COVID-19
Au cœur de l'été, la France craint le grand incendie

Pass sanitaire (PS) étendu par la loi, vaccination à tour de bras, rappel des gestes barrières : au cœur des vacances d'été, la France veut tout faire pour freiner l'explosion des cas de COVID-19 due au variant Delta et, surtout, éviter qu'elle ne touche l'hôpital.

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Une affiche invitant à présenter le pass sanitaire et une pièce d'identité à l'entrée d'une boutique de souvenirs au Mont-Saint-Michel, le 22 juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'adoption de telles mesures est "urgente", selon Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique qui guide le gouvernement. "Le retour à la normale, c'est pas maintenant, c'est peut-être 2022 (ou) 2023" seulement, a-t-il dit vendredi 23 juillet sur BFMTV.

Environ 4.500 le 9 juillet, 10.900 le 16 juillet, près de 21.500 ce vendredi 23 juillet : le nombre de cas quotidiens double quasiment d'une semaine à l'autre à cause du variant Delta (dit "indien"), très contagieux. "On arrivera aux 50.000 cas probablement début août", a prévenu le Pr Delfraissy."Pour la première fois depuis 15 semaines", la hausse des cas s'accompagne "d'une augmentation nette du taux d'hospitalisation (+55%) et du nombre de patients admis en services de soins critiques (+35%)", alerte vendredi 23 juillet l'agence sanitaire Santé publique France dans son point hebdomadaire.En Occitanie, les nouvelles hospitalisations dues au COVID-19 ont ainsi été multipliées par trois en 15 jours. "L'impact sanitaire est désormais avéré", a commenté l'Agence régionale de santé (ARS).

Or c'est le risque d'une saturation de l'hôpital, et en particulier des services de réanimation, qui avait conduit le gouvernement à imposer des confinements lors des précédentes vagues.

C'est pourquoi il est impératif d'"atteindre le plus rapidement possible un niveau suffisant d'immunité collective" pour "éviter de nouvelles tensions hospitalières et sur le système de santé", souligne Santé publique France.

L'Assemblée vote la loi

Le service de réanimation à l'hôpital Henri Mondor à Créteil, près de Paris, le 22 juillet.

Le premier outil pour cela, c'est la vaccination.

Au bout d'une nuit blanche d'intenses débats, l'Assemblée nationale a voté le projet de loi sur l'extension controversée du pass sanitaire et l'obligation vaccinale pour les soignants. Le Sénat doit désormais s'en saisir et le gouvernement vise une adoption avant la fin du week-end.

En plus de la loi, l'obligation du pass sanitaire pour les lieux culturels est déjà entrée en vigueur mercredi 21 juillet.

Avant même l'adoption de ces mesures de durcissement, leur simple annonce par le président Emmanuel Macron le 12 juillet a accéléré la vaccination : 58% de la population totale (39 millions de personnes) ont aujourd'hui reçu au moins une dose (et 48% sont complètement vaccinés), contre respectivement 53% et 40% le 10 juillet.

Mais la vaccination ne fait pas tout : dans un "contexte de contamination très large, il faut revenir aux mesures barrières simples", a insisté le Pr Delfraissy. Selon lui, cela pourrait permettre de "gagner probablement 20% en termes d'hospitalisations".

Même "si vous être vacciné et que vous êtes dans une situation de foule, portez le masque", a-t-il martelé.

C'est évidemment nécessaire en intérieur, dans les lieux mal ventilés mais ça l'Est aussi, selon lui, "dans des zones du littoral où il y a énormément de monde".

Clusters en boîtes

Il a également jugé "dangereux" en termes épidémiques de fréquenter les boîtes de nuit, rouvertes avec pass sanitaire.

Dans l'Est, Vosges et Doubs, deux foyers de contaminations partis de discothèques ont d'ailleurs été identifiés avec, à chaque fois, plusieurs dizaines de personnes touchées, selon les autorités sanitaires locales.

Pour la semaine du 12 au 18 juillet, on observe "une forte hausse du nombre de cas ayant fréquenté des lieux de rassemblements, notamment les bars, où les mesures barrières sont plus difficiles à maintenir", note Santé publique France. Le projet de loi prévoit l'extension du pass sanitaire aux cafés-restaurants début août.

Malgré cette dégradation nette, les mesures du gouvernement et son empressement à les mettre en oeuvre provoquent de fortes réticences dans l'opposition, et une franche hostilité dans une petite frange de la population.

Les députés républicains, qui se sont majoritairement abstenus sur le vote, ont mis en garde contre la volonté de mettre le "pays sous cloche" et regretté que les débats n'aient pas permis de "lever les ambiguïtés" sur un pass sanitaire assimilable à "un passeport du quotidien", selon l'un d'entre eux, Philippe Gosselin.

Le PS, la France insoumise et le PC ont voté contre le texte, adopté à l'Assemblée nationale par 117 voix pour et 86 contre.

En outre, une nouvelle manifestation contre le pass sanitaire s'est déroulée samedi 23 juillet à Paris, place du Trocadéro.

AFP/VNA/CVN

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