Les Philippins entendent fêter Noël en dépit du coronavirus

Aux Philippines, Noël débute dès septembre. Sapins artificiels et guirlandes lumineuses envahissent alors les centres commerciaux mais, cette année, la pandémie menace de gâcher cette fête traditionnelle tant attendue.

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Une cliente fait ses achats de décoration de Noël le 5 novembre 2020 dans une rue commerçante de Manille.

Les rassemblements demeurent interdits, un couvre-feu est toujours en vigueur et beaucoup d'habitants ont basculé dans la plus grande précarité en raison des mesures prises pour contenir l'épidémie qui ont dévasté l'économie et fait des millions de chômeurs.

"Nous sommes envahis par la tristesse", déplore le crooner philippin Jose Mari Chan, dont la chanson "Christmas In Our Hearts" retentit sur les ondes dès le 1er septembre, annonçant ainsi le lancement des festivités.

Cette année, dans cet archipel très majoritairement catholique, les réunions de famille, les soirées karaoké et les importants achats de cadeaux qui marquent généralement le compte à rebours avant le jour de Noël sont chamboulées.

Mais en dépit de la morosité ambiante, les Philippins, très festifs, entendent empêcher le virus de leur gâcher ce moment de joie.

"Avec ou sans le Covid, nous devons coûte que coûte fêter Noël car c'est une tradition philippine", affirme Cecilia Moore, qui a déjà déboursé 2.500 pesos (44 euros) en guirlandes lumineuse pour décorer sa maison.

Son époux, employé sur un pétrolier, a perdu son travail quand l'état d'urgence a été décrété en mars, mettant à mal les finances de la famille.

Mais Mme Moore n'a pas pour autant renoncé à son désir d'apporter de la couleur afin de dissiper la morosité familiale ambiante.

"Même si les temps sont durs, nous continuons à acheter des lumières qui nous rendent heureux", souligne cette femme de 32 ans.

Les raisons pour lesquelles les célébrations de Noël commencent aussi tôt aux Philippines demeurent floues.

La sociologue Yellowbelle Duaqui avance une explication culturelle: ils adorent faire la fête.

"Sens de l'hospitalité" 

"Les Philippins sont réputés pour avoir le meilleur sens de l'hospitalité au monde", souligne-t-elle.

Jeffrey Lopez, qui fabrique des lumières scintillantes à San Fernando, près de Manille, travaille à plein régime depuis la réouverture de son atelier en août, après deux mois d'arrêt.

Un arbre de Noël est installé au centre d'un centre commercial à Manille le 7 novembre 2020.

Les ventes ont atteint 40.000 pesos (700 euros par jour) et deux fois plus le weekend, soit le niveau d'avant la pandémie.

"C'est comme si le Covid ne nous avait pas frappés", remarque M. Lopez dans son atelier où des lumières en forme de renne, de Père Noël et même de la Tour Eiffel ont été suspendues à l'extérieur.

"Rien, pas même la pandémie ne peut empêcher la venue de Noël". Mais beaucoup de commerçants continuent de souffrir.

Les centres commerciaux, habituellement très fréquentés en cette période, sont anormalement calmes, les habitants préférant rester chez eux par crainte du coronavirus qui a déjà contaminé près de 400.000 personnes à travers l'archipel.

Certains magasins ont tiré le rideau et ceux qui restent ouverts proposent des remises de 50 à 70%.

"Nombre de personnes ont perdu beaucoup d'argent", souligne Roehlano Briones, chercheur à l'Institut philippin d'études sur le développement, géré par l'État.

En temps normal, les festivités autour de Noël, qui durent quatre mois, sont marquées par une hausse de la consommation des ménages d'environ 12 à 18% au quatrième trimestre par rapport aux autres, affirme M. Briones.

Cette tendance va se poursuivre cette année "mais de manière modérée", a-t-il ajouté.

Des décorations de Noël sont en vente à San Fernando près de Manille le 6 octobre 2020 dans la perspective des fêtes de fin d'année.
Photo : AFP/VNA/CVN

De nombreux budgets des ménages ont également été grevés par la perte des envois mensuels d'argent effectués par les proches qui travaillent à l'étranger et ont perdu leur travail en raison de la crise liée à la pandémie.

Le crooner M. Chan, qui se décrit comme celui qui "annonce l'arrivée de la saison de Noël" estime que la pandémie est venue rappeler aux Philippins "ce qui compte vraiment".

"Il y a beaucoup de nos frères qui sont sans travail, qui ont faim", souligne-t-il.

"Ces mois liés à Noël devraient réveiller notre sentiment de générosité et de gentillesse à leur égard".


AFP/VNA/CVN

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