>>Pérou : un Machu Picchu sans touristes pour son 109e anniversaire
>>Découverte de poteries incas dans la citadelle de Machu Picchu
>>Patrimoine de l'UNESCO : le Corbusier en lice, le Machu Picchu menacé
Des touristes sur le site du Machu Picchu, au Pérou, le 2 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les premiers visiteurs à pénétrer le 2 novembre sur le site ont été un couple de Français et un couple de Chiliens, au lendemain de la réouverture officielle célébrée par une cérémonie rituelle inca. "Nous sommes très heureux d’être là aujourd’hui", a déclaré Véronique, une touriste française qui n’a pas souhaité donner son nom. Elle a été surprise par la pandémie de coronavirus en mars au Pérou alors qu’elle voyageait en Amérique latine avec son mari et ses deux enfants.
Comme avant la pandémie de COVID-19, les autocars de touristes ont repris leur ballet toutes les 15 minutes depuis Machu Picchu pueblo, le village le plus proche de la mythique citadelle.
"Cela a été une surprise de constater que nous étions les premiers touristes internationaux à entrer sur le site", dit Juan José Garcia, un Chilien de 34 ans qui vit à Lima depuis mars. "C’est une chance de pouvoir être ici sans beaucoup de gens", se réjouit son épouse, Victoria Moran, alors qu’avant la pandémie environ 3.000 touristes fréquentaient quotidiennement le site, classé au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO en 1983.
Pour des raisons de sécurité sanitaire, seulement 675 touristes peuvent désormais accéder au site chaque jour. Le 2 novembre, la majorité était des Péruviens.
Face à cette réouverture progressive, certains hôtels de Machu Picchu pueblo ont rouvert le 31 octobre, mais la plupart sont toujours fermés. Le Sanctuary lodge, l’unique hôtel situé dans la montagne, à 50 m de l’entrée du site, a rouvert ses portes. L’établissement, où le prix d’une chambre tourne autour de 1.400 USD, a reçu ses premiers touristes le 3 novembre.
Auparavant, il était nécessaire de réserver avec un à deux ans d’avance, rappelle son gérant, Michael Leitao.
"Frère" indien
Le Pérou a été très durement touché par la pandémie de coronavirus. Plus de 900.000 cas ont été enregistrés, dont plus de 34.000 décès, dans ce pays
de 32 millions d’habitants.
Une vue de la citadelle inca du Machu Picchu, au Pérou. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À l’entrée du site, visiteurs et gardiens sont soumis à un contrôle de température et les touristes sont tenus de garder leurs distances. Le 2 novembre, les premiers visiteurs de la citadelle de pierre, dont le nom signifie "Vieille montagne" en langue quechua, ont gravi des sentiers baignés de brume.
Cette dernière s’est finalement dissipée, permettant aux voyageurs d’admirer depuis les hauteurs le sanctuaire édifié sous le règne de l’empereur Pachacutec (1438-1471), puis abandonné lors de l’effondrement de l’empire inca.
C’est cette brume, qui recouvre régulièrement les montagnes du Machu Picchu, qui a permis à la citadelle de se dérober aux regards pendant quatre siècles, jusqu’à sa "découverte" par Hiram Bingham (1875-1956), le 24 juillet 1911. En discutant avec les habitants, ce professeur de l’Université de Yale avait appris qu’il existait un site archéologi-que dans les montagnes, mais sans soupçonner que cela serait si grandiose.
Il se lance alors à l’assaut de la montagne, guidé par un enfant. "Qui pourrait croire ce que j’avais découvert ?", écrira l’explorateur des décennies plus tard dans son livre intitulé La fabuleuse découverte de la cité perdue des Incas.
Si Hiram Bingham fut le "découvreur" archéologique du site, les historiens soulignent que le poète chilien Pablo Neruda (1904-1973) fut son "découvreur poétique".
La réouverture de la citadelle coïncide avec le 75e anniversaire de l’écriture du poème Alturas de Macchu Picchu (Hauteurs de Macchu Picchu) qui a contribué à faire connaître la cité inca dans le monde entier à une époque où n’existaient ni la télévision, ni Internet.
Pablo Neruda avait gravi la montagne en 1943 à dos de mule, trois ans avant l’ouverture du site au tourisme. En 1945, il écrivit ce poème qui rend hommage au "frère" amérindien oublié qui l’a construit. "Je viens parler par votre bouche morte", écrit le poète, couronné en 1971 par le prix Nobel de littérature.
AFP/VNA/CVN