Aux États-Unis, accord a minima entre républicains et démocrates sur les armes à feu

Des sénateurs républicains et démocrates ont annoncé dimanche 12 juin un accord sur quelques mesures visant à restreindre l'accès aux armes à feu aux États-Unis, un compromis rare mais qui demeure très en deçà des réformes réclamées par Joe Biden après de nouvelles tueries.

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Le président américain Joe Biden s'adresse à la nation sur les armes à feu depuis la Maison Blanche, le 2 juin à Washington.

Lancée après le massacre d'Uvalde, qui a fait 21 morts dont 19 enfants dans une école primaire du Texas fin mai, l'initiative parlementaire prévoit certaines limitations de l'accès aux armes pour des personnes jugées dangereuses, le renforcement de la sécurité des écoles et le financement de programmes dédiés à la santé mentale.

Le président des États-Unis a immédiatement salué des "avancées importantes", même si elles n'incluent pas tout ce qui est "nécessaire" pour "sauver des vies".

Il s'agirait néanmoins du texte "le plus significatif sur le contrôle des armes à feu à être voté au Congrès depuis des décennies", a-t-il plaidé dans un communiqué.

La présence de dix sénateurs républicains parmi les signataires du communiqué annonçant ce compromis suggère qu'une telle proposition de loi a de réelles chances de passer au Sénat si l'ensemble des 50 élus démocrates y sont favorables.

Une majorité qualifiée de 60 voix sur 100 sénateurs est nécessaire pour son adoption, ce qui a bloqué jusqu'ici toute avancée majeure vers un meilleur encadrement des armes à feu, en raison de l'opposition des conservateurs.

"Avec un soutien des élus des deux partis, il n'y a aucune excuse pour un retard, et aucune raison que ne pas avancer rapidement au Sénat et à la Chambre", a ajouté Joe Biden, qui promet de promulguer immédiatement le texte s'il est adopté.

"Bon sens"

La tuerie d'Uvalde et celle, quelques jours plus tôt, à Buffalo, dans le Nord-Est du pays, avaient ému l'Amérique et déclenché plusieurs initiatives parlementaires.

Un groupe de sénateurs, mené par le démocrate Chris Murphy avec le républicain John Cornyn, a discrètement travaillé ces derniers jours afin de trouver l'accord annoncé dimanche 12 juin.

Un mémorial en hommage aux victimes de la tuerie d'Uvalde, au Texas, le 26 mai.

Les vingt sénateurs affirment présenter "une proposition de bon sens, soutenue par les deux partis, pour protéger les enfants américains, garder nos écoles en sécurité et réduire le danger de la violence à travers le pays", "tout en protégeant les droits constitutionnels des Américains respectueux de la loi".

L'accord met en avant le soutien par le gouvernement fédéral de lois, État par État, qui permettraient de retirer des mains de personnes jugées dangereuses les armes qu'elles possèdent.

Il prévoit le financement de divers programmes de soutien et d'aide psychologique et le renforcement de la sécurité dans les écoles, notamment par la formation des enseignants.

Ces sénateurs souhaitent également le renforcement de la vérification des antécédents judiciaires et psychologiques pour les acheteurs d'armes âgés de 18 à 21 ans ainsi qu'un meilleur contrôle de la vente illégale d'armes.

Loin des demandes de Biden

L'accord du jour, qui doit encore être traduit en texte de loi, "montre l'intérêt du dialogue et de la coopération", a salué le chef des sénateurs républicains Mitch McConnell. "Même s'il faut aller plus loin, cet ensemble de mesures va permettre de sauver des vies", a réagi de son côté la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi.

Dans une Amérique profondément divisée, un accord entre élus républicain et démocrates au Congrès est rare, d'autant plus sur ce sujet d'ordinaire très clivant.

Le compromis est cependant bien loin de ce que demandent de nombreux Américains, dont des dizaines de milliers sont descendus samedi dans les rues du pays, notamment à Washington, pour demander des réformes fortes au Congrès.

"C'est une première étape, et c'est en fait bien plus que ce à quoi je m'attendais", s'est réjoui sur Twitter David Hogg, l'une des figures de March for Our Lives, l'organisation à l'origine des manifestations de samedi 11 juin. "Même si cela empêche un Parkland, ça vaut le coup", a-t-il ajouté en mentionnant la fusillade dans cette ville de Floride, qui avait fait 17 morts en 2018 et dont il est un rescapé.

Joe Biden avait publiquement affiché son soutien aux manifestants en listant les mesures qu'il souhaite voir adoptées mais absentes de l'accord de dimanche 12 juin : interdiction des fusils d'assaut et des chargeurs à grande capacité, vérifications des antécédents pour l'ensemble des acheteurs d'armes - et pas uniquement les moins de 21 ans -, obligation pour les particuliers de garder leurs armes sous clé.

La Chambre des représentants avait elle voté mercredi 8 juin un texte différent qui inclut l'interdiction de la vente de fusils semi-automatiques aux moins de 21 ans et celle des chargeurs à grande capacité, mais il n'a quasiment aucune chance de passer au Sénat.


AFP/VNA/CVN

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