>>Les Français rendent un hommage populaire à Jacques Chirac
>>La France prépare son hommage d'adieu à Jacques Chirac
Des gens attendent aux Invalides pour dire un dernier adieu à l'ancien président Jacques Chirac, le 29 septembre à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans le calme et le recueillement, la file d'attente, impressionnante, s'est étendue pendant tout l'après-midi sur des centaines et des centaines de mètres pour arriver devant le cercueil de Jacques Chirac, placé à l'entrée de la cathédrale Saint-Louis des Invalides.
Les uns faisaient un au revoir de la main, d'autres un signe de croix, d'autres encore un selfie, devant la dépouille recouverte de bleu, blanc, rouge et entourée de drapeaux français et européen, sous un portrait géant de l'ex-président (1995-2007).
Le soir encore, ils étaient encore nombreux à patienter, abrités sous un parapluie. S'il le faut, l'Hôtel des Invalides restait ouvert toute la nuit, jusqu'à 07h00 maximum, afin de laisser un peu de temps pour préparer l'hommage privé qui y aura lieu lundi matin 30 septembre pour la famille, a indiqué l'Élysée.
"C'est un moment très fort", "bouleversant", et "de là où il est, je pense qu'il doit être extrêmement ému et heureux", a déclaré devant la presse Claude Chirac, venue "dire merci" en fin de journée aux Invalides, au sujet de son père.
"Ma mère est très très réconfortée en ayant vu ces images cet après-midi", a-t-elle ajouté au sujet de Bernadette Chirac, elle-même très affaiblie et qui n'est pas apparue publiquement depuis le décès de son époux jeudi 26 septembre à leur domicile parisien.
Aux Invalides, les Français et même des personnes venues de l'étranger se sont succédé devant le cercueil, certains venus en chaise roulante et même allongés sur un brancard. Ont défilé des militants, des politiques comme Philippe Douste-Blazy et Alain Madelin, mais aussi des citoyens de tous âges comme Marin Menzin et Cyprien Lemaire, étudiants de 21 et 22 ans, venus pour "le président de (leur) enfance".
"Il aurait vu la queue aujourd'hui, il se serait jeté dans la foule pour serrer des mains", a souligné le premier.
"Tolérance"
Ils ont parfois fait le voyage de loin, comme Elouma Bokilo, 44 ans, arrivée spécialement de Belgique et vantant "la tolérance, l'attention aux autres" du président défunt.
"Nous avons tous quelque chose de Jacques Chirac", a lancé à distance le Premier ministre Édouard Philippe, à l'université du MoDem dans le Morbihan, empruntant là une expression de Johnny Hallyday, ami de l'ancien président et dernière personnalité à avoir été saluée ainsi par la foule lors de ses obsèques en 2017.
Député, maire de Paris, plusieurs fois ministre et Premier ministre puis deux fois élu président de la République, Jacques Chirac a été l'un des principaux acteurs de la droite, depuis la fin des années 60 jusqu'au milieu des années 2000.
Devenu de plus en plus populaire au fil du temps qui passait et l'éloignait du pouvoir, il est désormais considéré par les Français comme le meilleur président de la Ve République, à égalité avec Charles de Gaulle, selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, qui enregistre un bond de sa cote.
Des gens passent devant le cercueil de l'ancien président Jacques Chirac à la cathédrale Saint-Louis des Invalides, le 29 septembre à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Une journée de deuil national suivra lundi 30 septembre. Un service solennel présidé par Emmanuel Macron sera rendu à 12h00 en l'église Saint-Sulpice à Paris, en présence des anciens présidents François Hollande, Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d'Estaing.
L'assistance sera à la mesure de l'afflux de messages parvenus du monde entier depuis jeudi midi 26 septembre : environ 80 personnalités étrangères, chefs d'État et de gouvernement, anciens dirigeants et membres de famille royales, seront présents.
Les présences du président Vladimir Poutine, du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, des présidents italien Sergio Mattarella et congolais Denis Sassou Nguesso, de la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, ainsi que celle des Premiers ministres libanais Saad Hariri et hongrois Viktor Orban avaient déjà été annoncées samedi 28 septembre.
L'Élysée a également annoncé la venue de l'ex-président des États-Unis, Bill Clinton (1993-2001), et de l'Afghanistan, Hamid Karzai (2001-2014) ainsi que celles du roi de Jordanie, Abdallah, et de l'émir du Qatar, Tamim Bin Hamad Al-Thani.
Le roi du Maroc Mohammed VI sera absent pour cause de maladie et sera représenté par le prince héritier Moulay El Hassan, a fait savoir dimanche 29 septembre le cabinet royal.
Dernier hommage
La classe politique française devrait également être largement représentée. La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a cependant renoncé à s'y rendre, après les réserves de la famille Chirac sur sa présence. "C'est avec regret que nous prenons acte du refus de la famille Chirac de respecter les usages républicains", a écrit Mme Le Pen sur Twitter.
Un hommage particulier sera également rendu à l'ex-président le week-end des 5 et 6 octobre en Corrèze, sa terre d'élection.
Samedi soir 28 septembre, l'Élysée a fermé ses portes après trois jours d'accueil du public, qui a signé des registres de condoléances. Ceux-ci sont également ouverts aux Invalides dimanche 29 septembre.
Les Français pourront rendre un dernier hommage lundi 30 septembre à Jacques Chirac sur le trajet du convoi funéraire jusqu'à l'église Saint-Sulpice.
L'ex-chef de l'État, malade depuis de longues années, s'est éteint "très paisiblement, sans souffrir". Selon le souhait de son épouse, il sera inhumé lundi après-midi 30 septembre au cimetière du Montparnasse dans le caveau où repose déjà leur fille aînée Laurence, décédée en 2016.