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Des membres des services de santé camerounais lors d'un événement sportif, le 11 octobre 2014 à Yaounde. |
"Avant la mise en place de la plateforme de dépistage, la procédure conventionnelle nous obligeait à envoyer les échantillons de sang dans un laboratoire de référence. Le retour des résultats pouvait prendre plus d'un mois. Désormais, on peut avoir un résultat en moins d'une heure de temps", explique Florence Che Labah, du laboratoire de l'hôpital.
Seuls deux hôpitaux à Yaoundé disposent depuis décembre 2016 d'une plateforme de dépistage rapide, financée conjointement par les organisations américaines Unitaid et EGPAF (Elizabeth Glaser Pediatric AIDS Foundation).
La laboratoire portatif Alere Q permet d'établir un diagnostic rapide chez les enfants de moins de 18 mois, qui portent encore les anticorps du VIH transmis par leur mère.
Assise dans son bureau encombré de dossiers du sol au plafond, Marie Jacqueline Tanga, du service de pédiatrie, énumère les bénéfices du dépistage rapide. "Avant, les mamans étaient très inquiètes. Certaines nous appelaient presque tous les jours pour savoir si les résultats étaient arrivés", explique-t-elle.
La lenteur du processus entravait aussi le suivi des patientes : "certaines ne revenaient jamais chercher les résultats de leur enfant", confie-t-elle. Une situation lourde de conséquences, puisque le taux de mortalité des nourrissons exposés au VIH est de 25% la première année.
Au centre mère-enfant de la Fondation Chantal Biya - épouse du président camerounais Paul Biya - une plateforme de test portative GeneXpert a également été installée en décembre. Ici, 247 nourrissons ont pu être dépistés au point de service entre décembre et juin, dont 40 étaient positifs.
À l'hôpital Cité Verte, 102 tests ont été effectués sur la même période et un seul s'est avéré positif.
« Des progrès »
Avec un taux de prévalence moyen de 5,75% chez les femmes enceintes en 2016, le Cameroun fait partie des dix pays qui contribuent à 75% aux nouvelles infections pédiatriques dans le monde, alors que se déroule à Paris depuis dimanche 23 juillet et jusqu'à mercredi 26 juillet une conférence internationale de recherche sur le sida.
"Nous voyons des progrès dans la prévention de la transmission de la mère à l'enfant", assure pourtant Thérèse Nduwimana, responsable de la section VIH pour l'UNICEF Cameroun.
Un test de dépistage est proposé systématiquement aux femmes qui se rendent en consultation prénatale, et "79% de celles qui sont dépistées séropositives sont placées sous traitement durant leur grossesse. Leurs enfants bénéficient de la prophylaxie dès la naissance".
Pourtant, au moins 17% des femmes attendues ne se présentent pas en consultation pré-natale, et 12% refusent le test. Elles sont aussi nombreuses à accoucher chez elles, particulièrement dans les zones rurales, faute de personnel ou de structure médicale de proximité.
"Il existe d'autres portes d'entrées qui permettent de repérer et de prendre en charge les enfants, même si leur mère n'a pas été dépistée durant sa grossesse", indique Pierrette Omgba, majore du service pédiatrique de l'hôpital Cité Verte. "Parfois, les mamans et leurs bébés sont identifiés aux urgences. On peut leur proposer un test sur place et les mettre immédiatement sous traitement si besoin", souligne-t-elle.
Avec un budget de 63 millions de dollars répartis sur quatre ans, le projet Unitaid/EGPAF vise à développer le dépistage précoce du VIH dans neuf pays africains (Cameroun, Côte d'Ivoire, Kenya, Lesotho, Mozambique, Rwanda, Swaziland, Zambie et Zimbabwe), notamment grâce à l'achat de 476 nouvelles machines de dépistage aux points d'offre de service.