Au Vietnam, des acrobates vocaux laissent sans voix

Maîtrisant totalement la voix, deux joueurs du beatbox Minh Kiên à Hanoi et Minh Tuân à Hô Chi Minh-Ville laissent le public bouche bée.

Le beatbox ou human beatbox (littéralement la boîte à rythme humaine) consiste en l'imitation vocale d'une boîte à rythme, de scratchs et de nombreux autres instruments, principalement de percussion. Aujourd'hui, il fait partie de la culture hip-hop, mouvement culturel et artistique apparu aux États-Unis au début des années 1970 puis s'est développé en Europe.

Depuis quelques années, le beatbox prend ses quartier au Vietnam. Dans les grandes villes comme Hanoi, Hai Phong, Dà Nang et Hô Chi Minh-Ville, les jeunes passionnés, étudiants et élèves surtout, se réunissent dans les clubs de beatbox pour apprendre ensemble cette technique unique d'imitation des percussions qui utilise pour seul outil la bouche. Sur Internet, ils se font circuler les tutoriaux ainsi que les clips des beatboxers vietnamiens et étrangers.

La naissante du beatbox au Vietnam prend sa source auprès de certaines figures d'avant-garde, à l'instar du jeune hanoien Minh Kiên. Il a été le premier beatboxer vietnamien à se produire sur scène en apparaissant dès 2006 devant le jeune public de l'École supérieure de médecine de Hanoi. Son talent, alors inédit au Vietnam, a immédiatement conquis les étudiants de cet établissement. Épris de passion pour cette technique, cet artiste amateur vient de sortir son premier opus et premier disque de beatbox au Vietnam sous le nom de Môt thoi de nho (Un temps pour se souvenir). Dans cet album disponible dans les bacs depuis début octobre, Minh Kiên interprète sept morceaux où il mélange des sons de percussion -cela va s'en dire- avec d'autres instruments -et c'est là toute l'originalité- comme piano, guitare...

Bouchée des rythmes

Âgé de 22 ans, notre jeune homme a déjà à son actif dix ans de beatbox. Il raconte que sa passion d'imiter les sons des instruments de musique remonte à l'enfance. "Quand j'étais petit, mes parents me laissaient souvent dans la maison pendant les jours où je n'avais pas classe. J'en ai donc profité pour inventer différents jeux en formant des familles de chaises, de vaisselles, voire de livres et de cahiers...", raconte Minh Kiên. Dans ces familles imaginées, il jouait à la fois le rôle du père, de la mère et de l'enfant. Il imitait la voix de son père qui élevait le ton chaque fois qu'il rentrait à la maison pour constater le désordre mis par son fils. Et puis la voix de sa mère qui faisait la cuisine tout en arrangeant la pièce et posait des questions tantôt à son fils, tantôt à son mari... Outre la voix de ses parents, de sa maîtresse et de ses camarades à l'école, Minh Kiên imitait également des sons qu'il entendait à l'extérieur des murs : le vrombissement de moteurs, les klaxons de motos, les aboiements de chiens, le ronronnement de chats... Parfois le garçon écoutait la radio et reproduisait la voix des présentateurs et présentatrices. Quant aux chansons faisant partie des émissions de musique, il les apprenait et fredonnait les notes...

Avec ses jeux d'enfance, Minh Kiên a pris ses premières leçons de beatboxer sans le savoir. Lorsqu'un beau jour, il a appris l'existence du beatbox sur Internet, cela a été le coup de foudre. Dès lors, il n'a eu de cesse de reproduire puis de produire des sons d'instruments de percussion et de DJ avec ce rythme si singulier qui caractérise le hip-hop. Minh Kiên a d'abord révélé son talent au public à travers des représentations à l'école, puis dans les parcs publics. "Le premier cachet que j'ai gagné en tant que beatboxer a été de 50.000 dôngs. À ce moment, j'étais encore au lycée", se souvient-il.

Grâce à son don d'imitateur de voix féminines comme masculines, le jeune homme a choisi de concourir pour la faculté de théâtre parlé de l'École supérieure des arts de Hanoi, où il s'est rapidement imposé comme le meilleur étudiant des disciplines d'interprétation et de voix théâtrale. Sans laisser le beatbox de côté ! Les leçons à la faculté de théâtre parlé l'ont aidé à développer sa technique. Par exemple, l'observation et l'interprétation des nuances lorsque l'on veut exprimer des sentiments, les expressions que l'on doit donner à un personnage qui ont pour but d'être plus crédible dans son jeu d'acteur aident également à développer son oreille pour écouter les sons de la vie de manière plus subtile.

Aujourd'hui, le premier beatboxer vietnamien a ouvert un cours d'entraînement à cette technique au Palais d'amitié à Hanoi pour partager sa passion avec d'autres jeunes. "Le beatbox est un jeu qui n'est pas trop difficile à réaliser. En plus, c'est un jeu sain et à portée de toutes les bourses. Cela occupe et permet de garder un bon cadre de vie", affirme Minh Kiên. Et d'ajouter : "Peut-être que si je n'avais pas fait la rencontre avec le beatbox ou trouver aucun intérêt à en faire, je me serais livré à des rodéos en moto ou transformé en accroc des jeux-vidéo. Qui sait ?".

Passion et patience

Si Minh Kiên est une des effigies des beatboxers hanoiens, Hoàng Minh Tuân est un représentant remarquable de Hô Chi Minh-Ville. Du haut de ses 19 ans, il est responsable du Saigon Beatbox Club, le seul club en la matière de la mégapole du Sud.

Il y a quatre ans, Minh Tuân a découvert la technique du beatbox lorsqu'il surfait sur Internet. Il est tombé sur un clip de Felix Zenger, un beatboxer assez connu dans le monde. "Je me suis retrouvé bouche bée devant la démonstration de Felix Zenger. Tout de suite après, je me suis écrié : Parfait!", raconte Hoàng Minh Tuân, ou Tuân beatbox. Le clip de Felix Zenger a excité la curiosité de ce lycéen qui aime aussi chanter. Il a ensuite cherché sur Internet des documents relatifs à cette technique et s'entraîne depuis assidûment. Mais "il n'y a pas de notion de sons difficiles ou faciles. Ceux qui sont difficiles pour les uns peuvent être faciles pour les autres. Il n'y a pas de règles à proprement parler", s'adresse souvent Minh Tuân aux débutants, affirmant qu'avec les chansons, le beatbox est sa plus grande passion. "La passion et la patience suffisent à un beatboxer. Comme dans tous les arts, l'important est avant tout la passion. Et le beatbox ne fait pas figure d'exception. Ceux qui ont un don pour la musique et qui ont l'oreille musicale pourront assimiler et développer plus vite leur technique. Mais c'est tout !", confie-t-il.

Comme Minh Kiên, Minh Tuân croit qu'un jour cette technique ne sera pas seulement un plaisir auquel se consacre les jeunes, mais un genre artistique largement répandu.

Que de la bouche?
Si vous aussi voulez faire connaissance avec le beatbox, vous pouvez vous rendre sur le site : www.beatbox.withme.us.
Xuân Lôc/CVN
16/10/2011

Les éliminatoires du tournoi beatbox Vietnam ont lieu les 7, 8, 9 et

23 octobre. La finale se déroulera le 6 novembre à Hô Chi Minh-Ville. L'événement sera organisé par X-Games Vietnam. Pour des informations complémentaires, veuillez consulter le site

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