>>En Centrafrique, une troupe de ballet pour retrouver l’unité nationale
L'orchestre Zokela sur scène à Bangui, le 13 octobre. |
À l'appel de Chouchou, les clients échevelés par les bières tièdes affluent sur la piste de ce bar dancing populaire de Bangui, la capitale.
Va-et-vient de bassin frénétiques, coups de pied dans les airs, cabrioles en arrière… Ce soir, on danse le motenguene, la "danse des chenilles", l'un des quatre rythmes traditionnels de Centrafrique, avec la danse des oiseaux au Nord, la danse des poissons au Sud-est, la danse de la savane au Centre.
Celle des chenilles, héritée des tribus pygmées qui récoltent ces insectes typiques de la gastronomie locale dans les forêts du sud-ouest, est l'une des rares à s'être fait une petite place auprès d'un public local largement influencé par les musiques étrangères.
La République démocratique du Congo a sa rumba, le Nigeria, son afrobeat. Mais qui peut citer un style musical propre à la Centrafrique ? Bien peu, même à l'intérieur de ses frontières.
"Le motenguene ? Ah, oui... C'est le truc traditionnel", bredouille Daniel, alias Dan One, un jeune rappeur de Bangui.
"Chez nous, généralement, on a tendance à se baser sur la musique occidentale ou d'Afrique de l'ouest", explique-t-il. "Les jeunes copient les autres pays, mais ils ne savent pas valoriser leur culture traditionnelle".
Cela fait près de 30 ans que Zokela essaye de moderniser le motenguene. En concert, colliers de perles et pagnes en peau d'antilope sont souvent troqués contre des vêtements de ville; et les koras (instruments à corde) contre des guitares électriques. "On exploite cette danse pour nous distinguer un peu de nos frères congolais, ivoiriens et camerounais", explique Saint-Pierre Dibaba Alagomme, le fondateur de Zokela.
AFP/VNA/CVN