Au moins 36 morts dans le crash d'un avion-cargo pas en état de voler en Soudan du Sud

Au moins 36 personnes ont été tuées le 4 novembre à Juba, la capitale du Soudan du Sud, dans la chute au décollage d'un avion cargo Antonov vieux de 44 ans et qui, selon son constructeur, n'était pas en état de voler.

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L'Antonov An-12 assemblé en 1971 a percuté une petite île du Nil-Blanc, située à environ 2 km en bout de piste, dans une zone de hameaux agricoles.

"Jusqu'ici, 36 corps ont été récupérés" par la Croix-Rouge sud-soudanaise, a déclaré Majju Hillary, responsable de la communication de l'organisation.

L'avion n'a miraculeusement pas fait de victime parmi les habitants au sol. Mais le bilan pourrait s'alourdir "car certains débris sont trop lourds pour être déplacés et nécessitent des engins" difficiles à acheminer, a poursuivi M. Hillary.

Une photo du site où au moins 27 personnes ont été tuées le 3 novembre à Juba, capitale du Soudan du Sud, dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé au décollage sur une zone de hameaux agricoles.
Photo : AFP/VNA/CVN

Deux personnes ont initialement survécu dont une est ensuite décédée, a-t-il ajouté.

Le constructeur ukrainien a déclaré dans un communiqué que l'Antonov "ne devait pas être en service car les procédures" de rénovation et entretien "prévues par la réglementation n'avaient pas été suivies (...) y compris celles visant à assurer la sécurité".

L'avion enregistré au Tadjikistan avait été assemblé en Ouzbékistan. Son équipage était composé de ressortissants arméniens et Erevan a confirmé la mort de cinq Arméniens dans l'accident.

Sur l'île, où ont pu se rendre des journalistes, seule la queue blanche de l'appareil était encore en un seul morceau, en lisière d'une zone boisée. Le reste a été pulvérisé. Des débris - dont une hélice et un morceau du cockpit - tapissaient le sol parsemé de cadavres gisant au milieu du chargement.

L'épave se trouve à quelque dizaines de mètres de maisons, intactes, dont celle de Ibrahim Mohamed, qui vit sur l'île avec ses quatre enfants.

Il se trouvait aux champs quand il a entendu l'avion tomber. "J'ai couru chez moi et, Dieu merci, mes enfants s'étaient enfuis et n'étaient pas blessés", a-t-il raconté. "Un des pneus s'est brisé et a été projeté dans la cour mais n'a blessé personne", a-t-il ajouté.

Selon des radios locales, l'avion s'est écrasé alors qu'il venait de décoller à destination de Paloich, à 600 km plus au Nord, dans l'État du Haut-Nil, un des principaux champs de bataille de la guerre civile qui ravage le Soudan du Sud depuis décembre 2013.

Possible surcharge

D'après son immatriculation et son logo, l'avion appartenait à la société Allied Services de transport routier, fluvial et aérien basée à Juba.

L'An-12 est un quadrimoteur de transport civil et militaire mis en service à la fin des années 1950. Il peut transporter 18 tonnes de fret et son équipage est composé de cinq ou six personnes.

Il est commun dans certaines régions d'Afrique que des avions-cargos volant vers des zones reculées embarquent des passagers.

Un employé d'une compagnie sud-soudanaise de fret aérien a confirmé qu'il n'était pas rare que des passagers ne soient pas inscrits sur le manifeste de vol, estimant qu'une surcharge pourrait avoir causé l'accident.

"Antonov surveille l'état de ses avions où qu'ils se trouvent et fournit des recommandations concernant l'entretien ou les travaux à réaliser afin de prolonger la durée de leur exploitation", a expliqué une responsable du constructeur.

Dans ce cas, Antonov était en contact avec les autorités tadjikes, selon la même source.

Dans son communiqué, le constructeur précise également que les autorités aériennes ukrainiennes attendent des informations de la part des autorités du Soudan du Sud et du Tadjikistan pour décider si Antonov doit participer ou pas à l'enquête.

L'aéroport de Juba accueille des vols commerciaux mais aussi un important trafic d'appareils militaires et d'avions-cargos qui transportent de l'aide à travers le pays, de la taille de la péninsule ibérique et quasiment dépourvu de routes asphaltées.

Le Soudan du Sud est un des pays les moins développés au monde. Ravagé par des décennies de guerre de sécession contre Khartoum, il a proclamé son indépendance en juillet 2011. Miné par des antagonismes politico-ethniques, il a replongé depuis fin 2013 dans une terrible guerre civile.


AFP/VNA/CVN

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