Le directeur général adjoint de la Compagnie par actions de confection Nhà Bè, Pham Phu Cuong, déclare que sa compagnie ne consomme que 20% de matières premières et 50% d'accessoires produits au Vietnam, le reste étant importé. Le bilan sur ce point de 2009 est éloquent : 150 millions de dollars d'importations pour 240 millions d'exportations. Les raisons de cette situation sont multiples, à commencer par un volume insuffisant de matières premières et d'accessoires produits au Vietnam, de faibles gammes, et d’un coût en moyenne de 5% à 10% plus élevé, explique le dirigeant de Nhà Bè.
L'année dernière, la compagnie par actions de confection Dông Nai a réalisé un chiffre d'affaires à l'exportation de 31,5 millions de dollars malgré un carnet de commande moins rempli. Mais, selon son Pdg, Bùi Thê Kich, la plus grande difficulté pour son entreprise est de trouver des sources d'approvisionnement en matières premières et en accessoires qui répondent à ses exigences : 30% de ses matières premières et 50% de ses accessoires sont vietnamiens...
Bien que les entreprises nationales produisent une grande quantité de matières premières et d'accessoires, la qualité n'est pas assez élevée pour répondre aux critères stricts de la clientèle étrangère.
Même problématique pour la sarl Binh Duong, dont 60% de ses matières premières et 70% de ses accessoires sont importés, à la demande de ses clients, mais aussi parce que la qualité des produits fait défaut. Ainsi, le directeur du service du personnel, Nguyên Hông Anh, estime que la qualité des tissus fabriqués au Vietnam n'est pas régulière, ce qui conduit les clients étrangers à refuser leur utilisation.
Confirmation par la directrice générale de la compagnie par actions de confection Phuong Dông, Hoàng Thu Hà, qui indique que son entreprise utilise de 30% à 40% seulement de matières premières vietnamiennes, telles que tissus de la compagnie générale Viêt Thang, fils de la sarl Phong Phu, fermetures à éclair de la compagnie Nha Trang ou de la sarl YKK Vietnam.
Or ces compagnies préfèrent réellement acheter des produits nationaux, ne serait-ce que pour économiser du temps et de l'argent. En effet, elles doivent envoyer du personnel à l'étranger pour négocier des contrats de matières premières ou d'accessoires, et les formalités de douane ont un coût non négligeable en temps comme en argent.
La directrice générale Hoàng Thu Hà insiste que si les exportateurs ne doivent pas utiliser les devises étrangères pour importer des matières premières, la valeur ajoutée de leurs produits s'augmentera, surtout à des moments où les devises étrangères sont rares, l'achat des devises étrangères n'est pas facile. Si les matières premières produites au Vietnam répondent aux normes de qualité requises, les entreprises domestiques les achèteront immédiatement.
Ce problème concerne l'ensemble du secteur du textile, c'est-à-dire non seulement les entreprises de textile proprement dites, mais aussi celles de la confection. D'après le directeur général de la compagnie générale de textile et de confection de Hanoi (Hanosimex), Nguyên Khanh Son, son entreprise doit importer toutes ses matières premières, dont 20.000 tonnes de coton par an, pour un coût de 24,5 millions de dollars, afin de produire ses tissus, et ce parce que les producteurs nationaux ne parviennent pas à satisfaire à leurs exigences de qualité comme de quantité.
Développer l'industrie auxiliaire
Cette question de substitution des importations et d'augmentation de la marge bénéficiaire est particulièrement importante. Nguyên Duc Khiêm, Pdg. de la compagnie générale Viêt Thang, un des plus importants producteurs de tissus du pays, reconnaît que jusqu'ici, la production de matières premières et d'accessoires au Vietnam ne peut pas encore répondre aux demandes des entreprises domestiques.
Le président de l'Association du textile et de la confection du Vietnam (Vinatex), Lê Quôc Ân, précise qu'à ce jour, le coton vietnamien ne satisfait qu'à 10% des besoins domestiques, les fils, à 70%, les tissus, à 50%, et les accessoires, à 70%. En novembre dernier, le montant des importations de coton a atteint 353 millions de dollars, celles de fils, 721 millions, de tissus, 3.821 millions, et d'accessoires, 992 millions de dollars, pour un total de près de 5,9 milliards de dollars...
Selon Lê Quôc Ân, afin de augmenter la production nationale de coton, le Premier ministre Nguyên Tân Dung a récemment adopté un programme national de développement de cette culture au Vietnam pour 2015, dont l'objectif est de parvenir à une superficie de 30.000 ha en 2015 puis de 76.000 ha en 2020.
Le groupe du pétrole et du gaz du Vietnam et Vinatex construisent une usine de fils synthétiques dans la zone industrielle de Dinh Vu de Hai Phong (Nord), laquelle répondra à 100% des besoins nationaux dès son entrée en service prévue en 2012. Vinatex fait de même pour quatre usines de textile et de teinture dans les provinces de Ninh Binh, Nam Dinh (Nord), Long An et Trà Vinh (delta du Mékong) afin de porter sa capacité à 200 millions de mètres de tissus d'ici 2015. Dans cette logique de substitution des importations, développer le secteur de l'industrie auxiliaire est devenu une urgence.
Le besoin de matières premières nationales a créé des opportunités pour la production. En 2000, la compagnie par actions de fils Thê Ky a décidé d'investir au développement du fil polyester filament. Jusqu'à maintenant, le pays compte seulement quatre usines de production de ce produit.
Le Pdg de la compagnie Thê Ky, Dang Triêu Hoà, déclare que l'année dernière, la production de son usine a atteint 14.400 tonnes/an au lieu de 4.800 tonnes/an en 2000. Récemment, elle a construit une unité de production de 25.000 tonnes/an représentant un investissement de 550 milliards de dôngs. Selon Dang Triêu Hoà, les opportunités d'investissement dans le secteur du textile sont importantes, mais pour réussir, les entreprises doivent investir dans des produits de qualité afin de pouvoir rester en concurrence avec leurs homologues étrangers.
Afin d'inciter les investisseurs, l'État doit adopter des politiques de soutien financier, car les capacités de financement des entreprises nationales sont insuffisantes, alors même que ce secteur économique implique d'importants investissements pour son développement. Les entreprises textiles souhaitent pouvoir acheter des matières premières nationales de qualité à prix raisonnable. Cela a mis les producteurs dans une compétition pour augmenter la qualité de leurs produits et diminuer les coûts de production.
D'après le directeur général de la compagnie Viêt Thang, Nguyên Duc Khiêm, il faut investir dans le renouvellement des technologies, mais aussi dans la formation de ressources humaines. En effet, des gestionnaires et des ouvriers qualifiés sont également des facteurs dans l'élévation de la productivité et de la qualité des produits en vue de satisfaire aux besoins et aux exigences des entreprises nationales comme étrangères.
Hà Minh/CVN