Attentat de Berlin : les autorités sous le feu des critiques

Les autorités allemandes faisaient face le 22 décembre à une polémique croissante au sujet des dysfonctionnements qui ont permis au suspect tunisien de l'attentat au camion-bélier à Berlin d'échapper à la police alors qu'il était connu comme islamiste dangereux.

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Installation d'un bloc anti-intrusion près de l'église du Souvenir pour sécuriser le marché de Noël le 22 décembre à Berlin

"Ce n'est pas comme cela que nous allons garantir la sécurité de l'Allemagne", a dénoncé l'un des responsables du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel (CDU), Armin Laschet, à propos des failles ayant empêché l'arrestation ou l'expulsion d'Anis Amri. "Les informations que nous avons sur la manière dont les autorités ont travaillé sont choquantes", a-t-il ajouté sur la radio publique.

Une chasse à l'homme à l'échelle européenne est en cours contre Anis Amri, un demandeur d'asile débouté de 24 ans, depuis que la justice allemande a lancé un mandat d'arrêt sur tout le continent, plus de deux jours après l'attentat qui a fait 12 morts sur un marché de Noël de Berlin. L'acte a été revendiqué par le groupe État islamique (EI).

Six victimes sont allemandes. Une septième a été identifiée comme étant une ressortissante israélienne, ont annoncé les autorités de son pays le 22 décembre.

Dysfonctionnements en série

Aux critiques récurrentes concernant sa politique d'accueil généreuse des réfugiés en Allemagne, Angela Merkel doit maintenant affronter une controverse sur les dysfonctionnement des autorités à tous les échelons au sujet de la surveillance du principal suspect recherché par toutes les polices du pays.

Le cas Anis Amri met en évidence les lacunes du système en place "comme si on regardait à la loupe", a lancé un autre membre de la famille politique de la chancelière, Stephan Mayer.

La police a d'abord perdu du temps avant de concentrer ses recherches sur le Tunisien, alors qu'un document d'identité le concernant a été découvert rapidement dans le poids lourd meurtrier. Les enquêteurs se sont en effet d'abord focalisés sur un suspect pakistanais, finalement mis hors de cause.

Anis Amri était pourtant bien connu de la police. Pendant l'essentiel de l'année, il a fait l'objet d'une surveillance, notamment à Berlin où on le soupçonnait de préparer un cambriolage pour financer l'achat d'armes automatiques et un attentat. L'enquête a été abandonnée par le parquet en septembre faute d'éléments probants. Sa demande d'asile a par ailleurs aussi été rejetée mais son expulsion a été bloquée par son pays d'origine.

Et selon le New York Times, il était également connu des autorités américaines pour avoir au moins une fois été en contact avec l'EI et avoir fait des recherches sur internet afin de fabriquer des explosifs.

Malgré cette longue liste de suspicions, il a été laissé en liberté par manque de preuve ou, semble-t-il, de coordination entre les différentes administrations. L'homme était en lien des mois durant avec la mouvance salafiste et à des prédicateurs de la guerre sainte bien connus.

Montage de portraits fourni le 19 décembre par la police allemande du Tunisien Anis Amri, suspecté d'avoir commis l'attentat au camion-bélier à Berlin.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Échec dans la procédure d'expulsion", titre en Une le 22 décembre le quotidien populaire Bild, plus gros tirage d'Allemagne, alors que le conservateur Die Welt parle de "bavures".

"Les autorités l'avaient dans le viseur et il a quand même réussi à disparaître", s'étonne le magazine Der Spiegel sur son site.

Pour le journal Darmstädter Echo, l'un des problèmes est la multiplication dans un État fédéral des échelons de pouvoir et des autorités.

"Pourquoi une personne comme (elle) a pu jouer au chat et à la souris avec les autorités chargée de son expulsion?", demande le quotidien. "Le fédéralisme, s'il n'est pas conscient de ses problèmes inhérents, représente un risque pour la sécurité".

Réouverture du marché de Noël

Trois jours après l'attaque au camion-bélier, la police semble n'avoir aucune idée du lieu où il peut se cacher. Une récompense de 100.000 euros est même proposée. Le fugitif, probablement armé, "a pris le large", pronostique un enquêteur sous couvert d'anonymat dans le quotidien Die Welt.

Le 22 décembre, une centaine de policiers ont mené une seconde perquisition, après celle du 21 décembre, dans un foyer de réfugiés dans l'Ouest de l'Allemagne, à Emmerich, où l'homme a séjourné il y a quelques mois, selon l'agence allemande DPA. Le soir du 21 décembre, deux appartements ont été fouillés à Berlin, là encore en vain.

Malgré tout, un semblant de normalité reprenait ses droits à Berlin. La police a autorisé la réouverture du marché de Noël en fin de matinée. "Cette décision n'a pas été facile à prendre dans une telle situation", ont expliqué les responsables du marché.

Par respect pour les victimes, les illuminations ainsi que les concerts seront interdits. Deux plaques en mémoire des victimes vont également être déposées. La veille la principale équipe de football de la ville, le Herta Berlin, était venue se recueillir sur les lieux en formant un cercle.

AFP/VNA/CVN

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