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Sur le papier, un vélo à Moscou, c'est comme une barque dans le désert. "Moscou n'est pas une ville facile pour les cyclistes", explique Louisa, 30 ans, en énumérant ses principaux désavantages : de la neige six mois par an, d'immenses artères qu'on ne peut traverser que par de longs souterrains et un trafic routier dangereux avec des automobilistes sans grande considération pour les cyclistes.
Une jeune femme participe à une parade cyliste à Moscou le 28 mai 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Chaque jour, Louisa, qui travaille dans la finance, enfourche son vélo vert pastel et parcourt plus de cinq kilomètres sur des routes très fréquentées, sans piste cyclable, été comme hiver. "Quand il neige, je mets simplement des gants un peu plus chauds", raconte à l'AFP celle qui pédale même par -27 degrés.
Afin d'encourager les Moscovites à l'imiter, elle a créé un compte Instagram (@luizinbike2.0) suivi par plus de 5.400 personnes. Régulièrement interrogée par les médias russes, elle est devenue malgré elle une "ambassadrice" du cyclisme. "Mon rêve c'est que les cyclistes deviennent la norme et qu'on ne me voit plus comme quelqu'un qui a du courage", dit-elle.
"De plus en plus de gens voudraient utiliser leur vélo mais ils ont très peur des voitures : ici, on n'apprend pas aux automobilistes à partager la route avec les cyclistes", regrette Louisa, qui roule toutefois sans casque. Moscou, avec ses 12 millions d'habitants, "est une ville créée pour les voitures", juge-t-elle.
Investissements
Depuis quelques années, la mairie de Moscou investit pour contrer cette image et développer le cyclisme, un projet mené de pair avec le renouvellement accéléré de ses infrastructures urbaines en vue de la Coupe du monde de football que la Russie accueille en 2018. "La demande de pistes cyclables vient de la population, elle est très forte et constante", assure à l'AFP Alexeï Mitiaïev, chargé des infrastructures cyclistes auprès du département municipal de transport de la capitale russe.
Avec le soutien du maire Sergueï Sobianine, M. Mitiaïev, lui-même cycliste, a lancé en 2014 "VeloBike", un système de vélos partagés sur le modèle des "Vélibs" à Paris ou des "Santander cycles" à Londres.
Pour 30 roubles (0,50 euro) le trajet, ou 150 roubles (2,40 euros) la journée, les Moscovites peuvent louer de simples bicyclettes, mais aussi des vélos électriques.
Les premières années de Velobike, 80% des trajets étaient offerts, afin de fidéliser les utilisateurs. Une méthode qui a porté ses fruits : les adeptes de Velobike étaient quatre fois plus nombreux en 2016 (196.000) qu'en 2014 (47.900). Au total, la mairie dépense 150 millions de roubles (2,40 millions d'euros) par an pour ce système de vélos partagés, qui compte 330 stations et 3.200 vélos.
En parallèle, la mairie développe les pistes cyclables, dont la longueur a quadruplé : 203 km aujourd'hui - dont 133 dans des parcs - contre 52 km en 2012. Une augmentation fulgurante, mais à relativiser, car Moscou est parti de zéro et reste loin derrière les 400 km d'Amsterdam et les 740 km de Paris, des villes pourtant bien plus petites que la capitale russe.
"Moscou ne sera peut-être jamais une capitale du vélo comme Amsterdam, mais nous espérons que pédaler y sera de plus en plus agréable", promet Alexeï Mitiaïev sur son vélo.
Pourtant, les cyclistes constatent que les travaux gigantesques menés à Moscou depuis 2015, n'incluent pas la construction de nouvelles pistes cyclables, malgré les promesses municipales. Il n'y a pas de chiffres connus d'accidents impliquant des cyclistes. Mais pas plus tard que le 5 juin, un député moscovite, Vladimir Baouchev, a été tué par une voiture alors qu'il roulait à bicyclette sur une route.
AFP/VNA/CVN