Biathlon masculin : un hiver loin des attentes, et maintenant ?

Le biathlon français a connu un hiver loin des attentes côté masculin, à l'image de la saison post-olympique délicate de Quentin Fillon Maillet, et qui s'est conclu sur un divorce entre les Bleus et leurs entraîneurs. Il sera attendu au rebond.

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Quentin Fillon-Maillet au tir lors des mondiaux de biathlon à Oberhof (Allemagne), le 14 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au contraire, Julia Simon - et l'équipe féminine dans son sillage - s'est elle hissée plus haut qu'on l'attendait, victorieuse de la Coupe du monde pour la première fois et sacrée championne du monde de la poursuite.

Le triste hiver des Bleus se lit aisément dans leurs résultats.

Tout au long de la saison, ils n'ont pas empoché la moindre victoire individuelle en Coupe du monde, ce qui n'était plus arrivé depuis plus d'un quart de siècle (1997). Ils ne sont montés que sur six podiums individuels, deux fois avec QFM, trois avec Emilien Jacquelin et une avec le jeune Eric Perrot (21 ans).

Au classement général, le meilleur Français, qui reste Fillon Maillet, ne figure qu'au huitième rang. Il est suivi par Fabien Claude, dixième. Jacquelin, "réservoir vide", a lui écourté sa saison fin février.

Juste avant, aux Mondiaux d'Oberhof (Allemagne), les Bleus n'avaient pas obtenu le moindre podium individuel pour la première fois depuis 2009, alors les premiers de Martin Fourcade, vingt ans à l'époque.

Bjoerndalen surpris

"J'ai été très surpris de leurs résultats cette année. Ils ont gagné le relais (masculin) aux Championnats du monde, ça c'était extraordinaire, mais en dehors de ça, c'était très loin de ce qu'on attendait d'eux. Loin du niveau qu'ils auraient pu avoir", s'étonne le légendaire Ole Einar Bjoerndalen, devenu consultant pour la télé norvégienne.

"Notre saison, elle est bien meilleure que certaines années où il y a eu une victoire individuelle mais où il n'y avait que ça", rétorque le directeur du biathlon français Stéphane Bouthiaux.

Au-delà des résultats, la dernière semaine de la saison à Oslo a été le théâtre d'une rupture brutale et mal comprise entre les Bleus et leurs entraîneurs depuis cinq ans, Vincent Vittoz et Patrick Favre.

"On a été à l'initiative", avec les plus expérimentés du groupe masculin, Jacquelin, Claude et Antonin Guigonnat, "c'est une décision prise à l'unisson" qui "a été très compliquée à annoncer", a expliqué Fillon Maillet samedi.

"Aujourd'hui, on a besoin d'un peu de changement. C'est quelque chose qui a été mûrement réfléchi. On le fait en connaissant les répercussions", se justifie-t-il, en évoquant "une certaine forme de lassitude" et "certains points de discorde".

"Ils sont tombés de haut parce qu'on n'a peut-être pas assez fait sentir ce (besoin de) changement (au fil de la saison). On en a beaucoup discuté entre athlètes, on a essayé de faire passer certains messages aux coaches qui n'ont pas forcément été compris", raconte le quintuple médaillé olympique 2022.

"J'ai détesté la forme"

Les relayeurs français Oscar Lombardot, Antonin Guigonnat, Eric Perrot et Fabien Claude célèbrent leur médaille d'argent du 4x7,5 km aux Mondiaux de biathlon d'Ostersund (Suède), le 11 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

"J'ai détesté la forme. Ce n'était pas cool du tout vis-à-vis de personnes qui ont donné leur vie pendant cinq ans pour eux, regrette Bouthiaux. Il y avait d'autres manières de faire les choses, de les dire".

Qui maintenant pour prendre le relais ?

Pour l'instant, c'est l'inconnu. "On va prendre le temps de se poser et de réfléchir pour faire en sorte que cette équipe qui a un gros potentiel reparte de la meilleure des manières jusqu'aux prochains JO (en 2026), répond Bouthiaux. Les athlètes, s'il y a plusieurs choix possibles, je les associerai au choix. Mais il y aura toujours une décision à prendre au final, et c'est moi qui la prendrai".

Loin de ces turbulences, Simon, la réussite éclatante de l'hiver, a déjà en tête le périlleux exercice de la confirmation.

"Ca fait plaisir de soulever ce globe, c'est un super moment. Mais le plus dur, c'est de rester au top, anticipe-t-elle. Ce sera vraiment difficile de confirmer tout ça. Le (classement) général n'était pas mon objectif, j'espérais pouvoir le jouer à moyen terme, il va falloir s'adapter, peut-être, si je peux me permettre de dire ça, apprendre des erreurs de Quentin, à un niveau au-dessus".

Fillon Maillet, justement, sait cette fois qu'il a "besoin d'une grosse coupure". "Je n'ai pas le choix, si je ne veux pas me traîner cette fatigue X années. Je reprendrai l'entraînement quand je serai vraiment prêt mentalement et physiquement à repartir", promet le double champion olympique en titre.

AFP/VNA/CVN

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