Attentat de Stockholm : un Ouzbek radicalisé sur le banc des accusés

Comme à Nice et Berlin, il avait foncé sur la foule au volant d'un camion : un demandeur d'asile ouzbek est jugé à partir de mardi 13 février à Stockholm, accusé d'avoir tué cinq passants l'an dernier.

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Rakhmat Akilov avait prêté allégeance au groupe État islamique (EI) la veille de la tragédie, mais l'organisation jihadiste n'a jamais revendiqué cette attaque perpétrée au cœur d'une ville parmi les plus sûres d'Europe.

Un policier sur le site de l'attaque au camion-bélier le 8 avril 2017 à Stockholm.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le vendredi 7 avril 2017, il avait lancé un camion de livraison volé à près de 90 km/h dans une rue piétonne et commerçante très fréquentée de Stockholm et à une heure d'affluence, faisant cinq morts et 10 blessés.

Le camion avait fini sa course dans la vitrine d'un grand magasin. Au lieu d'exploser, les bouteilles de gaz disposées dans la cabine pour faire un maximum de victimes s'étaient enflammées, n'occasionnant que des dégâts matériels.

L'accusé avait été arrêté quelques heures plus tard dans l'agglomération stockholmoise. Il avait reconnu les faits en garde à vue.

Selon l'acte d'accusation, Rakhmat Akilov, né en 1978, voulait "contraindre la Suède à mettre fin à ses activités de formation au sein de la coalition internationale contre l’État islamique en Irak".

Son procès s'ouvre dans un contexte de pré-campagne pour les législatives de septembre dont la sécurité, les moyens donnés à la police et l'intégration seront les principaux enjeux, devant l'éducation et la santé.

"Les Suédois veulent se sentir en sécurité", explique Toivo Sjörén, directeur de l'institut d'opinion Kantar Sifo.

Alcool et stupéfiants

Les débats qui se tiendront sous haute sécurité au tribunal de Stockholm doivent permettre de mieux cerner la personnalité de l'accusé qui s'exprimera à partir du 20 février, avant le verdict prévu pour juin.

Le ministère public dresse de ce travailleur clandestin esseulé, consommateur d'alcool et de stupéfiants, le portrait d'un homme sans réseau, radicalisé peu avant son entreprise meurtrière. Les policiers continuent néanmoins leurs investigations pour identifier ses contacts et d'éventuelles complicités.

L'enquête a révélé l'existence de discussions remontant au moins à janvier 2017 sur des messageries dans lesquelles l'accusé indique à divers interlocuteurs, non identifiés, ses intentions.

Parmi les parties civiles, Irina Zamanova, une Ukrainienne de 38 ans grièvement blessée, qui porte une prothèse à la jambe droite après une amputation.

"Tous les matins, je me lève avec l'idée que j'étais en bonne santé, que j'étais capable de travailler. Je ne comptais que sur moi-même et maintenant, je dépends d'allocations, de l'aide que les gens peuvent m'apporter", a-t-elle raconté.

Arrivé au début de la vague des grandes migrations en 2014, Rakhmat Akilov s'est vu débouté de sa demande de permis de séjour en juin 2016. Il est ensuite entré en clandestinité pour éviter son expulsion.

La police ouzbèke l'a accusé d'avoir tenté de rejoindre l'EI en Syrie via la Turquie en 2015. Aucune preuve n'est venue confirmer ces allégations.

Et selon Magnus Ranstorp, un expert du terrorisme, l'Ouzbékistan n'a jamais alerté la Suède comme il le prétend. "Je ne crois pas que le gouvernement ouzbek ait donné des renseignements sur [...] Akilov aux services suédois", indique-t-il .

Père de quatre enfants, Rakhmat Akilov vivait seul en Suède, sans sa famille restée en Ouzbékistan.

Vague d'attaques au véhicule-bélier

La Suède n'avait jusque-là été visée qu'une seule fois par un attentat : en décembre 2010 un homme avait mené une attaque suicide à la bombe, dans le centre de Stockholm. Il avait légèrement blessé des passants.

Depuis octobre 2010, la menace terroriste en Suède reste "élevée", au niveau 3 sur une échelle de 5. Elle était montée d'un cran après les attentats du 13 novembre en France.

Les services de sécurité suédois (Säpo) redoutent en particulier le retour des jeunes partis en Syrie.

Selon la Säpo, quelque 300 personnes ont quitté la Suède pour rejoindre les rangs de groupes jihadistes en Syrie et en Irak depuis 2012. Environ 140 sont revenues et "une cinquantaine" ont été tuées.

Avant Stockholm, les villes de Berlin ou Londres ont été la cible d'attaques similaires au véhicule-bélier.

L'attaque la plus mortelle de ce type ces derniers mois en Europe est celle de Nice du 14 juillet 2016, lorsqu'un camion a foncé dans la foule qui venait d'assister aux feux d'artifice de la fête nationale en France. L'attentat, revendiqué par l'EI, avait fait 86 morts.

AFP/VNA/CVN

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