Au G20 Finances, unanimité de façade sur la croissance, tensions sur la Grèce

Les grands argentiers du G20 ont affiché mardi 10 février leur bonne entente sur la nécessité de soutenir la croissance ou sur la lutte contre le financement du terrorisme, mais n'ont pu dissimuler les tensions autour de la Grèce.

>>Lagarde aux pays du G20 : "Il est temps de passer à l'action"
La directrice du FMI, Christine Lagarde, présente à Istanbul aux côtés des ministres des Finances et des dirigeants des banques centrales des vingt premières économies mondiales, a souligné dans un communiqué que "le temps pressait face au risque de faible croissance persistante et de fort chômage auquel sont confrontés de nombreux pays".
Le G20 a donc promis d'agir "de manière déterminée" contre ces risques, sur les fronts monétaire et budgétaire, selon le communiqué final de la réunion. Mais derrière cette "détermination", les violons ne sont pas parfaitement accordés.
Ainsi, le secrétaire au Trésor américain Jack Lew a-t-il dit devant la presse qu'en Europe "certains pays ont une marge de manœuvre budgétaire. Ils doivent l'utiliser pour augmenter la demande".
Réunion des grands argentiers du G20, le 10 février à Istanbul.
Photo : AFP/VNA/CVN

Un message directement adressé à l'Allemagne, qui vient tout juste d'enregistrer un record de ses exportations, mais tient en même temps à équilibrer son budget.
Autre sujet délicat : l'impact de la baisse des prix du pétrole. Le G20 rassemble des pays consommateurs, qui s'en réjouissent, et des producteurs, préoccupés à divers degrés.
"L'impact semble positif sur l'économie mondiale, mais il y a des divergences significatives d'une région à l'autre", a prudemment noté le vice-Premier ministre turc Ali Babacan, dont le pays préside cette année le G20 jusqu'au sommet des chefs d'État ou de gouvernement prévu pour novembre.
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, s'est employé à combattre l'impression d'une guérilla monétaire dans le monde, suscitée par des baisses de taux d'intérêt en cascade dans certains pays ou des initiatives telles que celle de la Banque centrale européenne (BCE), qui fait baisser l'euro en se lançant dans des achats massifs de dettes.
La Grèce en toile de fond
Il n'y a "pas du tout de sentiment de guerre des monnaies autour de la table" du G20, a assuré M. Noyer.
Les membres du groupe ont aussi affiché une volonté commune de mieux lutter contre le financement du terrorisme.
Le ministre français des Finances, Michel Sapin, a évoqué la "nécessité d'être beaucoup plus efficace et coordonné" quand des gels d'avoirs s'avèrent nécessaires, et de surveiller les "petits mouvements en cash" qui permettent "aux terroristes de mener à bien leur œuvre destructrice".
Les participants à la réunion ont affiché, comme à leurs précédentes rencontres, leur "profonde déception" face au refus américain persistant d'une profonde réforme du Fonds monétaire international (FMI). Ils ont également promis de poursuivre leurs efforts de lutte contre la fraude et l'optimisation fiscales.
La réunion d'Istanbul a aussi porté dans les couloirs sur la Grèce, mais cette fois sans dégager de consensus.
Le ministre britannique des Finances, George Osborne, un des plus alarmistes, a dit redouter une "très mauvaise issue", à la veille d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, la première du ministre grec Yanis Varoufakis. Cela lui a valu un rappel à l'ordre du commissaire européen aux affaires économiques et financières Pierre Moscovici.
"De temps en temps, de la solidarité en dehors de la zone euro à l'égard de la zone euro, ça ne ferait pas de mal", a-t-il dit.
Le nouveau gouvernement grec, issu du parti de la gauche radicale Syriza, veut s'affranchir des anciens accords passés avec ses créanciers, synonymes d'austérité. Il réclame à ses partenaires un financement d'urgence le temps de préparer un programme de réformes et de désendettement.
Faute d'accord, la Grèce, qui n'a plus accès aux marchés des capitaux, risque fin février de se trouver sans le sou. Or ni Berlin, ni Bruxelles ne souhaitent faire des accords passés table rase.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a ainsi asséné : "Nous ne sommes pas en train de négocier un nouveau programme" avec la Grèce qui doit, a-t-il affirmé, s'en tenir pour l'instant aux accords remontant à 2010. "Il a raison", a renchéri M. Moscovici. "Nous devons discuter dans un cadre collectif, commun, qui existe déjà, qui est celui du programme en cours", a-t-il jugé.


AFP/VNA/CVN


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