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"Plutôt que de réduire leur dette, toutes les principales économies empruntent aujourd'hui davantage par rapport à leur PIB qu'en 2007", d'après les économistes du McKinsey Global Institute (MGI), qui estiment que "cela amène de nouveaux risques pour la stabilité financière et pourrait saper la croissance mondiale".
En volume, l'endettement de tous les acteurs économiques (États, entreprises, ménages...) a progressé de 57.000 milliards de dollars entre 2007 et 2014 pour frôler les 200.000 milliards de dollars.
Les dettes pesaient l'an dernier 286% du PIB mondial, contre 269% en 2007.
La tour de la Banque de Chine (droite) au milieu des gratte-ciel du quartier d'affaires de Lujiazui, à Shanghai. |
"Depuis la crise, la plupart des pays ont augmenté leur endettement, plutôt que l'inverse", constatent les auteurs. Le ratio de dette totale par rapport au PIB a ainsi progressé de plus de 50 points de pourcentage dans 14 pays sur les 22 économies avancées et 25 en développement examinées par le MGI.
Au premier rang des pays qui ont vu leur dette totale exploser se trouve l'Irlande, avec 172 points de pourcentage de hausse par rapport au PIB entre 2007 et 2014, suivie par Singapour (129%), la Grèce (103%) et le Portugal (100%).
France + 66%, Allemagne +8%
L'endettement total de la France a bondi de 66%, tandis que celui de l'Allemagne n'a progressé que de 8%, reflétant d'une part l'augmentation des dettes publiques en France, mais aussi la faiblesse de l'investissement, notamment privé, en Allemagne.
La seule dette publique a elle progressé de 25.000 milliards de dollars à travers le monde et "va continuer à croître dans de nombreux pays, au vu des fondamentaux économiques actuels", assurent les économistes de McKinsey, alors que de nombreuses banques centrales dans le monde diminuent le loyer de l'argent pour tenter de relancer la croissance.
Selon leurs projections, celle du gouvernement au Japon, qui détient le record en la matière, va progresser pour passer de 234% à 258% du PIB entre 2014 et 2019. La France passera de 104% à 119% sur la même période, tandis que la dette publique allemande reculera de 80% à 68% du PIB.
Pour les pays les plus endettés, "les efforts de réduction du déficit budgétaire pourraient être voués à l'échec en inhibant la croissance", craint le MGI.
En Chine, la dette globale a explosé sous l'effet des prêts accordés hors du secteur bancaire réglementé (shadow banking) ainsi que de la spéculation immobilière, passant de 7.000 milliards de dollars à 28.000 milliards de dollars.
"À 282% du PIB, l'endettement de la Chine est gérable, mais supérieur à celui des États-Unis ou de l'Allemagne", relève l'étude.
La dette des entreprises chinoises est particulièrement inquiétante puisqu'elle atteint 125% du PIB de la deuxième économie mondiale, soit "un des niveaux de dette entrepreneuriale les plus élevés du monde".
Une autre menace pour la stabilité financière du moteur de la croissance mondiale est l'endettement opaque de ses collectivités locales chinoises, dont l'endettement a presque triplé en sept ans pour atteindre 1.700 milliards de dollars.
Enfin la dette des ménages au niveau mondial atteint également des sommets, même si elle a été réduite depuis 2007 dans certains pays particulièrement frappés par la crise qui a démarré en 2008, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Irlande.
Mais dans d'autres comme l'Australie, le Canada, la Suède ou encore les Pays-Bas, la dette des ménages campe aujourd'hui à des niveaux supérieurs à ceux atteints avant 2008 dans les pays frappés par la crise, souligne McKinsey.
Comme "pour croître, les économies ont besoin de niveaux de dette de plus en plus élevés, et que le désendettement est rare et de plus en plus difficile, elles vont devoir apprendre à vivre de manière plus sûre avec une dette élevée".
AFP/VNA/CVN