul domestique. Karin confie qu'elle a baissé le chauffage à leur domicile et "porte une veste" à l'intérieur.

Hanna Siebel, 35 ans, une employée d'université, assure que "les gens ne roulent plus aussi vite" sur le chemin du travail pour économiser du carburant. Le gouvernement allemand a récemment réagi à la pression croissante sur les prix en adoptant un paquet de mesures de soutien de plusieurs milliards d'euros pour alléger la facture des ménages et des entreprises.


AFP/VNA/CVN

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