>>Les conservateurs à l'offensive sur le Brexit lors de leur congrès
>>Brexit : les hostilités s'exacerbent entre Boris Johnson et le Parlement
"Mettez en œuvre le Brexit. Investissez dans le système de santé, nos écoles et la police", lit-on sur une affiche au congrès de Manchester du Parti conservateur britannique, le 29 septembre. |
Le slogan ("Get Brexit done" en anglais) s'affichait aussi en grandes lettres dans le centre de conférence de Manchester (Nord-Ouest de l'Angleterre), où les Tories sont réunis en congrès jusqu'à mercredi 2 octobre.
Alors que les divisions autour de la sortie de l'UE sont à leur comble, Boris Johnson a estimé que "le meilleur moyen d'y mettre fin est d'accomplir le Brexit le 31 octobre et permettre à ce pays d'aller de l'avant", lors d'un entretien à la BBC.
Plébiscité par la base, Boris Johnson s'est hissé au pouvoir fin juillet en s'engageant à accomplir le Brexit, voté par 52% des Britanniques lors du référendum de 2016, même sans accord de divorce avec l'UE susceptible d'atténuer le choc pour l'économie britannique.
Le chef de gouvernement n'en démord pas, même si sa stratégie a jusqu'ici été systématiquement mise en échec par le Parlement. Il a engagé une guerre ouverte avec les députés, qu'il oppose au "peuple" dont il se veut le défenseur, n'hésitant pas à recourir à une rhétorique provocatrice.
Dans la même veine, plusieurs ministres ont martelé devant des militants conquis dimanche que seul les Tories pouvaient honorer le résultat du référendum, tandis que nombre de conservateurs modérés n'avaient pas fait le déplacement.
"Ce Parlement méprise désormais le peuple", a dénoncé Jacob Rees-Mogg, chargé des relations avec le Parlement.
"Réalisons le Brexit et permettez-nous de nous atteler à ce qui compte vraiment", comme le système public de santé, a scandé son collègue chargé des préparatifs du Brexit, Michael Gove.
"Faire peur"
La politique de la terre brûlée de Boris Johnson a jusqu'ici eu un effet boomerang.
Il suspend le Parlement? Les députés votent en urgence une loi l'obligeant à demander à Bruxelles un report du Brexit en cas de "no deal" - ce qu'il exclut, les accusant de "reddition". Ils obtiennent ensuite de la Cour suprême de pouvoir siéger à nouveau.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson et sa compagne Carrie Symonds à Manchester à la veille du congrès du Parti conservateur, le 28 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il éjecte du Parti conservateur 21 députés rebelles, quitte à saboter sa propre majorité, puis sollicite des élections législatives anticipées pour avoir les coudées plus franches ? Les députés s'y opposent, préférant tenir un scrutin une fois l'éventualité d'un "no deal" effectivement écartée.
Boris Johnson a été fortement critiqué cette semaine pour son recours à un vocabulaire souvent belliqueux à la Chambre des communes, accusé notamment par des députées de mettre de l'huile sur le feu et d'alimenter les menaces dont elles font l'objet.
"Je pense que tout le monde devrait se calmer", a-t-il déclaré sur la BBC, tout en estimant que lui-même avait été "un modèle de retenue". Il a par ailleurs assuré avoir "de bonnes chances" de conclure un accord de divorce, alors que les discussions avec Bruxelles patinent.
Boris Johnson "a assis sa crédibilité sur une sortie de l'UE le 31 octobre, et il est très difficile de voir comment il pourra faire. Sa réponse sera donc (...) d'exacerber la confrontation", prédit Constantine Fraser, analyste au cabinet d'études TS Lombard.
Symbole du bras de fer politique, Boris Johnson devrait snober les traditionnelles questions au Premier ministre du mercredi 2 octobre à la Chambre des communes pour prononcer à la place son discours de clôture. Un pied de nez aux députés qui ont refusé d'accorder aux conservateurs une courte pause pour leur permettre d'assister au congrès à temps plein, comme le veut l'usage.
Cette stratégie de rallier un maximum d'électeurs soutenant le "Leave" (départ de l'UE) semble payer dans les sondages, alors que des élections apparaissent de plus en plus comme inéluctables pour sortir de l'impasse, selon des observateurs de la politique britannique.
En précampagne électorale, le gouvernement a promis dimanche des investissements massifs dans le système de santé.
Insuffisant pour séduire les milliers de manifestants anti-austérité et anti-Brexit qui ont défilé dans les rues de Manchester. "Je ne pense pas qu'il ait un plan sur le Brexit. Je pense qu'il est faible, qu'il cherche à faire peur et qu'il répand un discours de haine", a dénoncé Emily Barr, 22 ans, qui travaille dans le secteur caritatif.